Ptah Otep tome 1

Avant de commencer ma critique de ce livre, j'ai remarqué une bizarrerie : le titre est bel est bien Ptah Otep (du moins, pour l'édition dont je dispose, et qui a une couverture identique à celle que je présente ici), mais le personnage éponyme dans le livre s'appelle Ptah Hotep. Etonnant, non ? Par ailleurs, il s'agit d'un livre en souffrance dans ma PàL, et même, osons-le dire, oublié, depuis une bonne dizaine d'années...

Résumé :
Ptah Hotep est un jeune étudiant vivant dans la ville de Hagaptah, au pays de Hag. Il appartient à la noblesse de l'Empire et son nom complet le rattache à une multitude de traditions : s'il adore Râ, le Dieu-Soleil, il sait que ses ancêtres sont venus de la ville de Rûm. Dans Hagaptah, l'époque est propice aux plaisirs et à la tolérance religieuse. Les édifices païens côtoient ceux des Cruciens et des Mûsuls. Ptah Hotep partage sa vie entre l'étude et les soirées galantes chez Aset, une femme d'une rare beauté, une prostituée que tous désirent et que bien peu parviennent à conquérir. Hélas, tout bascule lorsque son père meurt dans des circonstances suspectes. Rappelé dans sa province, Ptah Hotep, devenu Duc régnant, laisse - écrasé de douleur - la gestion de ses biens et de ses troupes à des personnages malhonnêtes, ignorant qu'un complot se trame dans Hagaptah. Il va bientôt devoir fuir son pays comme un voleur, séparé de ses amis et surtout d'Aset...

Tout d'abord, une première justification quant à l'une des étiquettes employées ici : Ptah Otep se qualifie pour le Winter Time Travel car il s'agit d'une uchronie, même si le point de divergence est très, très difficile à identifier. A certaines allusions, j'ai cru comprendre que la divergence entre notre fil historique et celui de Ptah Otep serait intervenu au moment du choix de Constantin : au lieu de faire du christianisme la religion officielle de l'Empire romain, ici, Constantin aurait au contraire favorisé la "religion militaire" - en d'autres termes, le syncrétisme romain. Et il est vrai que les impréciations du personnage principal évoquent aussi bien Râ que l'Ourane (pour Ouranos, la divinité primordiale incarnant le ciel dans le panthéon grec) et l'Athénade. Un monde syncrétique où les apports plus tardifs du christianisme et de l'islam auraient été, eux-mêmes, intégrés ? Rien n'est moins sûr car deux lunes occupent le ciel de ce monde, et l'une d'entre elles serait apparue suite à une "guerre des dieux" laquelle est rattachée ni plus ni moins au déluge par l'évocation de l'arche de Noé...

Autant dire qu'à partir d'un moment, je me suis dit mais qu'est-ce que c'est que ce foutoir ? et j'ai renoncé à raccrocher cette uchronie à un point de divergence bien déterminé. Du reste, l'auteur, dans son avant-propos, nous explique se regarder "pas comme l'auteur de Ptah Hotep, mais comme le secrétaire de l'auteur". Aïe. Encore un qui s'y croit. Au passage, vous remarquerez que dans son avant-propos, il a soin d'écrire le titre du livre comme le nom du personnage... allez comprendre...

C'est donc un bouquin bien casse-gueule et sans doute prise de tête pour pas mal de monde. Je me suis surpris moi-même en parvenant à ne pas le laisser tomber, voire même à le lire avec plaisir - alors qu'il m'était tombé des mains il y a une dizaine d'années. Comme quoi mes goûts de lecteur ont dû mûrir. C'est un roman picaresque dans la tradition du Lazarillo de Tormès qu'il faut que je présente un jour prochain : les pérégrinations de Ptah Hotep à travers le monde, loin de son pays, sont la condition nécessaire à son évolution et au rachat de ses erreurs passées. Car le personnage a commis des erreurs et en commet encore. La religion, ou plutôt, les religions, vont apparaître peu à peu comme un élément de son salut.

Cette édition était divisée en deux tomes et je n'ai pas encore mis la main sur le deuxième. Je pense le chercher pour le lire, mais je ne sais pas si je le ferai avant la fin du Winter Time Travel, on verra bien. A tenter pour ceux qui ne sont rebutés ni par les styles ampoulés archaïsants ni par les histoires d'antic-fantasy...

Commentaires

Anonyme a dit…
Voilà une bien belle critique; Signé le Lillois incapable de payer sur une caisse automatique ;-)
Anudar a dit…
Bienvenue en ces lieux, Sidoine :) ! Alors c'est pour quand, l'ouverture de ton blog, afin que je puisse faire une rubrique copinage ?
Efelle a dit…
Lhisbei et moi même avons préparé une lecture commune pour courant mars, on verra bien ce que cela donne.
Anonyme a dit…
L'ouverture du blog est pour très bientôt (pour la fin de la semaine je pense).
Anonyme a dit…
Bonjour,
le roman "Ptah Hotep" a été réédité dans la collection Lunes d'encre chez Denoël, en un seul volume, en 2009.
Le véritable nom du livre est bien "Ptah Hotep", comme le montre la première édition (avant la reprise en Présence du Futur).
Anudar a dit…
Bienvenue Anonyme !
J'ai depuis hier le tome 2, dans une vieille édition de chez Présence du Futur (couverture verte) et en effet, le titre est bel et bien Ptah Hotep. Dont acte, et correction du TAG de l'article. Une telle erreur sur un titre est stupéfiante, je trouve, de la part de l'éditeur. D'autant plus que, dans des catalogues, à ma connaissance le livre était même parfois titré "Ptath Otep"... Faut le faire !
J'ai l'intention de lire la suite assez vite, on va dire... A bientôt donc !
El Jc a dit…
Belle chronique, même si l'ouvrage en question me laisse de marbre.