D'Or et d'Emeraude
Voici ma chronique de lecture du roman de Eric Holstein, gagné dans le cadre du challenge Winter Time Travel du RSF Blog. A noter que mon co-gagnant, Eumène de Cardie, et moi-même avions décidé d'en réaliser une lecture commune. Je vous invite donc à consulter son propre blog pour lire sa chronique de lecture... Mais avant tout, merci à l'auteur pour sa dédicace anagrammique et bien sûr à Lhisbei du RSF Blog pour ce magnifique challenge !
Résumé :
Simon est un enfant de l'adoption internationale. Elevé en France, il est né en Colombie, un pays dont il ignore presque tout. Un jour, une dispute avec sa copine du moment l'incite à se rendre sur la terre de ses ancêtres. A Bogota, il découvre une culture empreinte de violence, où le mépris raciste des anciennes familles espagnoles pour les indigènes est toujours palpable. A la recherche de ses origines, Simon va être confronté, au sens propre du terme, aux mythes qui président à l'Histoire de sa nation... Qui était Bochica, le dieu barbu, premier civilisateur des indigènes de Colombie ?
On tient avec D'Or et d'Emeraude ce que l'on appelle un page-turner. Divisé en trois parties dont chacune adopte un point de vue différent (et ce tant du point de vue narratif qu'historique), c'est vers la fin de la deuxième que l'uchronie attendue se dégage peu à peu. L'intrusion d'une figure messianique dans l'époque de la conquête par les Espagnols bouleverse l'Histoire de la Colombie. Sugansua, en exploitant les croyances des Muiscas, parvient à vaincre la troupe de conquistadores commandée par Quesada et fonde ainsi un puissant Etat métis exploitant avec brio l'héritage espagnol.
Cette idée d'une uchronie où l'apport européen aux peuples amérindiens ne se ferait pas selon le mode destructif mais bel et bien sous la forme d'un choix volontaire et assumé apparaît, à mes yeux, comme l'une des bonnes idées de l'auteur. On a déjà bien trop lu d'uchronies où l'Histoire alternative apparaît comme une simple négation de l'Histoire scolaire pour ne pas se réjouir, pour une fois, de lire quelque chose d'un peu original. C'est peut-être pour cette raison qu'Eric Holstein s'ingénie à faire en sorte que son XXIème siècle uchronique nous reste compréhensible. La carte géopolitique du monde reste somme toute assez proche de la nôtre, et ce n'est pas la perpétuation de l'Union Soviétique, ou la splendeur avariée d'une France impériale aux mains d'un Bonaparte fin de race, qui cachent les appétits conquérants d'un capitalisme mondial dirigé par une Fédération américaine très semblable aux Etats-Unis que nous connaissons.
C'est à la fin de cette troisième partie que le bât blesse quelque peu. Dans sa recherche d'une mise en abyme, l'auteur en vient à négliger, à mon sens, le besoin de rationalisation que le lecteur peut ressentir (et que moi, en tout cas, j'ai ressenti). Faut-il voir, dans cette histoire qui repose en fait sur l'intrusion d'une transcendance magique et religieuse, un hommage au fantastique latino-américain si bien représenté par un Borges ? Toujours est-il que, sans avoir été déçu, je dois dire que j'ai peut-être trouvé D'Or et d'Emeraude un peu court ou, en tout cas, un peu rapide en besogne. Faire passer le statut du personnage de Beniño de celui de mage révolutionnaire mystérieux (dans la première partie) à celui d'universitaire quelque peu dépassé par l'intrusion de la magie dans son quotidien, tout en faisant opérer à Simon/Simeon le cheminement quasi inverse, m'a semblé un peu décevant.
Quoiqu'il en soit, une lecture plaisante. Je pense que je lirai d'autres livres d'Eric Holstein à l'avenir.
Lire aussi l'avis de Lhisbei du RSF Blog.
Cette idée d'une uchronie où l'apport européen aux peuples amérindiens ne se ferait pas selon le mode destructif mais bel et bien sous la forme d'un choix volontaire et assumé apparaît, à mes yeux, comme l'une des bonnes idées de l'auteur. On a déjà bien trop lu d'uchronies où l'Histoire alternative apparaît comme une simple négation de l'Histoire scolaire pour ne pas se réjouir, pour une fois, de lire quelque chose d'un peu original. C'est peut-être pour cette raison qu'Eric Holstein s'ingénie à faire en sorte que son XXIème siècle uchronique nous reste compréhensible. La carte géopolitique du monde reste somme toute assez proche de la nôtre, et ce n'est pas la perpétuation de l'Union Soviétique, ou la splendeur avariée d'une France impériale aux mains d'un Bonaparte fin de race, qui cachent les appétits conquérants d'un capitalisme mondial dirigé par une Fédération américaine très semblable aux Etats-Unis que nous connaissons.
C'est à la fin de cette troisième partie que le bât blesse quelque peu. Dans sa recherche d'une mise en abyme, l'auteur en vient à négliger, à mon sens, le besoin de rationalisation que le lecteur peut ressentir (et que moi, en tout cas, j'ai ressenti). Faut-il voir, dans cette histoire qui repose en fait sur l'intrusion d'une transcendance magique et religieuse, un hommage au fantastique latino-américain si bien représenté par un Borges ? Toujours est-il que, sans avoir été déçu, je dois dire que j'ai peut-être trouvé D'Or et d'Emeraude un peu court ou, en tout cas, un peu rapide en besogne. Faire passer le statut du personnage de Beniño de celui de mage révolutionnaire mystérieux (dans la première partie) à celui d'universitaire quelque peu dépassé par l'intrusion de la magie dans son quotidien, tout en faisant opérer à Simon/Simeon le cheminement quasi inverse, m'a semblé un peu décevant.
Quoiqu'il en soit, une lecture plaisante. Je pense que je lirai d'autres livres d'Eric Holstein à l'avenir.
Lire aussi l'avis de Lhisbei du RSF Blog.
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