Spirou et Fantasio tome 51

Spirou, c'est l'un de ces personnages de BD que tout le monde doit connaître au moins de nom. C'est comme Tintin : on peut aimer ou ne pas aimer, on peut avoir lu quelques albums, beaucoup, pas du tout, mais on n'a pas le droit de dire que l'on ne sait pas qui c'est. La loi devrait, en tout cas, l'interdire. Les magazines de Spirou et Tintin firent les premières heures de gloire de la BD franco-belge. Si Tintin n'eut son magazine qu'après la Seconde Guerre Mondiale, Spirou eut le sien dès les années 1930. La concurrence entre les deux fut parfois rude et l'on imagine assez mal, de nos jours, qu'il pouvait y avoir des "clans" pro-Spirou et pro-Tintin dans les cours de récréation des années 50 et 60. Avec le développement de la BD adulte, puis le décès de Hergé en 1983, le magazine Tintin a fini par disparaître. Il est vrai que, sans la participation de son personnage éponyme, le magazine Tintin était mal parti... Alors que Spirou, dans le même temps, ayant déjà été pris en charge par différentes générations de dessinateurs, n'eut aucun problème à gérer les transitions entre époques. Tout au plus le jeune lecteur un peu attentif pourrait s'étonner, en lisant les premiers albums, de n'y trouver aucune trace de la technologie moderne dont les albums les plus récents font leur bonheur. Mais il est vrai que le trait de Franquin, l'un des premiers dessinateurs de Spirou, dispose à la fois d'une douceur et d'une précision qui le rendent intemporel et à même de séduire n'importe quel lecteur. Je me souviens d'avoir lu Le repaire de la murène quand j'étais en Sixième, parce que mon père me l'avait offert pour une raison toute bête : il avait lui-même eu cet album entre les mains au moment de sa parution... lorsqu'il avait mon âge.

Spirou est en fait un personnage que j'ai découvert puis redécouvert sur le tard. J'étais plutôt dans Tintin quand j'étais petit. Depuis quelques années, je suis avec plaisir les nouvelles parutions de tomes de Spirou et Fantasio, dont une série de "hors-série" s'est montrée pour le moins innovante. L'album dont je vais vous parler à présent est toutefois un album inséré dans la ligne chronologique de l'histoire de la série.

Résumé :
Comme souvent, tout commence au fond du laboratoire du Comte de Champignac, qui se livre à une expérience anodine : la mise au point d'une recette de chocolat chaud à base de champignon. Mais voilà que Zorglub débarque, et le Comte d'ordinaire si prudent est piégé par la fameuse zorglonde, cette invention démoniaque grâce à laquelle son meilleur adversaire parvient à contrôler la volonté... Qu'est-ce que l'anti-sympathique et gaffeur Zorglub vient chercher dans le laboratoire du Comte ? Appelés à l'aide par ce dernier une quinzaine de jours plus tard, Spirou et Fantasio découvrent que le village de Champignac est encerclé par des militaires : une contamination biologique semble à l'oeuvre. Parvenant à forcer le barrage, les deux héros découvrent une nature devenue aberrante où l'évolution des espèces est accélérée, vérifiant au passage toutes les hypothèses de Darwin mais affolant les gens et surtout les autorités qui envisagent de nettoyer la région à coups d'armes nucléaires ! Spirou et Fantasio parviendront-ils à empêcher le bombardement ? Que manigance Zorglub ? Et le pire des dangers, ne viendra-t-il pas de cette nouvelle espèce insensible à la zorglonde apparue grâce à l'évolution accélérée ?

Pour un retour à la série habituelle, c'est un très bon compromis. On retrouve avec bonheur quelques personnages familiers (Spirou, Fantasio, le Comte et Zorglub) associés à des personnages moins centraux qui apparaissent en guest-star et à deux jeunes suédoises inconnues au bataillon, mais desquelles viendra une solution à la fin de l'album... Les gags sont dans l'ensemble très bien trouvés. Les connaisseurs pourront même retrouver des citations d'albums plus anciens, la découverte de la nature anormale autour de Champignac évoquant volontiers le début de l'album Le Prisonnier du Bouddha (qui a pas loin de cinquante sinon soixante ans, la vache). Quelques trouvailles, en vrac : le savon passé par Spirou à Champignac et Zorglub en fin d'album ; un Spip toujours plus râleur ; enfin et surtout le constat un peu désabusé de Spirou sur la méthode employée pour rendre à Champignac son apparence première... L'album se termine sur une question restée ouverte et laisse à penser qu'il y aura une suite, là encore, en faisant un clin d'oeil à un album plus ancien, Z comme Zorglub : la filiation avec les albums de Franquin est reconnue et même revendiquée, pour notre bonheur.

Comme quoi, le personnage de Spirou et son univers ont pu traverser les années sans se démoder mais sans perdre leur identité, grâce à l'enthousiasme des bédéastes qui l'ont pris en charge...

Commentaires

Efelle a dit…
Je n'en ai pas relu depuis ma 5eme peut être suis je en tort ?
Par contre j'ai une nette préférence pour l'époque Franquin à quelques exceptions près, l'Ankou par exemple.
Anudar a dit…
Franquin était un génie de la BD. Il paraît que Hergé lui-même disait que Franquin faisait mieux que lui.

L'Ankou est un très bon Fournier. Du même, j'aime beaucoup Tora Torapa, aussi...