CHERUB tome 3 : Arizona Max
J'ai poursuivi ma lecture systématique de la série CHERUB. Les précédents compte-rendus sont disponibles ici mais, une fois de plus, au cas où vous ne souhaiteriez pas avoir à les relire pour comprendre celui-ci, voici les prérequis : CHERUB est une agence britannique d'espionnage dont tous les agents sont des enfants et des adolescents âgés de dix à dix-sept ans. Leur âge leur permet d'accomplir des missions très particulières (en général de l'infiltration) dans des conditions inaccessibles aux agents adultes. Ils sont surentraînés afin de compenser leur jeunesse. James Adams a été recruté à onze ans, peu après son entrée dans un orphelinat. Sur le campus de CHERUB, il s'est lié d'amitié avec un certain nombre d'agents. Sa petite soeur l'a rejoint quelques mois plus tard. Avec déjà deux dures missions réussies au compteur, malgré son jeune âge, James devient peu à peu l'agent le plus prometteur de l'organisation, et ce, bien qu'il ait quelques difficultés avec le respect des règles...
Résumé :
Une fois de plus, James et ses amis se font remarquer, mais cette fois-ci, c'est plus sérieux : ils n'ont rien trouvé de mieux que de rosser une bande d'adolescents plus âgés dans un bowling à l'extérieur du campus. Leurs chefs sont furieux et leur imposent des missions de recrutement dans des orphelinats pour les remettre dans le droit chemin. Dans le même temps, Lauren, la soeur de James, est en train d'achever la session d'entraînement, les fameux cent jours en enfer, qu'elle a dû recommencer après avoir agressé l'un des instructeurs quelques mois plus tôt. James a confiance dans les capacités de sa petite soeur. Cependant, le directeur du campus souhaite lui proposer une mission très dangereuse, pour laquelle il devrait travailler avec l'un des agents de CHERUB les plus réputés... Il s'agit cette fois-ci d'infiltrer une prison américaine afin de se lier d'amitié avec le fils d'une criminelle impliquée dans le trafic d'armes de guerre, puis de le faire évader pour remonter la piste d'armes volées. James, heureux d'échapper à la punition, accepte aussitôt la mission, et se réjouit d'apprendre qu'il pourra travailler en plus avec Lauren qui vient de réussir la session d'entraînement. Il ne sait pas encore que tout ne va pas se dérouler comme prévu, et que la vie de Lauren et la sienne vont être suspendues à un fil...
Le tonus de la série ne faiblit pas dans ce tome. Le personnage de James semble grandir, mais non mûrir, et on découvre un jeune adolescent peut-être un peu caricatural. Agissant avant de réfléchir. Plus intéressé par sa Playstation que par la pédagogie révolutionnaire des cours avancés du campus. Obsédé par les seins des filles. A l'humour évoluant dans le marigot méconnu qui sépare la maternelle du corps de garde. Et avec aussi quelques soucis quant à l'hygiène personnelle... Un peu trop caricatural pour être crédible sur la durée. On espère le voir changer, faute de quoi, il va finir par lasser.
Autour de lui, ses amis font parfois quelque peu caricaturaux. Les filles apparaissent comme très mûres, voire même adultes, par rapport aux garçons de leur âge. S'il est vrai que les filles en général, en Sixième et en Cinquième, ont un "petit quelque chose" d'adulte que les garçons du même âge n'ont pas encore, on n'en est tout de même pas non plus à une telle différence, et mon expérience d'enseignant montre bien que les filles, en magnitude, n'ont rien à envier aux garçons en termes de gamineries. Quant au seul garçon quelque peu "différent" (Kyle, qui a recruté James et qui est son meilleur ami), c'est-à-dire, celui qui ne pense pas qu'à s'amuser ou aux seins des filles, on a l'impression que l'auteur établit un lien de cause à effet entre ce comportement plus "mûr" et le fait qu'il soit homosexuel. Le fait qu'un roman pour le jeune public contienne un personnage d'homosexuel ne devrait poser de problème à personne. Nous sommes au XXIème siècle, nous sommes des personnes éduquées, vous savez comme moi que les homosexuels ne menacent pas notre société. Mais je trouve là encore un peu caricatural que ce personnage soit aussi le maniaque vestimentaire de service. Et que même par jeu il saisisse une occasion de passer la main au cul à James...
C'est un bouquin bien foutu, qui se dévore d'un bout à l'autre et d'un trait. L'intrigue est en effet fort bien menée, tournant à cent à l'heure, et avec des enjeux assez crédibles pour qu'on ne les questionne pas. Le trafic des armes, c'est maaaal (mais le commerce légal des armes de guerre, c'est maaaal aussi, et j'aurais bien aimé le lire quelque part). Mettre des gamins en tôle, c'est très mal, parce que c'est l'école du crime. La réalité de la surpopulation carcérale est fort bien exposée, un rappel de faits indéniables, et la cruauté du quartier des mineurs apparaît alors comme une simple et terrible conséquence de cette réalité. L'auteur évite dans le même temps de tomber dans le too much : vous aurez affaire à de la baston sévère avec tentative de meurtre en cellule, mais à aucune scène d'agression sexuelle. Après l'évasion, les personnages se lancent dans une véritable cavale où le danger apparaît soudain beaucoup moins net et donc bien plus inquiétant.
Mon impression est donc assez mitigée au sortir de cette lecture. Arizona Max est à la fois novateur et un peu caricatural. On se retrouve donc dans une histoire entraînante tout en ayant une sensation de "terrain connu". Sans doute ne faut-il pas chercher plus loin la raison pour laquelle cette série est, semble-t-il, plébicitée par le jeune public. Il n'empêche que je n'offrirais pas ces livres à n'importe quel gamin : lisez-les avant de les donner à vos enfants !
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