Une Planète nommée Trahison
Deuxième livre prêté par mon ancien professeur de SVT, voici un planet-op' très bien caractérisé par Orson Scott Card. Oui, le plus mormon des auteurs américains. Plus talentueux qu'un KJA, véritable créateur d'univers, il est capable de se montrer plus qu'agaçant, aussi, avec ses manies et ses lunes. Il ne faut pas avoir peur, quand on s'attaque à l'un de ses livres, de tomber (au détour d'une page) sur un délire une envolée métaphysique interrogeant sur la nature de la morale et l'existence d'un sens intrinsèque à l'univers - à travers bien entendu le concept d'opposition entre le bien et le mal. Parce que, ainsi que tout le monde le sait, il y a le bien d'un côté, le mal de l'autre, et les agneaux du Seigneur sont bien gardés.
On tient avec ce livre un roman écrit par OSC en 1979, c'est-à-dire, à l'âge de vingt-huit ans. Je ne sais pas si l'on peut qualifier Une Planète nommée Trahison d'oeuvre de jeunesse mais il n'empêche que j'ai trouvé, par rapport au autres que j'ai pu lire du même auteur, une saveur différente à ce livre.
On tient avec ce livre un roman écrit par OSC en 1979, c'est-à-dire, à l'âge de vingt-huit ans. Je ne sais pas si l'on peut qualifier Une Planète nommée Trahison d'oeuvre de jeunesse mais il n'empêche que j'ai trouvé, par rapport au autres que j'ai pu lire du même auteur, une saveur différente à ce livre.
Résumé :
Sur Trahison vivent les descendants des familles des scientifiques exilés par la République à la suite d'une tentative de coup d'état. La voie du pardon leur est pourtant ouverte : sur ce monde sans métaux durs, et donc sans fer, ils doivent trouver quelque chose à fournir aux Ambassadeurs mécaniques de la République. Si celle-ci accepte leur don, elle leur offre en contrepartie une certaine quantité de fer. Et qui peut stocker assez de fer pourra un jour construire un astronef et quitter Trahison. Depuis trois mille ans, la famille Mueller s'est vouée à la génétique. Son peuple est capable de régénérer n'importe quels membres ou organes endommagés ; mieux que cela, certains d'entre eux, les radics, peuvent générer des membres et des organes supplémentaires qui sont troqués contre du fer auprès de l'Ambassadeur. La famille Mueller est donc l'une des puissances dominantes de Trahison. Mais pour l'héritier, Lanik, l'avenir s'annonce incertain : il est en effet un radic, comme en attestent les seins et les ovaires qui sont en train de lui pousser. Son père le destitue, au profit de son cadet, Dinte. Pour Lanik, pas question de se laisser enfermer dans un enclos avec les autres radics, et pour son père, qui perçoit les faiblesses de l'autre héritier, il faut sauvegarder les talents et la volonté de Lanik. C'est pourquoi il prend la décision de l'écarter en l'envoyer en ambassade chez les Nkumaï, une autre famille qui semble depuis peu disposer de quantités croissantes de fer...
Même si les envolées métaphysiques sur la nature permanente du bien et du mal n'apparaissent que vers la fin du roman, le lecteur attentif percevra dès le départ les intentions d'OSC. Le personnage de Lanik Mueller est frappé d'un sceau d'infamie, celui de "radic" faisant de lui un hermaphrodite. Un être hors-normes, y compris dans son royaume d'origine, et pourtant le fils du roi : mélange détonnant qui le jette sur la route. Ce livre n'est, en fait, qu'une énorme road-story : Lanik arrive en A, il fait une rencontre qui change sa façon de voir les choses, de ce fait il prend conscience qu'il doit partir et prend la route pour B, où il fait une rencontre et... Chacun des chapitres ou presque se termine par un cliffhanger palpitant. A tel point qu'au bout d'un moment, on flaire le procédé. C'est le défaut de l'écriture d'OSC : elle témoigne d'une véritable maîtrise, et même d'un soin d'orfèvre, et peut-être même du travail d'une mécanique bien huilée, trop même. En fait, ça finit par lasser : on s'y attend. Le personnage finit par acquérir tous les talents inhabituels disponibles sur sa planète. Enfin non, pas tous. Enfin si, tous. Enfin, oui et non. Je ne peux pas vous le dire. Dans tous les cas, il y a quelque chose du messie chez Lanik Mueller. Sauf que n'étant qu'un homme, il doit pécher pour accomplir sa vie et faire ce qu'il doit faire.
En fin de compte, la planète Trahison est un monde où les exilés développent en quelque sorte des super-pouvoirs. Et c'est là qu'OSC manque, à mon sens, un aspect qui aurait pu être fort intéressant dans son oeuvre. Il y a quelque chose de dunien dans cette histoire de monde où sont mis à l'isolement les scientifiques de toute la Galaxie : on aurait pu s'attendre à des intentions dissimulées de la part de ceux qui les ont envoyés sur Trahison. Du genre, produire des surhommes. Trois mille ans plus tard, épouvantés par ce qui se passe sur Trahison, ils auraient pu se demander comment mettre fin à l'expérience. Il y aurait eu là matière à excellente socio-fiction. Mais bien sûr, il y aurait eu alors moins de place pour les considérations d'ordre moral et religieux.
Chacun ses goûts.
En fin de compte, la planète Trahison est un monde où les exilés développent en quelque sorte des super-pouvoirs. Et c'est là qu'OSC manque, à mon sens, un aspect qui aurait pu être fort intéressant dans son oeuvre. Il y a quelque chose de dunien dans cette histoire de monde où sont mis à l'isolement les scientifiques de toute la Galaxie : on aurait pu s'attendre à des intentions dissimulées de la part de ceux qui les ont envoyés sur Trahison. Du genre, produire des surhommes. Trois mille ans plus tard, épouvantés par ce qui se passe sur Trahison, ils auraient pu se demander comment mettre fin à l'expérience. Il y aurait eu là matière à excellente socio-fiction. Mais bien sûr, il y aurait eu alors moins de place pour les considérations d'ordre moral et religieux.
Chacun ses goûts.
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