Millecrabe

Acheté lors du Salon de l'Imaginaire de Nogent-Sur-Oise il y a quelques semaines, j'avais fait entrer ce livre dans ma PàL avec la mention "urgent". Je viens de le finir après quelques jours de lecture intense.

Résumé :
La Fédération Européenne a remporté la Première Guerre Continentale, contre l'Empire de Chine, en 1920, entraînant l'effondrement d'une dynastie séculaire et contraignant son adversaire à lui restituer la Mongolie extérieure, perdue en 1880. Les années qui suivirent furent celles de l'insouciance. La famille Clermont, répandue aux quatre coins de la Fédération, se retrouve tous les ans à Pâques, sur l'île familiale de Millecrabe, en Mer Noire. Hélas, en Chine, le démagogue Xian Lo Chu, tirant parti du désespoir du petit peuple et mettant à profit le régime démocratique, est arrivé au pouvoir. Son programme est un véritable racisme institutionnalisé, proclamant la supériorité de la civilisation chinoise... En 1945, le gouvernement européen apprend avec stupeur que la Chine déclare la guerre à la Fédération. A Millecrabe où les Clermont fêtent Pâques, c'est l'effroi : nombre d'oncles et de cousins vont devoir prendre les armes pour défendre leur pays... A la tête de l'Etat, le Sénateur Edouard Meerxel-Clermont va être élu Président presque par hasard : il va lui incomber la grave mission de redresser la situation d'un pays au bord du désastre, alors que les armées chinoises traversent les plaines sibériennes et khazakes en direction de Kiev, la capitale fédérale...
Millecrabe est une uchronie très bien caractérisée. Au lieu de foncer vers le piège moscovite lors de la campagne de Russie, Napoléon a obliqué vers le Sud et l'Ukraine, passant l'Hiver dans un climat beaucoup plus favorable et permettant ainsi à la Grande Armée de défaire le Tsar au Printemps. L'Empereur a eu ainsi l'occasion de changer de paradigme politique, et de transformer ses conquêtes en Républiques associées, renonçant même à son titre. Se consolidant pendant le XIXème siècle, la nouvelle Europe, qui mord sur une bonne partie de l'Asie, devient une puissance d'envergure mondiale en lieu et place de la Grande-Bretagne qui, après avoir vu disparaître son empire colonial, se trouve contrainte à être remorquée par les Etats-Unis... Dans cet univers, les grands conflits se produisent pourtant à peu près de la même façon, et au même moment, que dans notre Histoire. Néanmoins, la Seconde Guerre Continentale commence à l'initiative de la Chine. En 1945, la Fédération Européenne se retrouve dans une situation comparable à celle de la France de 1940 : minée par le jeu des factions, affaiblie dans sa légitimité, mal préparée à une guerre moderne d'un point de vue stratégique. Par contre, l'immensité du territoire à conquérir rend la tâche complexe à l'envahisseur. D'autant plus que de fortes personnalités, du côté européen, vont venir, chacune à leur niveau, s'opposer à l'idéologie de l'envahisseur.

L'histoire est assez prenante à lire, même si elle est parfois un peu délayée par d'interminables monologues de certains personnages. L'auteur est de toute évidence passionné d'aviation, cela se lit, puisque l'un des points de vue adoptés n'est autre que celui d'un jeune pilote et que l'on a presque l'impression de suivre en même temps que lui sa formation... Je ne dirai pas que c'est rasoir, mais je pense que c'est de nature à décourager certains lecteurs, au moins. La meilleure trouvaille, c'est encore cette famille Clermont, issue de l'un des soldats de Napoléon, soldat dont le flair l'a conduit à fonder une véritable dynastie de serviteurs de la Fédération. Quant à l'uchronie en elle-même, je trouve dommage qu'elle soit soutenue par si peu de personnages historiques : seuls deux noms sont cités (en dehors de celui de Napoléon) et aucun des deux personnages concernés n'a fait son apparition, pour le moment (et je pense que pour l'un d'entre eux, en fait, on n'aura aucune chance de le voir).

Le gros point noir, et c'est curieux, c'est la forme de ce livre. Non pas que ça soit mal écrit, mais certaines phrases sont coupées d'une façon très surprenante, voire même bizarroïde ; quant à certains mots, ils présentent des fautes d'orthographe peu crédibles, du genre qui vous font dire "je rêve ?"... Et surtout à une fréquence qui ne laisse pas de place à l'excuse de la coquille d'imprimeur. Dites, les éditeurs, faudrait voir à changer de relecteurs. Ou bien à les payer mieux.

En fin de compte, une uchronie qui peut valoir le coup d'oeil, si vous acceptez les bouquins où l'action commence à la centième page (sur six cents et quelques). Il y a deux autres tomes qui suivent, je verrai si j'ai le temps de m'y plonger dedans avant la fin du Winter Time Travel, mais rien n'est moins sûr.

Commentaires

Guillaume44 a dit…
Celui-là j'y viendrai un de ces jours, j'ai vu les deux autres tomes sortis, très alléchant !
Anudar a dit…
Alléchant, oui, mais je ne suis pas sûr de me laisser tenter tout de suite.