Le Trône de Fer tome 2

Après une pause Flashback, je me suis replongé avec délices dans l'univers du Trône de Fer dont j'ai présenté il y a quelques temps ma lecture du premier volet...
Résumé :
Dans le Royaume des Sept Couronnes, les pièces de l'échiquier sont en place. A Port-Réal, Eddard Stark, la Main du Roi, vient de restituer l'insigne de sa fonction, n'approuvant pas la décision de son suzerain de vouloir faire assassiner les derniers représentants de la dynastie précédente... Et déjà, les premières tensions de la guerre civile se font sentir. Jaime Lannister, frère jumeau de la Reine Cersei avec laquelle il entretient une relation incestueuse, prend la fuite de Port-Réal après avoir massacré plusieurs hommes de confiance de Stark. A l'Est, Catelyn, l'épouse d'Eddard, a mis en lieu sûr Tyrion, le cadet nain des jumeaux Lannister, dans la citadelle montagnarde commandée par sa soeur, la veuve de l'ancienne Main du Roi, Jon Arryn, qu'elle pense assassiné par la famille ennemie. A l'Ouest, le patriarche Lannister, en guise de représailles, s'en prend aux terres de la famille de Catelyn... L'amitié du Roi va-t-elle suffire à sauver lord Stark et sa famille ? Surtout lorsqu'il découvre que l'héritier présomptif du Trône de Fer n'est en réalité pas le fils du Roi ? Tandis qu'au Nord s'élève l'étoile montante de Robb Stark, héritier de Winterfell et des anciens Rois de l'Hiver, au-delà du Mur, les fantômes des Autres et de leurs monstres semblent se réveiller...
Le premier tome de cette saga (selon le découpage peut-être un peu artificiel de l'éditeur français) constituait un assez long tome d'exposition (merci Efelle). A présent, les concepts commencent à être stables dans la tête du lecteur et l'auteur peut se permettre d'en dire plus quant au passé historico-mythologique de cet univers figé (comme souvent dans les univers de Fantasy) dans un Moyen-Âge éternel depuis des milliers d'années. La comparaison avec le légendaire de Tolkien s'impose : plutôt que d'invoquer des événements d'envergure spirituelle tels que la création des étoiles, de la Lune et du Soleil pour justifier l'apparition des différentes formes de vie, George R. R. Martin préfère expliquer l'Histoire de son univers par des flux migratoires. Ainsi, les "enfants de la forêt", à présent disparus, sont les prédécesseurs des "Premiers Hommes" sur le territoire du Royaume des Sept Couronnes, "Premiers Hommes" auxquels ils ont transmis leur religion, le culte des "anciens dieux". Ce n'est que plus tard que s'est présenté un autre peuple, avec sa propre religion, qui a repoussé les "Premiers Hommes" vers le Nord, un phénomène qui n'est pas sans évoquer la plus ou moins mythique invasion dorienne en Grèce, au tournant de l'âge du bronze, et qui, au vu de l'immensité du continent, se traduit par un très lent mouvement d'unification culturelle. Mouvement d'ailleurs non encore achevé à l'époque visitée par l'auteur puisque le particularisme de la province de Wintefell, ultime survivance de la civilisation des "Premiers Hommes" dans les Sept Couronnes, semble devoir se traduire par une sécession à la fin de ce livre. Un troisième flux migratoire semble par ailleurs se préparer, sous l'impulsion (décisive ?) de la dernière héritière de l'ancienne dynastie régnante des Targaryen, avec l'arrivée possible dans le jeu des trônes du peuple Dothraki dont la culture évoque très volontiers le peuple mongol.

A ces spécificités humaines, qui donnent à cet univers une cohérence proche de celle de la réalité, s'oppose pourtant une autre réalité, celle du mythe des "Autres", ces créatures inquiétantes contre lesquelles les "Premiers Hommes" ont dû chercher l'alliance des "enfants de la forêt", près de dix mille ans avant le début de l'histoire. Un événement ayant eu lieu dans un passé si reculé qu'il ne devrait avoir laissé aucune trace, pas même mythique... Et pourtant l'auteur parvient à rendre ce passé encore palpable, d'une certaine façon, à travers maints éléments de son oeuvre. Contes de nourrice faits pour inquiéter les enfants. Ce fameux Mur, à la frontière Nord du Royaume, taillé dans la glace. Et surtout la Garde de Nuit qui, depuis des milliers d'années, se perpétue sur le Mur, chargée de surveiller l'éventuel retour du mal, ordre combattant où l'un des personnages principaux va, on s'en doute, ne pas tarder à s'illustrer. Tiens, non... en fait c'est déjà fait.

Dans cette série, l'auteur semble donc faire s'entrecroiser plusieurs axes d'intrigue dont chacun pourrait sans doute suffire à construire une oeuvre bien moindre. Une intrigue d'ordre politique, avec le fameux "jeu des trônes", qui semble trouver son inspiration dans la fameuse Guerre des Deux-Roses (à ceci près que des roses, il y en aurait ici trois ou quatre voire plus...). Une intrigue civilisationnelle, avec ces flux de population qui semblent déferler à intervalles réguliers sur le continent occidental - et l'on s'attend, à certains indices, à découvrir que ce monde est bien plus grand qu'il y paraît au premier coup d'oeil. Et enfin, une intrigue fantastique avec le retour des "Autres" qui se précise - et en tout cas, celle de leurs pantins relevés d'entre les morts. C'est, je crois, la première fois depuis Le Silmarillion qu'une oeuvre de Fantasy me saisit à ce point : il y a ici un travail d'une grande cohérence mais aussi d'une très grande puissance. Les personnages en sont crédibles et pour certains attachants dans leur humanité - ou, parfois, détestables. Au terme de ce livre, et avec la disparition du précédent Lord Stark, il est clair que le jeune Robb Stark va s'affirmer en tant que personnage majeur, héritier d'une philosophie politique m'évoquant de plus en plus celle des Atréides dans Dune. Reste à voir s'il partagera le sort tragique de Paul Atréides...

Commentaires

Anudar a dit…
Concis :D ...