Niourk tome 1 : l'Enfant noir
J'avais lu Niourk à l'âge de treize ans, non par le fait de mon professeur de lettres - qui avait glissé Ravage de Barjavel entre nos mains - même si je sais que pas mal d'élèves de Quatrième ont eu l'occasion de l'étudier en classe. Sans dire qu'il m'avait alors fait une très forte impression - j'avais en particulier trouvé la fin assez artificielle - ce livre m'apparaît comme l'un des plus intéressants de Stefan Wul - ou du moins, comme l'un des plus intéressants du "premier Wul", celui d'avant Noô. Il se trouve qu'un projet vient de voir le jour : sous le titre Les Univers de Stefan Wul, des auteurs de BD se proposent d'adapter certains des livres de Wul et Niourk (l'un des plus connus du grand public ?) fait partie du lot...
Résumé :
Une Terre future et meurtrie suite à l'assèchement des océans. Retournés à la sauvagerie, les êtres humains chassent le gibier dans les plaines arides et interminables qui ne sont autres que les anciennes abysses... La tribu de Thôz craint les dieux, ceux qui vivent au sommet des montagnes enneigées de Jamaï, et les monstres qui viennent des grands lacs salés de l'Ouest. Par chance, elle compte parmi les siens le "vieux", un chaman réputé pour être le seul à pouvoir entrer dans la "ville des dieux" d'où il ramène d'étranges objets, qu'il présente comme autant de preuves de la faveur divine... Le "vieux", au moment de partir une fois de plus, annonce qu'à son retour le paria devra mourir : l'enfant noir, le seul de sa couleur, comprend qu'il va falloir se battre pour survivre. De la ville des dieux jusqu'au pays des monstres, c'est pour lui le début d'un long voyage qui pourrait bien le changer à tout jamais...
Cette BD, très fidèle à l'intrigue du livre qu'elle adapte, est servie par un dessin à la fois contemporain et expressif. L'auteur parvient, sans artifices, à suggérer l'effondrement d'une société de consommation, un effondrement que l'on devine brutal : au sommet de la montagne, ou plutôt, là où s'élevait jadis le niveau de la mer, les machines des villes fonctionnent toujours. Instantané saisissant d'une galerie commerciale où un détecteur s'éveille au moindre mouvement pour émettre des hologrammes, lesquels ont pour but d'allécher le client potentiel ! Une scène qui retranscrit fort bien, dans un contexte plus contemporain, le concept d'affiches mobiles imaginé par Wul dans les années 1950... C'est en fin de compte la visite à cette ville désertée qui apparaît comme le moment fort de cet album, le reste - scènes de chasse par une tribu d'intellects épais, mais aussi l'apparition inquiétante des "monstres", c'est-à-dire, ces poulpes intelligents produits jadis par l'ingénierie génétique d'une humanité orgueilleuse, s'inscrivant aussi dans la tradition post-ap' mais n'ayant pas la même force d'évocation.
L'album, assez joli, est tout aussi accessible au jeune public que le livre qu'il adapte. Ne reste plus qu'à espérer que la suite sera aussi à la hauteur - tout comme les autres adaptations... D'ores et déjà, le premier tome de Oms en Série est disponible, et je pense le chroniquer bientôt. Restez en ligne...
Commentaires
Du reste, il s'agit ici de l'adaptation en BD, non du livre.