Planète à louer
L'un des quatre nominés pour le Prix des Blogueurs de Planète-SF, c'était le premier des deux qu'il me restait à rattraper. C'est chose faite à présent.
Résumé :
Au début du XXIème siècle a eu lieu le Contact. Les Xénoïdes ont débarqué sur Terre qu'ils ont assez vite mis en coupe réglée. Réduite à quatre continents pour montrer toute la puissance des galactiques, transformée en luna-park, la Terre est, quelques décennies plus tard, changée en un paradis pour touristes mais en cauchemar pour les êtres humains dont l'avenir semble à tout jamais bouché... La réalité du pouvoir appartient désormais à l'Agence Touristique ainsi qu'à son bras militaire, la Sécurité Planétaire. Toutes deux sont au service des Xénoïdes qui disposent d'un pouvoir économique écrasant. La horde des laissés-pour-compte de la Terre ne peut qu'espérer quelques miettes. Entre travailleuses sociales (prostituées), artistes esclaves, sportifs adaptés, policiers corrompus et enfants de la rue, bienvenue dans le cauchemar futur...
Comme j'ai eu l'occasion de le dire avec un Evadés de l'Enfer ! il y a quelques mois, c'est un concentré de cette SF modernisante, pseudo-contemporaine, où il faut que ça crache, que ça pue, que ça crie, et que ça dépèce pour que ce soit réussi. On notera l'intention de l'auteur, annoncée en quatrième de couverture : "toute ressemblance entre la Cuba des années 1990 et cette Terre du XXIème siècle est purement intentionnelle". Ben voyons. La chose, pardon, la messe est dite, on tient entre les mains ce qu'il faut bien appeler un pamphlet politique, écrit et empaqueté avec les tripes de l'auteur. Et l'on va voir ce que l'on va voir.
Et en effet, on voit.
Le propos de l'auteur compense assez mal son manque de clarté par une débauche de coups du sort et de personnages désabusés qui n'ont pas beaucoup de buts dans la vie : partir c'est le premier, partir c'est le deuxième et partir c'est le troisième, oui, aussi... Cherche-t-il à dénoncer un système cubain, pardon, terrien post-Contact où l'Agence Touristique a pris le pas sur le pouvoir politique - en d'autres termes, dénonce-t-il le Cuba si, Castro no de certains opposants ? Cherche-t-il à dénoncer la posture colonisatrice des Etats-Unis, pardon, des Xénoïdes ? J'avoue que le message m'est apparu assez peu clair : toute SF est inscrite, quelque part, dans son actualité ("La CHOM, c'est l'OPEP", dixit le Maître). Ajoutez à ceci des passages expérimentaux (?) à moins qu'il ne s'agisse de ratés dans le fichier-source : je n'ai toujours pas compris pourquoi, lors de l'entretien du scientifique cherchant à faire défection, les réponses aux questions apparaissaient décalées avec leurs questions (du genre : la réponse à la question un qui apparaît dans la question trois...). Sans doute suis-je trop stupide pour y avoir détecté quelque subtilité.
Bien entendu, comme souvent avec ce genre d'oeuvre, le tonus de l'auteur parvient à captiver le lecteur jusqu'à la fin. C'est un page-turner. Mais de cette sorte si fréquente, ces derniers temps, que l'on sait déjà que l'on n'y reviendra plus lorsque la dernière page en est tournée. Ah oui, et tant qu'on y est, qu'est-ce qu'il avait comme amis à remercier à la fin, ce Yoss...
La SF glauque, moi, j'aime pas ça, et si un auteur s'imagine qu'il suffit de produire du glauque pour faire de la bonne SF, je n'ai qu'un conseil à lui donner : qu'il essaie autre chose. Après tout, la SF de progrès n'est pas morte...
Lire aussi les avis de Lhisbei et Gromovar, qui ne sont pas du tout d'accord avec moi.
Lire aussi les avis de Lhisbei et Gromovar, qui ne sont pas du tout d'accord avec moi.
Commentaires
Jette-le dans la soude ;-)
Le phénol serait sans doute encore plus approprié que la soude.
Pour "l'entretien d'aptitude" le scientifique dit p 183 :
"Je regrette la gêne que je vous ai causée. recourir aussi constamment à ma mémoire automatique conditionne chez moi une certaine tendance à la logorrhée et à l'incohérence... Je divague et réponds à des questions qu'on ne m'a pas encore posées ou que je me suis formulées un long moment plus tôt.
Ma mère disait toujours que j'avais déjà toutes les réponses, et que mon vrai problème était de trouver les questions qui y correspondaient. Peut-être est-ce le dilemme de l'homme et de toute intelligence."
Le passage que tu cites relève pour moi de l'expérimental. Je n'ai rien contre les effets science-fictifs (sinon, je ne lirai pas tant de science-fiction). J'avoue par contre ne pas comprendre ici à quoi sert ce décalage. Si au moins le scientifique voulant faire défection était face à un questionnaire papier (ou informatique) cela pourrait bien être un moyen de lui faire démontrer son intelligence que de répondre aux questions dans le désordre. Or ici, de mémoire, n'est-il pas face à un xénoïde qu'il doit convaincre ?
Rien à faire, ma suspension d'incrédulité n'a pas voulu démarrer dans ce chapitre. Autant je peux admettre le glauque même si je n'aime pas ça (les goûts et les couleurs...), autant je peux accepter d'être dérouté, là pour moi, c'est clair que c'est un passage qui ne marche pas car je n'y vois aucune logique, ni interne, ni externe...