Le défi Steampunk
Le steampunk, vous connaissez ? Mais si, ce genre de l'imaginaire où l'on se promène dans un univers ni à base de vaisseaux spatiaux dans une galaxie très lointaine dans un futur éloigné (ou un passé reculé), ni à base de rois et d'elfes dans des forêts d'un passé mythique ou parallèle... mais bel et bien à base de machines à vapeur (d'où le "steam" de steampunk) et d'une ambiance XIXème siècle (finissant ou non).
Les historiens parlent parfois du "long XIXème siècle" pour définir la période qui sépare 1789 de 1914. Il est vrai que, pendant cent vingt-cinq ans, le fonctionnement du monde occidental, et sa culture, présentent une véritable unité qui fait la soudure entre l'époque des Lumières et celle ouverte par le premier conflit mondial. Pendant cette époque, les villes européennes deviennent des villes modernes, Londres en particulier, la capitale du Royaume-Uni, servant de creuset puis de modèle aux transformations qui préparent l'Europe et le monde au XXème siècle. D'une certaine façon, l'organisation de nos villes actuelles dérive en droite ligne de principes sociaux apparus à cette époque, une organisation assez robuste et même efficace pour qu'elle perdure jusqu'au monde contemporain malgré l'irruption, dans l'intervalle, des deux conflits mondiaux. A ce titre, le XIXème siècle, âge de la jeunesse des villes occidentales modernes, représente un véritable "âge d'or" - et ce malgré les inégalités sociales flagrantes qui le caractérisent. Celles-ci sont, sans doute, à l'origine de l'augmentation du crime à l'ère moderne et en particulier du crime en série (le fameux Jack l'Eventreur, jamais identifié, n'est que l'un des premiers tueurs en série du monde moderne). Elles sont aussi l'élément initiateur des révolutions prolétariennes (à commencer par la Commune de Paris, écrasée en 1871).
La richesse de ce contexte historique, sa fertilité scientifique et culturelle, sont exploitées à l'heure actuelle par maints auteurs. On qualifie de steampunk toute oeuvre s'intéressant de près ou de loin à cette époque à présent éloignée. De près, si elle se produit pendant les cent vingt-cinq années du "long XIXème siècle". De loin, si elle ne fait que récupérer une "ambiance"... voire s'inscrire dans un contexte uchronique. La technologie de la machine à vapeur, supplantée au début du XXème siècle par celle du moteur à explosion, fascine en effet beaucoup les créateurs d'univers. Et si, disent-ils, notre monde actuel devait moins (pour une raison ou pour une autre) au pétrole et plus à la vapeur ? Gageons que, si notre air serait alors moins pollué, notre monde, autour de nous, serait aussi moins acharné à l'accélération du temps. Manquerions-nous pour autant d'ordinateurs ? Cela n'est pas certain. Même sans parler de la fameuse "machine à différences" de Charles Babbage, c'est aussi pendant le long siècle du "steam" que l'électricité, domestiquée, commence à servir de moyen d'éclairage d'abord public puis privé... mais permet aussi le transfert d'information d'un point à l'autre de la planète, préfigurant déjà les réseaux téléphoniques mondiaux et donc l'Internet actuel. Si bien que, dans l'océan des uchronies, il existe sans doute bien au moins une Méditerranée d'oeuvres où les personnages peuvent (à peu de choses près) tapoter sur leurs smartphones depuis leur cabine de diligence à vapeur. Voire même depuis leur dirigeable
Le steampunk fascine bon nombre de lecteurs de SFF. Dans la blogosphère francophone, l'un d'entre nous, Lord Orkhan von Deck, est réputé pour être l'ambassadeur de ce genre original et qui parle à tant de lecteurs. Cela fait des mois, sinon des années, qu'il parle d'organiser un défi autour du steampunk. C'est désormais chose faite, depuis quelques jours, et j'ai d'ores et déjà fait savoir à Lord Orkhan que j'ai l'intention d'honorer son défi. Je vous invite à prendre connaissance des règles de l'événement, si vous ne les connaissez pas déjà, et à vous y inscrire pour participer à la fête. Il vous suffira de savoir que j'y participe en visant les catégories "aéronaute" et "gentleman". Le défi n'étant pas limité dans le temps, cela permet à chacun de s'illustrer à son niveau !
Venez donc très nombreux !
Commentaires
Je suis bien content de te voir rejoindre l'aventure. En route ! (ou si le moyen de locomotion est un dirigeable : "En l'air !")
A.C.
Pour la pollution de l'air, c'est pas faux ce que tu dis. Néanmoins, y aurait-il autant de voitures individuelles si leurs moteurs étaient à vapeur ? Je n'en suis pas certain. L'un dans l'autre, encore de la matière pour de l'uchronie, tout ça :) ...
http://www.portfolio.mvm.ed.ac.uk/studentwebs/session4/27/greatsmog52.htm
Des deux siècles, aucun n'a la suprématie de la cruauté, seuls les moyens technologiques à même de les provoquer ont évolué en 200 ans...
Quant à l'environnement social, il est clair qu'aucune époque n'a le monopole de la cruauté. Si je suis, moi le premier, un antiquophile convaincu, allant jusqu'à dire pour choquer les gens que "l'Histoire, en Europe, s'arrête en 476 pour reprendre en 1492", je me rends bien compte que ce n'est, comme tu le dis Guillaume, qu'une image d'Epinal. Et pour en revenir à une époque plus récente, il est clair que les aberrations historiques représentées par les deux conflits mondiaux ne sont jamais que la conséquence presque logique de la civilisation industrielle apparue au XIXème siècle.
