Jour J tome 3 : Septembre rouge

Lu hier, voici ma critique du tome 3 de la série uchronique Jour J.

Résumé :
En 1914, l'Empire allemand a mené le plan Schlieffen à son terme. L'armée française a été vaincue à la bataille de la Marne, ouvrant la route de Paris alors qu'elle aurait dû la sceller, incapable de réaliser sa jonction avec le corps expéditionnaire britannique. Lequel a réembarqué vers les côtes anglaises tandis que le Président Poincaré signait l'acte de capitulation. La France était vaincue par l'Allemagne pour la deuxième fois en quarante ans. Mais dans le Sud, Clémenceau a décidé de poursuivre le combat. Embarquant des hommes de confiance et emmenant avec lui une partie de la flotte française, il franchit la Méditerranée pour continuer le combat depuis l'Afrique du Nord... En 1917, la situation va mal pour la France libre. L'armée d'Afrique n'est pas prête à la reconquête du territoire national occupé. Pour le moment, le status quo est maintenu en Méditerranée car la flotte française surveille les ports tenus par les Allemands à l'Ouest, tandis que la Russie bloque les détroits orientaux. Mais le Tsar, germanophile, veut faire la paix avec l'Empire allemand, laissant alors le champ libre à un assaut sur Alger, vassalisant la France pour de bon. Clémenceau comprend qu'il faut éliminer le Tsar de l'échiquier. Il décide alors d'envoyer l'un des anciens des fameuses Brigades du Tigre, le commissaire Blondin, pour une dangereuse mission en Russie. Blondin devra en effet accompagner l'anarchiste Bonnot pour mieux le surveiller - afin qu'il obéisse au mieux aux ordres de Clémenceau... Les deux hommes que tout sépare, l'anarchiste condamné au bagne et le policier qui est responsable de son arrestation, pourront-ils travailler ensemble ?
D'abord, la forme : le dessin est très classique, très ligne claire, et il n'y a aucune difficulté d'adaptation, même si un peu plus de fantaisie ou d'expressionnisme n'aurait sans doute rien gâché. Devant l'envergure de l'intrigue, les bédéastes ont choisi de diviser l'ensemble en deux épisodes et je critiquerai donc plus tard la suite, Octobre noir.

L'histoire qui nous est contée repose sur une uchronie tout à fait fondée. Lors de la bataille de la Marne, le sort de l'Europe a en effet été suspendu à un fil, et c'est sur une erreur stratégique de l'armée allemande que la route de Paris a pu être maintenue fermée. N'oublions pas que le gouvernement s'était replié à Bordeaux, ce qui prouve bien que le danger avait été compris à l'époque... Ici, la défaite de la Marne entraîne la capitulation et l'occupation de l'ensemble du territoire métropolitain. Un gouvernement fantoche est installé à Paris, gouvernement qu'un indice laisse imaginer monarchique. La France va mal, très mal, et devant les faiblesses du gouvernement républicain déplacé en Afrique du Nord par Clémenceau, la diplomatie de l'ombre et le coup fourré semblent encore la meilleure issue.

Le choix d'associer deux anciens ennemis pour accomplir la dangereuse mission d'éliminer un allié devenu trop peu sûr me semble une bonne trouvaille scénaristique. Il s'agit d'une idée à la fois excellente et périlleuse. Excellente, parce que les talents de Blondin et de Bonnot se complètent à merveille. Périlleuse, parce qu'ils se détestent et se méfient l'un de l'autre. On peut s'attendre à ce que l'épreuve du feu les rapproche tout de même, et cette évolution est déjà sensible à la fin de ce premier tome, alors que les deux compères sont encore en Suisse, et cherchent à rejoindre la Russie...

En fin de compte, un album assez convaincant, qui donne l'envie de lire la suite. A essayer !

Voir aussi l'avis de Petite Noisette.

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