Interworld
Un roman SF pour le jeune public, découvert lors d'une récolte, mais non acheté alors parce que j'ai eu l'intention de le lire en VO. Il se peut donc bien que certains termes ou expressions ne correspondent pas à la traduction française : ne vous en étonnez donc pas si vous l'avez déjà lu...
Résumé :
Joey Harker mène une vie normale, sur Terre, à notre époque, lorsqu'il découvre par erreur qu'il est un Marcheur. Un Marcheur, c'est quelqu'un qui est capable de franchir d'un plan d'existence à un autre : en effet, les décisions majeures, celles qui entraînent des conséquences importantes, se traduisent par l'apparition de plusieurs mondes différents selon la décision prise... Et seul un Marcheur est capable de franchir les barrières intangibles entre les mondes. C'est une capacité très convoitée : alors que Joey, en bon adolescent paumé, cherche avant tout à rentrer chez lui pour se rendre compte que sa maison n'est plus la sienne, que sa mère a maintenant une prothèse cybernétique et que dans le monde qu'il découvre, il n'est plus un garçon mais bel et bien une fille, voilà que les représentants d'une culture machiniste hostile, les Binaires, ainsi que Lady Indigo (une sorcière aussi belle que vénéneuse, se mettent en tête de le capturer). Il faudra qu'un autre Marcheur, Jay, vienne le tirer de ce mauvais pas : aussi bien les Binaires que SORT (l'organisation à laquelle appartient Lady Indigo), réservent aux Marcheurs un destin très peu enviable puisqu'ils ont besoin de leur énergie vitale pour alimenter leurs engins transdimensionnels, sans lesquels ils ne peuvent étendre leur domination ! Par chance, Interworld, une alliance de Marcheurs libres, tente de garder l'équilibre entre la science et la magie dans l'Arc des Mondes... Joey se révèle peu à peu être un Marcheur d'exception : trouvera-t-il sa place à Interworld, parmi des myriades d'autres Marcheurs qui ne sont jamais que ses doubles venus d'autres dimensions ?
Je dois dire que j'ai trouvé ce roman palpitant. L'action s'enchaîne très bien tout en se divisant à peu près en trois tiers. Vient tout d'abord la fuite de Joey après sa première Marche, sa capture par Lady Indigo puis sa libération par Jay et son arrivée à Interworld. La course-poursuite est tonique même si assez classique. Les auteurs ont le bon goût de laisser à Joey la possibilité d'apprendre le minimum vital quant à l'Arc des Mondes, une conception dichotomique d'un multivers où, à un pôle, se trouvent les Terres ignorant tout de la magie, et où à l'autre se trouvent celles ignorant tout de la science. Conception assez originale que j'ai trouvée plaisante, d'autant plus que les auteurs prennent soin de situer la Terre de Joe (la nôtre ?) quelque part "vers le milieu de l'Arc", c'est-à-dire, là où les deux organisations adverses parviennent à s'opposer avec succès... La deuxième partie est plus tranquille et moins tonique. On se retrouve en fait dans un genre de Harry Potter où le héros, arrivé à Poudlard, doit apprendre comment maîtriser des matières tout à fait inconnues ainsi que faire ses preuves. Cela se termine toutefois plutôt mal car, lors d'une mission d'entraînement, quelque chose va mal tourner, remettant en cause la place de Joey à Interworld. La dernière partie, par contre, est une vraie réussite et même un feu d'artifice. Joey, revenu chez lui, va se rendre compte que sa place est bel et bien à Interworld et qu'il a un devoir envers ses amis capturés par SORT. Le moment va venir où il va devoir affronter de nouveau la redoutable Lady Indigo et même ses supérieurs. Comme on peut s'y attendre, ça ne va pas se passer comme ça, et entre les retrouvailles avec ses amis, les méchants qui font peur et leurs plans à faire tomber à l'eau, Joey ne va pas chômer.
J'ai apprécié aussi, en dehors de l'histoire qu'il est difficile de lâcher, le fait que pour une fois c'est un roman jeune public où les auteurs ne prennent pas le jeune public pour un public "simple d'esprit". Sans aller loin dans l'arrière-plan scientifique de leur univers multidimensionnel, il est clair qu'ils prennent la peine d'expliquer leurs concepts au lieu de les imposer : voilà une chose que je trouve très, très appréciable. La SF doit être sérieuse même et surtout pour le jeune public.
En fin de compte, un roman que je recommande à tout lecteur de SF amateur de lectures jeune public, ou qui aime coller de la SF entre les mains des enfants de son entourage (chose faite, en ce qui me concerne, puisque la traduction va être offerte à Noël à mon petit-cousin). Je pense au passage que les auteurs se sont ménagés la possibilité d'une ou plusieurs suites. Et j'avoue que je vais surveiller d'éventuelles nouvelles sorties...
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