Méta-Baron tome 4 : Simak le Transhumain
Dernière parution en date dans la série Méta-Baron, ce quatrième tome est conçu comme la conclusion d'un cycle, de la même façon que l'était le deuxième...
Résumé :
Le Méta-Baron, qui avait introduit à bord de son bunker spatial toute une troupe de prostituées, a commis l'erreur d'y faire entrer nuls autres qu'Orne-8, la fille cachée du Techno-Pape, et Simak le Transhumain, tous deux en mission pour l'éliminer. L'explosion d'une bombe à bord du Méta-Bunker l'endommage - ce que nul ennemi n'avait jamais réussi à faire - et blesse son propriétaire qui va devoir désormais porter un bras mécanique, involontaire concession à la tradition de sa caste qu'il a pourtant reniée... Orne-8 a survécu : désormais l'ennemie de la techno-civilisation, elle s'apprête à filer le parfait amour avec le Méta-Baron, et à contempler avec lui la destruction de l'univers. Mais voilà qu'elle se découvre enceinte par les oeuvres de son amant et, ne voulant pas la mort de son enfant à naître - que ce soit au moment de la destruction de l'univers ou par la cruauté de la tradition méta-baronique - elle s'enfuit en compagnie de Simak, afin de trouver refuge auprès de son père et, peut-être, conjurer la fin de l'univers. Car le Méta-Baron a trouvé un indice : la contraction universelle est liée à la disparition de l'épiphyte... et il existe peut-être une solution dans l'autre dimension d'où celle-ci est originaire. L'amour qu'Orne-8 porte au Méta-Baron survivra-t-il à la nouvelle quête que celui-ci s'est donné ?
On retrouve avec plaisir le dessin orienté comics de Niko Henrichon, osant plus de scènes dantesques dans la veine hénaurme de l'univers du Méta-Baron, sans toutefois s'interdire des cases et images plus contemplatives. Le trait est soigné, les expressions des personnages crédibles, et les décors sont très réussis : je crois que, pour la première fois depuis Moebius, on tient ici un dessinateur à la hauteur de l'ambition de l'Incaliverse : croisement subtil entre le vieux fond dunien jamais oublié par Jodo et le space-opera épique, d'Hamilton à Star Wars en passant par Valérian... Et cela marche.
Quand à l'intrigue, il suffira de rappeler ici que le Méta-Baron et Orne-8 ont affaire à la fin de l'univers, et rien de moins. Si le premier des deux joue son rôle de Méta-Baron - et se fout donc un peu de ce qu'il se produit autour de lui, écrasé par un destin qu'il n'a jamais choisi - la deuxième est quand à elle bien plus concernée, non par son propre avenir mais bel et bien par celui de l'enfant qu'elle porte en elle. Thème dunien, sans aucun doute, que celui de l'atavisme mammifère y compris au plus lointain d'un futur où l'espèce humaine est en cours d'évolution vers la post-humanité. Mais cette post-humanité, quelle est-elle ? Se trouve-t-elle au bout du chemin où le Méta-Baron est allé au plus loin, celui de la symbiose homme-machine, et sur lequel s'engage la techno-civilisation périmée ? Le transhumain Simak, est-il bien le premier-né d'une espèce humaine aussi neuve que supérieure, ou bien n'est-il qu'une aberration ? Les questions soulevées par cet album divertissant sont plus profondes qu'il y paraît : on sait le goût de Jodo pour la spiritualité et les mystères de l'inconscient. S'accomplir en tant que post-humain, chez Jodo, c'est avant tout prendre conscience de sa propre humanité : c'est toute la leçon apprise et délivrée par John Difool, médiocre héros de L'Incal ! Et force est de constater que le Méta-Baron semble changer de chemin, au profit de celui que Difool empruntait bien malgré lui dans la série fondatrice de l'Incaliverse...
Il est par conséquent clair que les auteurs de cette nouvelle série semblent vouloir s'échapper de la mythologie méta-baronique pour en revenir aux axiomes de l'Incaliverse : il s'agit d'une excellente nouvelle, et je suis par conséquent impatient de voir si les promesses immenses faites par ces quatre premiers albums seront tenues !
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