Wolfsmund tome 1
J'ignorais que l'Histoire médiévale européenne puisse être une source d'inspiration pour les mangakas... Eh bien, cette série semble en être la preuve.
Résumé :
Au XIVème siècle, l'embryon de la Suisse n'est encore qu'une Confédération de trois cantons (Schwyz, Uri et Unterwald) et l'Autriche des Habsbourg n'a pas encore accepté son indépendance... Alors, les trois cantons sont envahis et soumis à une répression féroce pour mettre fin à leur désir de liberté. Les chefs rebelles, et leurs familles, sont punis de mort par décollation. Certains choisissent la fuite... D'autres veulent continuer la lutte... Mais dans tous les cas, ils doivent passer au Sud, vers l'Italie du Nord, là où les Habsbourg sont sans pouvoir. Et sur leur chemin se trouve la forteresse de Wolfsmund qui contrôle le col du Saint-Gothard, dont le responsable, Wolfram, dissimule sous son air espiègle une monstrueuse cruauté. Pour les voyageurs sans passeport, ou qui tentent de contourner son péage, le cauchemar ne fait que commencer...L'histoire plus ou moins mythologique de Guillaume Tell est bien connue et ce n'est pas un hasard si ce personnage du folklore suisse vient faire un passage en guest-star dans ce manga. L'auteur a pris soin, de toute évidence, de faire des recherches et de traiter son sujet avec un réalisme graphique. Les costumes, les armes, les armures et les décors médiévaux sont très soignés (peut-être un peu trop, comme à Pierrefonds ?) : on s'y croit, et l'on est vite plongé dans une ambiance glauque et trash qui évoque avec puissance un âge barbare.
L'auteur prend soin, aussi, de nous dérouter en nous donnant à rencontrer son personnage principal - n'osant dire héros ! - pas tout de suite, et par les yeux de ses premières victimes. Wolfram appartient à cette famille de personnages qui mettent leur intelligence au service d'une obéissance fanatique aux ordres, à la hiérarchie et à la forme des lois. Un peu comme un Javert, peut-être... L'intelligence de Wolfram est à plusieurs reprises qualifiée de démoniaque par ses adversaires mais, pour le moment, je ne vois aucune raison de donner une étiquette fantastique à cette oeuvre. Au contraire, il s'agit d'une fiction inspirée d'un contexte historique. Un Moyen-Âge européen fantasmé par un japonais comme, peut-être, des européens fantasment l'Epoque de Heian. Avec ses monstres.
Aux monstres doivent s'opposer des héros. Je dois dire qu'aucune figure ne semble, pour le moment, pouvoir s'affronter à cet étrange Wolfram (d'ailleurs, pourquoi ses cheveux changent-ils de couleur à un moment ?) sauf, peut-être, le fils de Guillaume Tell (celui qui portait la pomme sur sa tête et a cinq ans de plus dans ce manga) qui est, pour le moment, le seul qui ait pu s'échapper des griffes du sadique maître de Wolfsmund. On sort donc intrigué de cette histoire : il est probable que je m'intéresserai à la suite, rien que pour savoir si Wolfram va rencontrer un rival - voire un opposant...
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