Capitaine Albator tome 1

Les gens qui sont nés entre 70 et 80 doivent se souvenir du personnage d'Albator, le pirate de l'espace, dont les aventures télévisuelles captivèrent bon nombre de gosses en France. Assez peu, à l'époque, savaient (savent ?) que le vrai nom d'Albator est en réalité Harlock (nom mis de côté par le doublage en français car trop proche de Haddock, vous savez bien, le capitaine qui vit en colloc est ami avec Tintin). Il y eut en fait deux séries de dessins animés (Albator 78 et Albator 84) issus des travaux de Leiji Matsumoto, talentueux mangaka (Galaxy Express 999, c'est lui aussi... et les clips des Daft Punk, Interstella 5555, c'est encore lui !) dans l'oeuvre duquel Albator constitue un véritable pivot. La série Albator 78 est en fait elle-même tirée du manga dont je m'apprête à faire la chronique du premier tome. Pour la petite histoire, devant le succès de l'adaptation, Leiji Matsumoto s'est laissé déborder, abandonnant son oeuvre écrite avant de l'avoir achevée... En d'autres termes, ce manga comporte un faible nombre d'épisodes et n'a pas de fin. Surprenant, compte-tenu du succès par ailleurs jamais questionné des oeuvres de Leiji Matsumoto, non ?

Résumé :
En 2977, la Terre est unifiée sous un seul gouvernement et les planètes du Système Solaire sont exploitées par l'être humain. Celui-ci vit dans la paix... à moins que ce ne soit l'indolence ? Les gouvernants semblent peu intéressés par les devoirs de leur charge, leur préférant les banquets et les parties de golf. Or, un danger surgit du fond de l'espace : une sphère noire, portant d'étranges gravures, s'écrase sur Terre. Nul ne sait d'où elle vient, nul ne sait ce qu'elle contient. Mais pour le professeur Daiba, c'est la preuve qu'une terrible menace pèse sur la Terre... Sa méfiance est suffisante pour qu'il soit assassiné par une étrange femme, sous les yeux de son fils Tadashi, lequel est aussitôt sauvé par Albator, le pirate de l'espace, recherché par toutes les polices terriennes. Stupéfaits, ils constatent que la tueuse du professeur Daiba se consume comme du papier... L'envahisseur aurait-il des agents sur Terre ? Ou bien... y serait-il déjà venu dans le passé ?
Pour qui est habitué au dessin des mangas contemporains, on tient ici quelque chose de surprenant voire même d'inhabituel, avec un dessin qui par moments pourrait apparaître grotesque. Point trop d'envolées dantesques, les cases restent découpées d'une façon très sage par rapport aux repères du lecteur occidental, avec des écarts presque imperceptibles à la norme du rectangle. C'est qu'en lisant ce manga, on tient entre les mains une oeuvre âgée de trente-cinq ans au moins, et cette bizarrerie n'est donc autre chose qu'une forme d'archaïsme. Ce qui ne devrait poser aucun problème au lecteur tolérant (quitte à lui rappeler que Tintin et les Picaros, dont je n'ai jamais entendu dire qu'il avait posé de problème à qui que ce soit, est une oeuvre tout à fait contemporaine à ce manga, et donc tout aussi éloigné de la production actuelle en BD franco-belge que celui-ci l'est de l'actualité du manga).

En dehors de ces éléments graphiques, on tient là une histoire intéressante mais pas très originale. Une puissance extraterrestre agressive est en train d'envahir la Terre. Une cinquième colonne est en place et son travail est d'autant plus facilité par la nonchalance criminelle des autorités de l'Etat, qui s'obstinent à ne rien voir. Par chance, les quelques individus déterminés à se battre se rassemblent sous la bannière du pavillon noir et sous le commandement d'Albator, véritable homme providentiel. Je dois dire que je ne percevais pas, lorsque je regardais Albator 84 en mon temps, à quel point sa figure est messianique. Depuis Dune, je sais qu'il convient de se méfier du héros trop parfait. Cette impression désagréable est cependant nuancée par la joyeuse anarchie qui règne à bord du vaisseau d'Albator. Tadashi est d'ailleurs très surpris par l'ambiance de "cirque" (le mot est de lui) qu'il y trouve, ambiance qu'il comprend néanmoins après les explications d'Albator.

Une lecture fort divertissante, ma foi, et qui donne un aperçu de ce que ça donne, le space-op' tel qu'imaginé par des Japonais.

Commentaires

Spocky a dit…
Ouah en lisant ta chronique, j'ai aussitôt la musique du générique qui me revient en tête, et des paroles aussi :
Le voilà, Albator, le capitaire corsaire
Le voilà, Albator, pour les enfants de la terre
Faut dire que bien évidemment je regardais Albator dans mon enfance :)
Je ne savais pas que c'était tiré d'un manga. Merci pour cette chronique très instructive.
Anudar a dit…
Mais de rien :) !
Endea a dit…
Oh làlà, Albator, tout ma jeunesse ^^
Quelque chose que je n'avais pas percuté non plus dans mes jeunes années, c'est qu'ils boivent tout de même beaucoup ces pirates xD
Bon ... cela dit c'était mon DA préféré et j'avoue que je les ai achetés en DVD il y a quelques années, ça a été plus fort que moi, lol
Endea a dit…
EH bien voilà, tome 1 lu ^^
J'avoue que j'ai aimé, forcément j'étais une grande fan du DA, alors je suis plutôt contente de revoir les personnages.