Le Trône de Fer tome 5

J'ai poursuivi ma lecture du Trône de Fer avec ce cinquième épisode. La lecture de la suite est d'ores et déjà prévue puisque j'ai le livre dans ma PàL estivale...

Résumé :

Stannis Baratheon, le frère du défunt roi Robert, a réussi à éliminer son cadet Renly grâce aux maléfices de Mélissandre, la prêtresse rouge du dieu R'hlorr. Sa flotte maintenant maîtresse des côtes orientales, il peut se diriger vers Port-Réal où se trouve son ennemi principal. Dans la capitale, c'est Joffrey qui occupe le Trône de Fer : le fils incestueux de la régente Cersei et de son frère jumeau Jaime Lannister ignore qu'il n'a aucune légitimité à régner sur les Sept Couronnes. Son oncle Tyrion Lannister a pris en charge la défense de Port-Réal : contre Stannis, qui s'est révélé un stratège redoutable, il faudra en recourir à la ruse et aux pièges, car le patriarche Lannister, Lord Tywin, est toujours empêtré au Nord dans sa guerre contre Robb Stark. A l'Est, Daenerys est en quête d'alliés : elle n'a pas renoncé à son projet de reconquérir le continent occidental sur lequel sa famille a régné jadis... Bien trop de souverains se disputent le Trône de Fer, cependant, alors qu'au Nord les Sauvageons s'apprêtent à forcer le Mur : la Garde de Nuit pourra-t-elle continuer sa mission alors que, sur ses arrières, les Sept Couronnes se déchirent et oublient le péril endormi depuis des milliers d'années ?

Depuis quelque deux mille pages cumulées, l'univers du Trône de Fer est à présent bien rôdé, riche en concepts dont tous peuvent être, d'une façon ou d'une autre, rattachés à des traditions historiques ou littéraires plus anciennes. De la sorte, les précisions, voire les révélations, s'intègrent avec naturel au fil de la lecture. On commence à faire le tour de Westeros, le continent occidental barré au Nord par le fameux Mur et du coup, l'attention du lecteur se tourne bien plus volontiers vers les mystères de l'Est, dont l'Histoire semble encore bien nébuleuse. Et pas que l'Histoire, en fait : avec l'éclosion miraculeuse des dragons de Daenerys, a sonné dans le monde entier le réveil de la magie, comme le suggère la facilité avec laquelle les alchimistes de Port-Réal constituent leurs stocks de "feu grégeois". On se doute qu'entre cette éclosion, le réveil des Autres au-delà du Mur et les inquiétants pouvoirs de Mélissandre existe un lien subtil, un genre de fatalité cosmique équivalente à la destruction finale de l'Anneau Unique au terme de l'oeuvre de Tolkien : si le "grand schéma" de cette série tentaculaire m'apparaît encore très flou, j'ai le sentiment que la conclusion du Trône de Fer pourrait impliquer un mouvement inverse à celui du Seigneur des Anneaux, à savoir, un déclin de l'espèce humaine au profit d'autres formes d'intelligence. L'avenir le dira sans doute.

Si ce livre est tout aussi prenant que les précédents, et si j'en suis sorti enthousiaste, il n'empêche que j'en garde un souvenir moins ébloui. La bataille de Port-Réal était attendue : si l'on pouvait s'attendre à quelques surprises, on n'imaginait cependant pas un tel retournement de situation. J'ai été fort déçu de ne pas voir l'infect Joffrey mordre la poussière, mais au-delà de cette surprise, j'ai dans la bouche comme un mauvais goût de deus ex macchina. La suite me dira si, par hasard, quelque chose m'aurait échappé... Dans le même temps, se poursuit la "chute de la Maison Stark" dont le destin tragique ne cesse de me faire penser à celui des Atréides dans Dune. George R. R. Martin s'acharne en effet sur la famille noble qui semble avoir hérité de la plus ancienne tradition de Westeros, comme en témoigne sa devise... Il se paye même le luxe d'en faire disparaître la demeure ancestrale ! Avec l'absence remarquée de Robb, à présent le chef de famille, c'est vers le jeune Bran que se tourne l'attention du lecteur. L'infirme se découvre en effet d'étranges pouvoirs : dans un monde où les mystères semblent de retour, il est certain que l'on tient avec lui l'un des personnages capitaux de la série. Mais pour en arriver à son départ dans une véritable quête initiatique, bien des longueurs et développements peut-être pas très utiles... A l'Est, rien de nouveau : toujours aussi peu d'informations qui filtrent autour de ce continent oriental si mystérieux, et qui porte les traces de civilisations disparues. On en regrette presque de ne pas lire plus de passages portant le nom de Daenerys, même si la princesse exilée commence à être presque agaçante avec ses dragonnets que tout le monde veut lui acheter... D'autant plus qu'il est clair que, tôt ou tard, elle va débarquer sur Westeros avec ses dragons et une horde nomade, rajoutant une prétendante au Trône de Fer, ce qui ne manque pas pour le moment...

L'auteur parvient donc à proposer un morceau palpitant et qui, pourtant, ne satisfait pas autant qu'il le devrait. Un peu comme si, à force de péripéties, on oubliait qu'il y a une énigme dans cette histoire. Nous verrons bien ce qu'apporte le prochain épisode...