Ti-Harnog
J'ai eu l'occasion de lire du Christian Léourier dans le numéro 65 de la revue Bifrost. Le Traqueur Stellaire m'ayant parlé de son Cycle de Lanmeur et même interviewé son auteur, je me suis décidé il y a plusieurs mois de me lancer dans cette lecture. A la faveur du challenge estival (qui se termine ce soir), j'ai pu lire le premier volet de ce cycle de space-opera...
Résumé :
Twern, sur Ti-Harnog, est le seul et unique Visiteur, contraint par sa Vérité à une vie d'errant sur un monde où un système de castes maintiennent une société sclérosée. Il est aussi le seul et unique homme venu d'un autre monde, la lointaine Lanmeur, une civilisation expansionniste ayant découvert le voyage spatial et déterminée à prendre contact avec les autres humanités. Un atterrissage mouvementé l'ayant privé des ressources de la technologie de Lanmeur, le voici désormais isolé sur un monde aux usages étranges et à l'Histoire mystérieuse. Face aux exigences de la survie, Twern devra-t-il endosser le destin du Penn't Adébenn, celui qui, d'après la légende, viendra bouleverser à jamais l'Histoire du Pays ?D'après ce que je sais, le Cycle de Lanmeur est fondé sur un mystère : les "contacteurs" de la civilisation lanmeurienne, chargés de préparer l'arrivée des colonisateurs, sont confrontés à des peuplades qui, au-delà d'humanoïdes, sont bel et bien humaines puisqu'elles sont interfertiles - malgré parfois quelques bizarreries du cycle reproductif, comme ce troublant premier volume le mentionne presque d'emblée. Le space-op', ici, se rattacherait presque volontiers au planet-op', puisque de Lanmeur, on ne verra presque rien hormis quelques souvenirs des années de formation de Twern : perdu sur un monde étranger, sa mission lui paraît bientôt vaine alors que le mystère s'épaissit, comme s'il en était venu à pressentir l'issue finale. Pourtant, le destin de Twern est dévoilé dès le premier chapitre sans que le lecteur ne se doute un seul instant de ce qu'il va se produire pendant la majeure partie de l'intrigue, présentée comme un long flashback. La construction de l'oeuvre y gagne une véritable originalité, soutenue par la persistance de quelques mystères non résolus.
Le planet-op', souvent, permet à la SF de se comprendre comme de la socio-fiction. Là où Frank Herbert, dans Dune, imaginait une socio-fiction contrainte par l'écologie, Christian Léourier préfère construire une société fermée aussi mais contrainte par le langage et les formes du jeu politique. Ainsi, la caste des Saigneurs, si elle évoque volontiers une forme de féodalité - en effet non usurpée - possède un rôle social bien plus profond que celui du commandement. Chacune des castes est elle-même contrainte par sa propre Vérité, une série de lois qui régissent les droits - les devoirs ! - de chacun de ses membres. Plus que la surprenante biologie des êtres humains de Ti-Harnog, c'est le rôle social des castes qui va désarçonner Twern. Relégués sur le continent du Nord, les horcs, diminutif transparent de "hors-castes", sont ceux qui refusent le système : c'est auprès d'eux que Twern va devoir accomplir son propre destin, en forme de révélation quand au passé de Ti-Harnog - et en forme de pied de nez, peut-être, au destin de Paul Atréides...
Quoi qu'il en soit, une excellente ouverture de cycle : nul doute que j'y reviendrai.
Commentaires
Ah, oui, je préférerais que tu dises "un" spécialiste de Dune, tout comme toi je suis un être humain phallophore :P ...
OK. A force de me demander si je le lis, je vais bien finir par le lire (ça finit toujours comme ça).
Bon, première chose : me procurer le tome 1, ensuite croiser les doigts pour un certain concours... :D