Les Technopères tome 4

Suite de la série de space-opera cyberpunk inscrite dans l'Incaliverse, il s'agit d'un épisode charnière à maints aspects - à commencer par le fait qu'il s'agit du quatrième tome sur huit.
Résumé :
Albino, écoeuré par Planeta Games, veut à présent devenir bourreau, comme Maître Eldonzo, l'être virtuel qui le surveille depuis son entrée dans la pré-école techno. Il est donc amené sur Halkattraz, l'étoile des bourreaux, où il va devoir faire ses preuves, d'abord en forçant la porte d'entrée puis en montrant aux autres bourreaux sa détermination. Mais pour cela, il va devoir découvrir que les bourreaux ne sont pas tout à fait ce qu'il croyait, et que leurs tâches ne sont pas non plus ce qu'il attendait. Une fois de plus, il va devoir en recourir à l'aide de Saint Severo de Loyoza pour ne pas être happé par le système... De son côté, Almagro, que les Hyperbatones prennent pour Vihzis, leur dieu-déesse, a castré son père Thark le gris et souhaite maintenant faire de même avec Erghen le blanc, concluant ainsi la vengeance de sa mère Panépha. Mais celle-ci est à présent indécise : Thark a su conquérir son amour. Et dans son délire mégalomane, Almagro ne risque-t-il pas de tout perdre ?
On retrouve ici le même procédé narratif que dans les épisodes précédents. Cette fois-ci, Albino-cent ans n'est plus confronté à des dangers de type humain en ouverture de l'album : lui et ses disciples doivent faire face à une intelligence différente, pas hostile a priori mais poussée à des actions extrêmes par des conditions environnementales qui lui sont défavorables. Un parallèle semble pouvoir s'établir avec la nouvelle mission d'Albino, à présent déterminé à devenir non plus créateur de jeux vidéo mais bel et bien bourreau : il va devoir faire régner l'ordre économique parmi les nombreuses filiales de la secte pan-techno. Et pour faire régner cet ordre, il devra tuer. Pour la première fois de sa vie, Albino doit utiliser ses pouvoirs pour tuer des innocents et il fait donc l'expérience du mal. Un fardeau qui, malgré les artifices de son protecteur, Saint Severo de Loyoza, pèsera lourd sur ses épaules.

De leur côté, les membres de sa famille vont eux aussi accomplir un cheminement. Panépha, partagée entre son amour pour son fils Almagro, désormais adoré comme dieu-déesse par les guerrières Hyperbatones (rôle qui lui monte à la tête), et celui pour son ancien violeur, le pirate Thark le gris (père d'Almagro, qui vient de le castrer dans l'épisode précédent... vous suivez ?), se retrouve embarquée dans le dernier tiers de sa croisade vengeresse car entre la valeur des Hyperbatones, la puissance de son vaisseau spatial et les ruses d'un Thark pas si émasculé que ça, elle dispose enfin de la ressource nécessaire à l'invasion du bastion d'Erghen le blanc (le père d'Albino, en fait). Avec quelques doutes au départ, et une surprise à la fin. Exit Almagro, qui va réaliser ses fantasmes de pouvoir d'une façon très inattendue. Connaissant les sources d'inspiration de Jodorowsky, j'ai envie de dire que cette succession de trois pirates castrés l'un après l'autre, le rouge, le gris et le blanc, n'est sans doute pas anodine et constitue peut-être une évocation du grand-oeuvre alchimique. Un symbole qui m'échappe sans doute. Mais il est clair, cependant, que l'on se trouve à la fin d'un "cycle" dans la série.

Avec le "changement de métier" d'Albino, les auteurs nous gratifient de plusieurs morceaux de bravoure avec des combats dantesques. Le dessin est toujours aussi maîtrisé. Pour une fin de cycle, il s'agit d'un album bien réussi.

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