Kick-Ass
Le genre "film de super-héros" fait-il partie de la SF ? J'ai envie de dire que oui. Par définition, le super-héros est un type aux talents pas ordinaires, que l'on ne rencontre pas dans la vie de tous les jours. Après, lesdits talents peuvent être liés à des gadgets ou à des pouvoirs paranormaux, mais peu importe : le personnage se trouve, d'une façon ou d'une autre, sur la frontière (voire même parfois au-delà) entre l'humain et le surhumain... Mais que dire, alors, d'un film où le personnage principal joue au super-héros, et finit par en devenir un à force de réaliser des exploits ? Ben oui, c'est aussi de la SF, mais pour des raisons si tordues que ça doit être bien d'autres choses en même temps.
Résumé :
Dave est un teenager aussi normal que peut l'être un adolescent américain de son âge vivant à notre époque. Obsédé par les seins de sa prof de lettres, sources de fantasmes érotiques inépuisables. Incapable de parler aux filles, celles de son âge. Foireux devant les caïds qui le rackettent. Et l'esprit pourri par les comics de super-héros. Mais ce brave benêt a bon fond : il aimerait bien que les gens veillent les uns sur les autres, tout comme les super-héros de ses chers comics veillent sur des villes décadentes où ils défendent la veuve et l'orphelin. Il décide un jour de franchir le pas et devient Kick-Ass, le premier super-héros du monde réel, chargé de défendre le bon droit dissimulé derrière son costume (une combinaison de plongée vert et jaune) à l'aide de ses armes redoutables (une puis deux matraques, avec un taser pour les coups durs). Sa première mission manque de très mal se terminer mais ne le détourne pas de sa vocation : quelques mois d'hôpital plus tard, il parvient à empêcher une agression sous le regard de plusieurs témoins. C'est le début de la célébrité pour Kick-Ass... Mais ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il existe d'autres super-héros en ville. Un duo bien allumé constitué d'un ancien policier allié à sa fille âgée de onze ans, Big Daddy et Hit Girl, poursuit une vendetta personnelle et très discrète contre le parrain de la mafia locale, en massacrant ses hommes de main et en lui soustrayant des valises d'argent sale. Croyant tenir avec Kick-Ass le responsable de ses derniers échecs, le chef de la pègre n'a plus qu'une idée en tête : s'en débarrasser le plus vite possible...
Disons-le tout de suite, Kick-Ass ne fait pas dans la dentelle. Certaines scènes sont d'une rare violence. Surtout lorsque l'on considère le fait que c'est une petite fille qui est responsable de la plupart du déluge d'hémoglobine. La violence est très graphique (du genre : tu la sens ta jambe en moins ? dis, tu la sens ?) ce qui, d'une façon assez paradoxale, contribue à la décrédibiliser : plus on en voit et plus ça devient du comique gore. Car Kick-Ass est avant tout un film hilarant. Cela ne se prend pas au sérieux un seul instant et on rit du début jusqu'à la fin des ennuis de Dave qui parvient à se jeter dans des situations impossibles plus vite que la merde attire les mouches.
Le bon de l'affaire est que le film propose une véritable variété de personnages autour de Dave/Kick-Ass. Il y a tout d'abord le duo Big Daddy/Hit Girl : plus déjantés qu'eux, tu meurs, et leur relation d'affection toute entière orientée vers leur projet de vengeance est d'une cinglerie telle qu'on ne peut qu'en rire : le papa, tout de même, a transformé sa petite fille en véritable machine à tuer, lui offre des couteaux papillons pour son anniversaire et leur chaleureux logis est un véritable arsenal, que même dans une caserne il n'y a pas autant de munitions au mètre carré. Il y a aussi le gros méchant, parrain du crime organisé, spécialiste des arts martiaux, soutenu par une armée de tueurs à sang froid, allié à un flic corrompu et pourvu d'un fils tout aussi tordu que lui. Et Dave, dans cette histoire, parvient néanmoins à tirer son épingle du jeu et à exister, car c'est bel et bien lui le héros : c'est là toute la réussite du film, qui, en se concentrant un peu trop sur le personnage très charismatique de Hit Girl, par exemple, n'aurait jamais été qu'un navet comme on en voit trop.
Kick-Ass, c'est un film qui répond à de nombreux critères du film de super-héros. C'est de la SF déjantée. C'est une comédie gore. C'est violent, délirant, survolté, parfois émouvant, toujours ironique et con à souhait. En quelques mots, c'est un film jubilatoire, et à ce titre indispensable. Il paraît qu'une suite est prévue : c'est sûr que j'irai, dans l'espoir que ça soit encore mieux. Mais ça sera difficile.
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