La Cité Saturne tome 1
Un manga orienté space-op', mais sans batailles spatiales, que j'ai découvert pas plus tôt qu'hier.
Résumé :
Mitsu vient d'obtenir son diplôme de fin de collège. Il entre alors au Syndicat des laveurs de vitre, comme son père avant lui, car à bord de la Cité Saturne, les vitres qui donnent sur l'extérieur s'encrassent vite... et sans elles, finie la lumière naturelle. Car la Cité Saturne est une immense construction en orbite géostationnaire, un satellite habité, où l'espèce humaine s'est repliée depuis que la Terre toute entière a été changée en réserve naturelle ! Le père de Mitsu a disparu suite à un accident de travail, car laver les vitres extérieures de la Cité Saturne est un travail dangereux : on peut être happé par l'espace... Pourtant, dès sa première sortie, Mitsu comprend l'étrange beauté de ce travail : voir la Terre depuis l'espace est un spectacle au-delà de toute comparaison. Surtout à bord de la Cité Saturne où les moindres traces d'un environnement naturel sont soumises à un étroit contrôle gouvernemental, à des fins de protection...Voilà un argument fort original, situer l'action dans une cité spatiale mais choisir des travailleurs au rôle (à première vue) marginal comme personnages principaux... Cela donne l'impression de découvrir un monde nouveau par le petit bout de la lorgnette et c'est rafraîchissant. Comme souvent dans ce genre de manga, le jeune héros ne connaît pas grand-chose de l'univers dans lequel il fait ses premiers pas - y compris quant aux circonstances qui ont conduit, dans cette histoire, son père à disparaître. On perçoit qu'il y a là-dedans un mystère.
Une autre excellente idée, c'est bien sûr cette stratification sociale entre les niveaux de la Cité Saturne. La haute société, semble-t-il assez portée sur les caprices et même la paranoïa, occupe les niveaux supérieurs, c'est-à-dire ceux qui se trouvent orientés en direction de l'espace. Viennent ensuite les niveaux intermédiaires où la lumière est un mélange de lumière naturelle et artificielle. Puis enfin les niveaux inférieurs, où vivent Mitsu et ses amis, ceux du petit peuple, niveaux qui ne sont éclairés que par de la lumière naturelle (parce qu'ils sont orientés en direction de la Terre et que le nettoyage de leurs vitres n'a pas lieu très souvent). Corollaire, le manque de lumière naturelle affaiblissant le système immunitaire, les personnages vivant dans les niveaux inférieurs semblent assez fragiles. On se doute qu'il y a là matière à contestation sociale, un aspect qui sera peut-être exploré par de futurs volumes.
Le dessin est assez inhabituel pour un manga, les personnages n'ayant pas les "gros yeux" caractéristiques. Il a cependant quelque chose d'enfantin, tout en rondeurs, et permet d'apprivoiser assez vite les couloirs de la Cité Saturne. Reste à voir s'il sera toujours aussi adapté à d'éventuels développements plus sombres...
Dans tous les cas, une bonne découverte !
Commentaires
Planetes est très différent, en tant que manga spatial d'orientation réaliste.
Et petite correction de ma phrase: "Quant à la capacité du manga (et de toute autre BD) à se montrer sombre et dramatique [avec des dessins rondouillards]"
A l'occasion, je feuilletterai la suite, bien sûr... Je partage ton avis quand tu dis que c'est poétique :) !