Seuls tome 6
J'ai déjà chroniqué ici le tome précédent de cette série jeune public fort sympathique. Un beau matin, cinq enfants se réveillent seuls dans leur ville. Tout le monde a disparu... Mais où ? Et à quoi correspondent ces phénomènes inquiétants qui se multiplient autour d'eux ?
Résumé :
A Fortville, c'est la stupéfaction. Les enfants ont découvert qu'il sont isolés dans un monde parallèle suite à leur mort. Saul, tué par son propre requin, est en effet revenu et a tué Dodji pour qu'il comprenne, à son tour. Dodji revenu, alors que tous avaient vu son corps, apparaît une évidence : ils ne peuvent pas mourir dans cet univers. Saul, accompagné par un fort parti d'enfants du "clan du Requin" (rebaptisé le "clan du Soleil"), s'installe à Fortville qu'il entreprend de mettre en coupe réglée. Les cinq enfants de Fortville, accompagnés de quelques nouvelles recrues, décident alors de lui résister. Mais ce qui démarre comme un jeu d'enfants ne risque-t-il pas de mal tourner, y compris dans un monde où l'on ne peut pas mourir ?
J'avais eu l'occasion de dire, dans ma précédente chronique, à quel point j'avais été fâché de voir que la série allait se prolonger au-delà des cinq tomes prévus au départ... La pentalogie est aux bédéastes ce que la trilogie est aux auteurs de SF. Les bonnes séries de BD sont souvent des pentalogies. Donc, les bédéastes tentent de faire des pentalogies. Les très bonnes séries s'organisent souvent par cycles. Donc, les bédéastes tentent de faire des cycles de pentalogie. La BD franco-belge, c'est un album hyper-léché par an. Donc, pour arriver au terme d'une série qui en général comporte deux ou trois cycles, il faut entre dix et quinze ans de lectures.
Burp.
Ceci étant dit, parlons un peu de l'album, qui une fois de plus est une très belle réussite. Le dessin, toujours aussi soigné, toujours aussi "joli", très coloré, très vivant, vient atténuer une intrigue très inquiétante, voire sinistre. La petite "guerre des boutons" rejoué par les enfants morts, si elle part d'une idée certes amusante (chaque bande cherchant à se délimiter un "territoire" en ville) tourne assez vite au jeu de massacre, le "clan du Soleil" de Saul allant jusqu'à réquisitionner un tank pour contraindre la bande des cinq héros du départ à lui obéir. C'est oublier que des questions plus pressantes se posent à eux. La "zone" délimitée par les cairns rouges des bêtes sous influence est isolée du reste de la ville et les événements tragiques du précédent épisode ne sont toujours pas compris.
Certains enfants se rappellent des circonstances de leur mort. D'autres, pas encore. Cela conduit à de véritables interrogations philosophiques : morts, mais vivants, sont-ils au purgatoire ? Rêvent-ils dans un instant d'agonie étiré à l'infini ? Mais alors, pourquoi se retrouvent-ils tous ensemble ? Où seraient ceux qui sont sans doute morts en même temps qu'eux ? Face à ce questionnement, et dans l'urgence de la situation, les jeunes protagonistes tentent de se tourner vers la religion - mais c'est en fin de compte une inquiétante séance de spiritisme qui, peut-être, leur donnera un début de réponse...
Un épisode assez sombre, qui se termine sur un véritable questionnement. Après avoir sans doute résolu le mystère de la disparition de tout le monde, il reste à savoir ce que c'est que cette "zone". Et ce qu'il s'y passe au juste...
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