Eden

Offert pour mon abonnement à la revue Bifrost l'année dernière (il était d'ailleurs accompagné de son petit frère intitulé Sentinelle), voici un livre écrit à deux mains qui me permet d'inaugurer l'étiquette thriller sur le blog.
Résumé : 
Eden, c'est un groupuscule éco-terroriste dont un commando s'attaque aux serres et surtout au laboratoire de Naeliev, un biologiste bien connu pour sa capacité à produire des roses aux coloris inédits. Sauf que l'expédition tourne au cauchemar : Thomas Hearing, seul survivant, parvient à s'échapper après avoir été contaminé par un échantillon brisé par erreur... et emporte avec lui une étrange souris blanche aux yeux verts. Bien vite, des tueurs au service d'une obscure officine gouvernementale sont à ses trousses et lui mettent des meurtres sur le dos... A Interpol, Renzo Sensini, déjà quelque peu placardisé parce qu'il met les doigts dans les enquêtes qu'il ne faudrait pas, va chercher à comprendre. Qu'est-ce que Naeliev mijote dans son laboratoire ? Et avec Hearing dans la nature, n'est-il pas déjà trop tard pour le monde ?
Il y a là-dedans juste ce qu'il faut de manipulations génétiques audacieuses pour que le thriller tourne à la SF (pas trop) débridée. Somme toute, c'est une (n-ième) histoire de guerre froide poursuivie après 1989, voire 1991, qui nous est racontée ici, une histoire prenant ses racines dans les rumeurs d'expérimentations médicales secrètes en Roumanie sous Ceaucescu, et fleurissant donc au fin fond de la Suisse. Le reste, c'est une enquête conduite par un flic muni d'un chapelet assisté par un geek d'origine roumaine. Lesquels personnages croiseront donc une (belle) éco-terroriste menacée, un couple de tueurs slaves (et donc cinglés), un très vieux monsieur russe (blanc ?), un savant inquiétant (voire fou) et aussi des monstroplantes invasives (et parfois même carnivores, sur la faim - pardon, la fin).

J'avoue aimer les histoires d'Histoire secrète. Ici, les délires de Naeliev prospèrent sur un terreau fictif dont je n'avais pas connaissance, à savoir, l'idée selon laquelle pendant la guerre froide le bloc de l'Est aurait plus volontiers misé sur la biologie, et moins sur l'électronique, un choix contraire de celui fait par le bloc de l'Ouest. Mouais : jusqu'à preuve du contraire, Lyssenko n'a été désavoué qu'en 1965. Admettons néanmoins la chose et plongeons-nous dans cette ambiance où un biologiste sème les graines d'une nouvelle humanité, celle qui apprend enfin la leçon enseignée par le végétal depuis si longtemps. Mais pour concevoir ces graines, il faut des sujets d'expérience et c'est là que se fait jour l'ubris de Naeliev, lequel n'a aucun scrupule à coopérer avec des barbouzes de tous les pays pour arriver à ses fins. On comprend, avant la fin du livre, qu'après la Suisse la Chine est prévue pour être sa prochaine étape, mais bien entendu quelque chose va mal tourner, parce que la nature profanée finit toujours par se révolter...

Je dois dire que le message de ce livre, si message il y a bien sûr, m'est apparu on ne peut moins clair et surtout brouillé. De toute évidence, les auteurs se sont ménagés la possibilité de poursuivre cette histoire même si, à en croire la quatrième de couverture, ce n'est pas l'objet du livre suivant dans la série. J'ignore s'il s'agit là de biopunk mais ça serait donc à suivre... malgré la déception.

Commentaires

Gromovar a dit…
Bon, ce que tu en dis me suggère d'éviter jusqu'au jour où je serai très vieux et où ma PAL et ma LAL seront complètement vides.
Anudar a dit…
Les monstroplantes t'ont tueR ?
Guillmot a dit…
Cela m'évoque pas mal de discours écologistes en fait, on se rapproche presque du militantisme des "citoyens vigilants" qui ont dévasté des labos de biotechnologies.
Anudar a dit…
L'ennui de ce bouquin c'est qu'à force de ne pas prendre parti on ne sait pas trop où les auteurs veulent en venir...