Le Voyage de Haviland Tuf

L'un de mes gains dans le cadre du Summer StarWars Episode V, ce livre de George R. R. Martin est un space-op' assez différent du Volcryn (du même auteur) déjà chroniqué en ces lieux.
Résumé :
Quelques siècles après l'effondrement de la Fédération impériale terrienne, l'humanité vit une espèce de Moyen-Âge galactique où l'on redécouvre, parfois, des lambeaux de technologie perdue. L'Arche est un mythique vaisseau à germes de la Corporation d'Ingénierie Ecologique et ses ressources biologiques représentent une richesse incalculable, sur laquelle tout ce qui ressemble de près ou de loin à un pirate dans le secteur voudrait mettre la main... à condition d'être mis au courant de son existence ! Haviland Tuf, c'est un contrebandier dont le visage lunaire dissimule bien mal la ressource et même la rouerie : accompagné de ses fidèles compagnons félins, il va mettre la main sur l'Arche et, déterminé à se présenter comme le premier ingénieur écologue en activité depuis des siècles, va bouleverser l'existence de bien des mondes...
Ayant depuis quelques semaines découvert avec délices le fameux Trône de Fer du même auteur,  je me suis attaqué à ce livre sans inquiétude particulière. Je dois dire que j'ai vite été surpris par ma difficulté à entrer dans cette histoire : en réalité, ce n'est pas UNE histoire mais bel et bien une juxtaposition de plusieurs grosses nouvelles et ce livre mériterait donc presque le qualificatif de recueil. Je ne dirai pas que les différents passages n'ont pas de lien entre eux, mais il faut bien reconnaître que ce lien est plutôt ténu car ne reposant souvent que sur le seul personnage de Tuf, ses astuces et sa capacité à enfumer ses clients. Il existe bel et bien quelques personnages récurrents, avec ce que l'on pourrait qualifier "d'arc S'uthlamien", qui tourne autour de cette civilisation machiniste, hédoniste et pullulante perçue comme une menace par ses voisins, que Tuf, au cours de son périple, va visiter pas moins de trois fois. Et qu'il va finir par transformer à jamais.

Chaque nouvelle peut en fait s'interpréter comme un planet-op' ou comme un space-op' un peu claustrophobique. On aurait aimé que Tuf nous serve de guide, dans cet univers qui mériterait d'être exploré plus en détail. Hélas, bien souvent le contrebandier devenu ingénieur écologue apparaît comme un simple interlocuteur pour le personnage disposant du point de vue, si bien qu'il demeure une véritable énigme. Est-il stupide, comme son apparence poupine le laisserait volontiers supposer ? Ne trouverait-il des solutions aux problèmes du monde que par hasard ? Ou bien cacherait-il très bien son jeu ? Quitte à jouer la carte du personnage énigmatique, j'aurais apprécié que l'auteur aille encore plus loin. Qu'il nous fasse douter à chaque instant plutôt que de disperser des indices et de changer, en fin de compte, son personnage en maître omnipotent. Sur la fin, ce livre change en effet de dimension et devient presque inquiétant, comme si le pouvoir montait à la tête du brave Tuf. Enigme, vous avez-dit ? Je crois bien avoir trouvé là-dedans une citation dunienne de premier ordre, à travers une variante du fameux "le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument".

Sans être manqué, ce livre m'est apparu décevant car incertain de lui-même. Antérieur d'une dizaine d'années au Trône de Fer, sans doute faut-il le considérer comme une oeuvre d'un auteur n'ayant pas encore atteint sa maturité...

Voir aussi la chronique du Traqueur Stellaire, celle d'Efelle et celle d'A.C. sur Yozone.

Commentaires

Guillmot a dit…
Je suis allé relire ma chronique de l'époque, et j'avais été très très court, notant au final le bouquin de sympa mais dispensable.
Gromovar a dit…
Le caractère un peu parodique du sujet m'a toujours repoussé.
Anudar a dit…
Sympa mais dispensable, c'est tout à fait ça.
Anudar a dit…
Parodique, oui et non... Il y a des idées qui ne sont pas traitées sous l'angle de la parodie là-dedans.

Le bidule est inclassable. D'ailleurs l'éditeur le range dans la Fantasy (voir sur la quatrième de couverture) ! Va comprendre...
A.C. de Haenne a dit…
C'est avec ce roman que j'ai découvert le terme de fix-up.
J'en garde un plutôt bon souvenir car, outre qu'il s'agissait-là de mon tout premier S.P. pour le Yozone, je le lisais durant mes toutes premières Utopiales.
Bonne chronique en tout cas.
Si je peux me permettre : http://www.yozone.fr/spip.php?article8658

A.C.
Lorhkan a dit…
J'avoue que le "ton" du bouquin ne m'inspire pas vraiment...
En revanche, le Bifrost 67 m'a furieusement donné envie de lire du Martin (autre que le Trône de fer, dont je n'ai lu que la première intégrale, et que je dois poursuivre également). Et ça va commencer pas plus tard que maintenant !
Anudar a dit…
Fix-up = ?

Liens faits, en tout cas.
Anudar a dit…
Je t'avouerai que de mon côté j'ai eu un peu de peine avec le démarrage de ce livre... J'ai quand même mis un sacret paquet de jours à en venir à bout...
A.C. de Haenne a dit…
Un fix-up est, en gros, la transformation d'un recueil de nouvelles en roman. En ajoutant un peu de matière pour rendre le tout fluide.

Merci.

A.C.
Tigger Lilly a dit…
Arf ça s'engage mal. Bon, je finirai sans doute par le lire quand même : Martin est le genre d'auteur dont j'ai envie de lire tous les écrits.
Anudar a dit…
Je vois. Merci à toi !
Anudar a dit…
J'attends de voir ce que tu m'en diras.
Efelle a dit…
Une bonne distraction, amusant sans être inoubliable.
Ma chronique de l'époque : http://efelle.canalblog.com/archives/2007/11/11/6846065.html
A.C. de Haenne a dit…
Ah mais, je t'en pris. Pour une fois que je peux sortir ma science (fictive). Et puis, pour une fois que j'ai lu un bouquin avant les autres, autant en faire profiter tout le monde... ;-)

A.C.
Anudar a dit…
Science (fictive) : priceless :) !
Anudar a dit…
Lien fait, je vais aller lire ça !