CHERUB tome 1 : Cent jours en enfer
J'ai assez peu lu, dans mon enfance, les collections de la "Bibliothèque verte". Ma mère les voyait parfois d'un assez mauvais oeil, si bien que la plupart de ceux que j'ai eus entre les mains n'étaient pas à moi. J'aimais en particulier les romans d'Enid Blyton (j'ai appris des années après que c'était une femme). J'aimais aussi les "romans de collège" d'Anthony Buckeridge (la série des Bennett) et j'en ai d'ailleurs toujours un qui traîne sur les rayons de ma bibliothèque, jamais rendu depuis que je l'ai emprunté à l'un de mes cousins quand j'étais en Cinquième. Et puis je suis tombé pour de bon dans la SF et le reste est de l'Histoire... Jusqu'à ce que suite au battage médiatique autour des Harry Potter je me décide à me lancer à la découverte des bouquins qui, à ce que l'on racontait alors, amenaient à la lecture des gamins qui y étaient réfractaires. Je ne sais pas ce qu'il en est mais, dès le premier roman, j'ai été sensible à l'ambiance qui me rappelait un peu celle des Bennett, impression confirmée plus tard : les Harry Potter s'apparentent en effet au genre, semble-t-il très anglais, des "romans de collège".
J'ai parlé ici du premier tome de la série Henderson's boys de Robert Muchamore. D'après un article dans Télérama, cet auteur a écrit un grand nombre de romans qui amèneraient à la lecture des gamins qui y sont réfractaires. Tiens tiens, encore, me suis-je dit. Après avoir découvert le style particulier de cet auteur, j'ai eu envie d'y regarder de plus près, et je me suis lancé dans la série qui lui a permis de percer, à savoir, celle qui s'ouvre par CHERUB tome 1 : Cent jours en enfer.
Résumé :
James, onze ans, a une sale vie bien qu'il ne manque de rien. Sa mère, malade et obèse, est riche d'argent mal acquis, son beau-père le déteste et sa demi-soeur est un peu spéciale. Un jour, James blesse par accident l'une de ses camarades de classe, ce qui lui attire les attentions du grand frère de sa victime, une véritable brute qui le passe à tabac. Quelques heures plus tard, sa mère décède et il se retrouve orphelin, séparé de sa petite soeur. De mauvaises fréquentations dans l'institution où il se retrouve lui font prendre le chemin de la petite délinquance. C'est alors qu'une organisation secrète prend contact avec lui : CHERUB est une agence d'espionnage gouvernementale qui a pour particularité de n'utiliser que des adolescents âgés de dix à dix-sept ans. Les chefs de CHERUB s'intéressent à ses aptitudes et lui proposent d'intégrer l'organisation, mais pour cela, il devra faire ses preuves et surtout passer par la session d'entraînement de cent jours. James trouvera-t-il la motivation nécessaire pour supporter les cent jours en enfer qui le séparent de l'entrée définitive dans le service actif de CHERUB ?
La comparaison entre le premier tome de CHERUB et celui de Harry Potter s'impose. Dans les deux cas, on se trouve en présence d'un jeune héros en manque d'une famille d'une part, et qui découvre un monde inconnu plus intéressant que le vrai d'autre part. Deux thèmes qui sont des grands classiques de l'imaginaire de l'enfance. Dans Cent jours en enfer, le temps fictionnel se décompose en trois parties : découverte de CHERUB, session d'entraînement puis première mission de James. Parce que le jeune héros, bien entendu, va réussir à supporter les cent jours en enfer, sinon il n'y aurait pas d'histoire ! Les trois temps du roman s'enchaînent plutôt bien, d'une façon assez tonique. Le premier, assez dérangeant voire même glauque, permet d'entrer de plain-pied dans l'univers de la série. Le deuxième est assez original, un genre de Full Metal Jacket avec des pré-adolescents dans le rôle des engagés : en ce qui me concerne, j'ai beaucoup apprécié ce passage que j'ai trouvé très drôle, mais il est vrai que je suis un enseignant et que j'ai pu avoir ce genre de public devant moi. Même si dans l'ensemble j'adore mes élèves, j'ai fait mes délices de ces passages transgressifs et peu consensuels. Surtout celui où le jour de Noël, pendant que leurs amis se régalent au chaud, les candidats doivent faire des pompes en short à l'extérieur de la salle du banquet. Le troisième temps est moins innovateur, lorsque James doit infiltrer une communauté où se terrent des écoterroristes, mais contient néanmoins quelques passages où le héros s'interroge quant au bien-fondé de son action. Parce que, tout de même, les frontières entre ce qui est bien et ce qui est mal lui apparaissent très floues.
J'ai craint à un moment que Cent jours en enfer allait déraper dans le manichéisme. Entre la fondatrice de la communauté qui envisage de tout laisser tomber pour s'installer au Soleil avec le produit de la vente de son livre et la simple membre qui accepte d'héberger James et un autre agent contre monnaie sonnante et trébuchante, les quelques personnages incarnant une idéologie autre que celle de la raison d'Etat n'apparaissent pas très positifs. Surtout lorsqu'en face, CHERUB (et donc le jeune héros) travaillent à protéger des capitalistes de l'industrie pétrolière. Les interrogations de James sont donc très bienvenues et l'on peut espérer que les explications du directeur de l'organisation, assez fragmentaires, seront à même de faire un peu réfléchir à ce sujet les jeunes lecteurs.
CHERUB s'annonce donc comme une bonne série pour le jeune public. Je pense qu'il est possible de mettre sans risques ce premier tome entre les mains d'un enfant d'une dizaine d'années, mais prenez soin au minimum de le lire en diagonale au préalable. Et de rappeler au jeune lecteur que c'est de la fiction.
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