Le Trône de Fer tome 3
J'ai poursuivi ma lecture du Trône de Fer : voici donc ma chronique du troisième tome intitulé La Bataille des Rois.
Résumé :
Cette fois-ci, c'est la guerre civile : les Sept Couronnes, après la mort accidentelle du roi Robert Baratheon, se déchirent entre les grandes familles. La maison Lannister, qui soutient les droits sur le Trône de Fer de Joffrey, héritier présomptif du défunt roi, se voit assaillie de toute parts. A commencer par les oncles de Joffrey, Stannis et Renly Baratheon, qui se sont tous deux proclamés roi légitime... Car Joffrey est aussi blond que sa mère Cersei Lannister, alors que le roi Robert a toujours engendré brun, si bien que l'on murmure que la reine aurait commis un inceste abominable avec son frère jumeau Jaime et que celui-ci serait en fait le père de ses trois enfants. A Port-Réal, ce sont des temps incertains où Tyrion Lannister devient la Main du roi. Son père, qui fait la guerre au Nord contre la famille Stark, désire le voir mettre la bride sur les décisions désastreuses du roi. Robb Stark, lui, a juré vengeance pour le meurtre de son père. Proclamé Roi de l'Hiver par ses vasseaux, il a déjà défait une armée Lannister sous les murs de Vivesaigues et s'est emparé de Jaime... Tandis que le continent de Westeros sombre dans le chaos, au Levant, la dernière héritière des Targaryens qui ont jadis gouverné les Sept Couronnes pendant des siècles a pu réveiller les trois derniers dragons. A présent suivie par une misérable troupe Dothraki, pourra-t-elle renverser le destin du monde ?Dans ma chronique du précédent volet, j'avais mentionné que cette histoire m'apparaissait suivre trois ressorts d'intrigue différents : un ressort politique, un autre civilisationnel et un troisième plus fantastique. Dans le présent volume, il est clair que l'auteur a fait le choix de mettre l'accent sur le premier. Le nombre de personnages témoins de l'action est limité : Tyrion "le Lutin" revient au premier plan à maintes reprises. Daenerys, exilée sur le continent oriental parmi les nomades Dothraki - lesquels m'évoquent toujours aussi volontiers les hordes mongols - n'est visitée qu'une seule fois. L'intrigue est donc très centrée sur le continent de Westeros et même sur sa moitié méridionale, et même sur la ville de Port-Réal : un plan de cette ville vient soutenir la carte finale des Sept Couronnes. Carte qui n'est toujours pas équilibrée par une carte du continent oriental : voilà qui ne comble toujours pas mon appétit pour le contexte global - et je dois dire que j'ai cédé, sur ce point, à la facilité d'une requête sur un moteur de recherches pour en savoir plus, la géographie de cet univers apparaissant pour le moins fascinante et surtout, plus riche que ce qui est suggéré sur cette fameuse carte... Le flux historique est donc (pour le moment ?) le seul fait de personnages aristocratiques et, à ce titre, Le Trône de Fer m'apparaît - tout comme Markus Leicht l'a dit en parlant de Dune - une série de romans politiques. Dans ce Moyen-Âge éternel et fantasmagorique, la politique se fait par l'intermédiaire des jeux de pouvoir entre des familles nobles plus ou moins alliées par des contrats familiaux - ou aliénées par des rancoeurs parfois vieilles de générations. Les personnages se trouvent donc prisonniers de leur propre héritage et souvent, bien peu capables de s'en détacher. La figure de Robb Stark, assez peu vue dans cet épisode - chose que je regrette - m'apparaît emblématique de ce concept d'héritage contraint. J'espère bien que le prochain tome nous éclaircira son destin...
Le ressort civilisationnel n'est cependant pas tout à fait laissé de côté. Lorsque l'on gratte le vernis des enjeux politiques entre les grandes familles, on retrouve - parfois sous plusieurs couches - le bois de conflits cette fois-ci non plus idéologiques mais bel et bien de civilisations. A la guerre civile entre Joffrey, le fils incestueux, son oncle Stannis et son oncle Renly se superpose un conflit supplémentaire où Robb Stark se trouve être la figure de proue de la rébellion des "Premiers Hommes", ceux qui adorent encore les Anciens Dieux, au Nord. Stannis Baratheon, lui, envisage de renier les deux panthéons traditionnels de Westeros pour se convertir à un culte nouveau, celui du dieu unique R'hlorr. C'est en fait l'ensemble des comptes d'un monde tout sauf tranquille qui s'apprêtent à être soldés : les comptes du passé mal digéré de la conquête de Westeros par le deuxième flux migratoire humain, celui des Andals, au détriment des Premiers Hommes ; mais aussi les comptes qu'un culte fanatique souhaite régler avec ceux qu'il tient comme des adeptes de faux dieux.
La déchirure qui s'installe dans les Sept Couronnes semble par ailleurs se conjuguer avec des événements d'ordre supérieur : l'Eté de dix ans prend fin, et après l'Eté, vient l'Hiver. Jadis, le froid et le mal ont régné pendant toute une génération, quand les Autres ont soumis les royaumes humains à leur pouvoir. Huit mille ans après qu'ils aient été repoussés au-delà du Mur, au Nord du monde, leur souvenir est presque oublié. Pourtant, leur retour semble imminent comme en témoignent les faits inquiétants relevés par la Garde de Nuit en charge du Mur. A la discorde politique et civilisationnelle va donc, sans nul doute, se superposer un déséquilibre cosmique à même de rebattre les cartes.
La maîtrise de son intrigue par l'auteur m'apparaît d'une exceptionnelle solidité. Le schéma en est encore imprécis, mais il y en a un, c'est certain. Il va de soi que je me plongerai dans la suite avec délices - après avoir lu autre chose histoire de ne pas aller trop vite non plus...
Commentaires
Alors figure-toi que j'en suis au tome 5 "dance with dragons", et que la "fin" de ce dernier est tout bonnement HORRIBLE !!! Quand je pense que je vais devoir attendre je ne sais pas combien de mois avant de savoir la suite... Grrr...
8)
Pour "Le Trône de Fer", j'ai fait mon lâche et je le lis en français... Donc j'ai encore pas mal de tomes avant d'en arriver à la fin actuelle de la publication. Ceci dit, l'auteur, qui se voit rattrapé par l'avancement de la série, va semble-t-il tenter d'accélérer le rythme de parution...