Iron Sky
J'avais eu l'occasion, aux Utopiales 2011, d'assister au workshop d'Iron Sky, un projet de film un peu déjanté dont d'autres que moi ont suivi l'histoire particulière. Il a été diffusé le Jeudi 8 Novembre, dans le cadre de l'édition 2012 des Utopiales... Et je ne pouvais pas ne pas voir ça.
Résumé :
En 2018, la Présidente des Etats-Unis, en quête de réélection, envoie une mission sur la Lune cinquante ans après les missions Apollo. Une expédition à deux objectifs : assurer sa gloire personnelle, bien sûr, mais aussi rechercher le précieux Hélium-3 qui garantira l'indépendance énergétique des Etats-Unis pendant des générations... Sauf que l'expédition tourne mal : comme dans un mauvais film, les communications s'interrompent entre Houston et le module lunaire... et la cote de popularité de la Présidente menace de s'effondrer... sans compter la suspicion des Nations Unies. Ce que personne ne sait, par contre, c'est qu'il y a pire à craindre. Parce que sur la Lune, se planque depuis 1945 le dernier carré des échappés du Troisième Reich, qui préparent avec méthode leur come-back sur Terre. La meteor-blitzkrieg aura-t-elle lieu ?Que voilà un sujet qui promettait d'être casse-gueule. Les initiateurs du projet sont partis, à ce qu'il semble, d'une réflexion de sauna (ils sont finlandais) de ce genre :
"Quelqu'un aurait une idée pour un film à faire ?
_Pourquoi on ne ferait pas un film avec des nazis sur la Lune ?
_Mec, t'es un génie."
Premier obstacle : cela n'a-t-il pas été fait, déjà ? D'une façon surprenante, non. Si toute une littérature s'est penchée sur l'idée selon laquelle des allumés du Troisième Reich auraient pu survivre et se planquer dans un coin, sur Terre (ou même ailleurs) pour préparer leur vengeance, personne n'avait encore osé aller jusqu'à en faire un film. Et encore moins un film de science-fiction. Iron Sky n'aurait en vrai qu'un goût saumâtre s'il n'était pas rempli de fines références permettant de sentir en continu que l'on se trouve dans une véritable parodie de films du type "jeu vidéo". Références à la culture geek, bien sûr, mais aussi références au monde réel. Dans Iron Sky, la Présidente des États-Unis est républicaine et partage une troublante ressemblance avec une certaine Sarah Palin, trophées de chasse compris. Dans Iron Sky, le vaisseau de guerre que les américains envoient dans l'espace est le USS George W. Bush. Dans Iron Sky, la station MIR n'est en fin de compte pas tombée sur Terre... Et elle vole dans l'espace accompagnée par les premières mesures de l'hymne soviétique (et russe) !
Iron Sky est en réalité une excellente pièce d'humour noir à prendre au seize millième degré. C'est ici que se trouvait un deuxième obstacle : il peut sembler bien difficile de rire avec un sujet aussi grave que le nazisme. Or ici, les personnages de nazis sont de telles caricatures, tout comme d'ailleurs leurs antagonistes, qu'il faudrait le faire exprès pour ne pas prendre ceci pour de l'humour. Brassards à croix gammée omniprésents sur uniformes à la coupe prussienne. En face, la commandante du vaisseau américain se présente sur le pont avec un costume en cuir muni dans le dos de plumes de la même matière (?), parce que la guerre, c'est comme tout, ça doit se faire avec style... En fin de compte, Iron Sky est un divertissement plus qu'assumé, une performance délirante, un jeu vidéo con à souhait, tout ceci à la fois et plus encore : en peu de mots, c'est un film jubilatoire. Bravo !
Commentaires
En tout cas , à souligner que ce film a remporté une mention spéciale du jury lors de la compétition internationale et qu'il a remporté aussi le Prix Syfy public (grâce à nous eh eh).
@Vert : d'autant plus jubilatoire que les personnages, eux, se prennent au sérieux.
@Endea : non, je ne te dirai pas puisque tu n'as pas voulu :P ...
A.C.