Je crois qu'il y a quand même besoin que je fasse une mise au point sur ce que j'ai dit dans mon article et qui semble en avoir titillé plus d'un. Il y a une chose qui est indéniable et qui date de l'explosion du transport automobile individuel, c'est encore l'augmentation du taux de CO² dans l'atmosphère. En dehors de toute controverse sur ses effets sur l'environnement, il faut bien comprendre que c'est une pollution à part entière dont les effets sur notre organisme sont encore mal connus. Oui, malgré les smogs et autres fleuves pollués suite à l'invention de la chasse d'eau (anglaise encore), je maintiens que l'air était, dans l'ensemble, moins pollué qu'à l'heure actuelle. Le charbon, c'est pas top pour l'environnement. L'essence, encore moins, parce que sans même parler de l'impact du raffinage du brut, c'est un carburant plus puissant. A masse égale, de l'essence libèrera plus de CO² que du charbon. Quant à la suie dudit charbon et autres poussières, les microparticules liées au fonctionnement du moteur à explosion, elles existent aussi et ont des effets tout aussi délétères.
Et je ne parle même pas des innombrables additifs qui viennent pimenter notre nourriture ou s'introduisent dans nos cosmétiques, additifs comme par hasard souvent dérivés du raffinage du pétrole. Pas de mystère, la matière organique, faut la prendre là où on la trouve...
Que certains coins de Londres aient été de véritables trous infects, ça ne fait pas le moindre doute. Que le métro de Londres, tiré comme l'écrivait Reiser "avec la bonne houille grasse du Yorkshire", devait se changer en aller simple vers le trépas pour bon nombre d'asthmatiques, je n'en doute pas une seule seconde. Il y avait néanmoins, dans une vie humaine, toujours des moments où les gens pouvaient se trouver dans un environnement moins pollué. Quand le vent chassait le smog, nul doute que l'air de Londres n'avait pas la même saveur que lorsqu'il souffle maintenant.
Enfin bon, tout ça pour dire que la vie saine à l'air pur et avec une bonne bouffe de qualité au XIXème siècle, c'est bien sympa mais ça reste aussi une image d'Epinal :
http://www.ined.fr/fr/tout_savoir_population/graphiques_mois/esperance_vie_france/
On a peut-être toutes les pollutions possibles et imaginables de nos jours, mais on est de sacrés chanceux de vivre à notre époque dans un pays moderne comme la France par rapport à nos ancêtres, d'où qu'ils venaient.
Par contre je me damnerais pour avoir 20 ans durant les années 80-90. Et voir tous mes groupes de metal préférés émerger chez de vrais disquaires à l'ancienne. Grave.
Sinon, bon retour dans les eighties, ces magnifiques années-fric où l'on a commencé à nous parler du "chômage structurel". Je t'accorderai cependant que je prendrais volontiers la place du copilote dans ton translateur. Peut-être pas pour Iron Maiden mais pour d'autres choses, bien volontiers !
j'aimerais juste notifier en rapport à ce qui a été dit sur la bouffe que le XIXème siècle a été le siècle de la mise en conserve des produits alimentaire, ce qui fut une avancée considérable. Le prix de certains aliments est devenu presque fixe tout au long de l'année (tandis qu'il fallait auparavant être riche comme cresus pour manger des tomates en hiver).
Cela dit, on oublie souvent de dire que le saturnisme a fait des ravages avec ces prémices de grande distribution alimentaire. Par exemple, l'expédition Franklin en arctique a tourné à la catastrophe à cause des boites de conserve en plomb. Il fallait avoir du courage pour manger des flageolets en conserve !
Mais à l'époque, aucune surveillance alimentaire ni norme sanitaire digne de ce nom, ils devaient chopper des intoxications alimentaires chroniques vraiment impressionnantes...
Après, je suis d'accord avec toi : la pollution actuelle n'est pas qu'atmosphérique. Elle s'insinue dans notre assiette. La baisse de la qualité organo-leptique a tendance à provoquer des allergies (notamment le gluten)...
Bon, j'espère vous avoir un peu relancé, je vous trouvais un peu mou sur la fin.
Encore une fois, Anudar, ton article est très bon !
A.C.
A.C.
(dsl pour l'acronyme barbare, mais qu'est ce que Service Presse, Singe Péteur ou Super Pouvoir viennent faire là ? :P )
Très bonne question. En effet, le SP peut très bien prendre la lutte des classes comme principal objet d'étude du XIXème siècle.
Dans "Bohème" de M.Gaborit, les héros participent à une révolution prolétarienne en Europe où le combat est mené contre un système injuste et gangrené.
Dans "L'age des lumières", il s'agit pour le héros de se battre contre l'éther, une substance qui règne sur le monde et contrôle tout.
China Mieville, auteur de "Perdido street station" est connu pour être leader d'un parti trotskiste au Royaume Uni.
Le dessin animé Metropolis évoque à un moment le combat des hommes contre les puissants qui remplace les travailleurs par des robots.
La lutte des classes, la révolution, les théories pseudo-marxistes : voilà un environnement steampunk qui peut être passionnant. Imaginez vous revoir la Commune de 1871 version steampunk ? imaginez les versaillais tirer avec leurs sulfateuses sur les derniers communard du Père Lachaise.
Pour donner un petit aperçu interessant, je vous invite à revoir "la main des maîtres", un court métrage exceptionnel que vous trouverez ici :
http://steam-litterature.blogspot.com/2011/02/la-gazette-du-steampunk-courts-metrages.html