Blacksad tome 4

Voici ma chronique du quatrième tome (et dernier en date) de la série animalo-policière Blacksad.
Résumé :
Cette fois-ci, c'est dans la patrie du jazz que Blacksad est appelé par Weekly, son informateur, acolyte plus ou moins malodorant. Au cours d'un reportage sur le fondateur d'un label musical, en effet, le journaliste se rend compte que tout ne va pas bien dans une ville où le racisme a la prégnance de l'habitude. Blacksad est recruté : sa mission est de remettre la main sur Sebastian Fletcher, un prodige du piano, héroïnomane et disparu depuis plusieurs mois. Lui-même amateur de jazz, Blacksad va découvrir jusqu'à quel point la couleur du blues est le noir - et que son amertume est celle de l'extrême pauvreté...
C'est un album dont la couverture m'a fait de l'oeil depuis les rayonnages des librairies bien avant que je ne m'intéresse à la série. On le sait, les chats n'aiment pas l'eau, et Blacksad apparaît ici dans une posture très fâcheuse. La scène évoquée en couverture, sans vouloir trop la gâcher, est aussi puissante que bien construite - et je dois reconnaître, tout lecteur chevronné que je suis, que je me suis fait du souci pour Blacksad pendant sa noyade. L'intrusion d'un deus ex macchina, voire d'une forme de mythologie ("les chats ont neuf vies") pourrait déplaire - mais cela m'est apparu, en fait, comme un clin d'oeil des auteurs au lecteur. Il conviendrait de ne pas oublier que malgré toute l'humanité qui transpire de la série, les personnages à têtes d'animaux signent (non pas l'oeuvre jeune public mais bel et bien) une BD qui peut s'inscrire presque dans de la Fantasy.

Ce qui me frappe dans Blacksad, c'est encore la richesse et la variété de l'ensemble des choix narratifs. Pas une enquête (pour le moment ?) qui apparaît comme une redite par rapport aux précédentes. A chaque fois, c'est l'un des travers de la société américaine contemporaine (parce que les années 1950, c'est presque aujourd'hui) qui se voit exploré. Le racisme, déjà évoqué deux fois (dont une dans le deuxième album qui lui est consacré tout entier) apparaît ici sous un jour différent. Après les monstruosités d'un groupuscule "white supremacist" d'extrême-droite, c'est au racisme "habituel" que Blacksad se frotte. Celui d'un monde où les blancs et les "coloured" doivent utiliser des toilettes séparées (comme si la pisse et la merde ne se mélangeaient pas dans les égoûts... ni n'avaient d'ailleurs la même qualité à émission...). Celui d'un monde où il est normal que des pauvres soient noirs et drogués. Ou les noirs pauvres et drogués. Ou les drogués pauvres et noirs. Un monde où, surtout, il est permis de faire des profits sur la souffrance d'une population empoisonnés dès lors que l'on a les moyens de corrompre les juges.

Un monde assez contemporain, vous dis-je. Excellent tableau d'une société bien pourrie. Avec sa tête de chat bagarreur, Blacksad nous parle d'humanité : c'est définitif. Et c'est réussi.

Commentaires

Efelle a dit…
Un très grand album, excellent tout simplement.
Anudar a dit…
On attend la suite !