Yoko Tsuno tome 26

Il a déjà été question ici de Yoko Tsuno, l'héroïne humaniste venue du Pays du Soleil Levant et dessinée par Roger Leloup... A ma surprise, après cinq ans d'attente entre la parution du tome 24 et celle du tome 25, il n'a fallu que deux ans pour voir sortir en librairie ce tome 26. Que nous réserve-t-il ?

Résumé : 

En Russie, Yoko et Emilia remontent à bord du Tsar, cet étonnant prototype d'avion antigravitationnel que ne renieraient pas les Vinéens, pour une traversée discrète de la mer en destination de l'Ecosse. Arrivées sur place, elles découvrent qu'un courrier très étrange les attend : l'arrière-grande-tante et la grand-mère d'Emilia, mortes depuis des années, ont chargé un notaire de leur transmettre d'importantes informations... Et lorsqu'elles visitent le cottage laissé en héritage à Emilia, c'est pour y découvrir un très étrange savant qui prétend venir lui-même des années 30 grâce à une machine à voyager dans le temps ! Une fois de plus, Yoko va devoir affronter les dangers du passé pour accomplir son destin...

Pour qu'un Yoko Tsuno soit réussi, je crois qu'il faut y voir respecté un subtil équilibre entre les retrouvailles et les questions d'ordre science-fictif. Roger Leloup innove ici en choisissant de réutiliser l'un de ses thèmes de prédilection, à savoir celui du voyage temporel, sans en recourir au translateur de Monya, la jeune fille du XXXIème siècle apparue dans La Spirale du Temps. On craint, pendant quelques cases, que Yoko va en effet appeler la survivante du futur à la rescousse et donc nous plonger dans une répétition de ces albums du cycle du translateur, si efficaces pour amener Yoko dans un contexte historique original mais en fin de compte peu satisfaisants mis à part les deux premiers... Mais en fin de compte, non : c'est avec une technologie plus rudimentaire, moins efficace et surtout plus périlleuse que le duo d'aventurières se trouve projeté dans le passé, en éclipsant quelque peu, du coup, le thème des retrouvailles avec les autres membres de la "team Yoko", lesquels ne sont vus qu'au détour d'une case. Pour le deuxième album consécutif on est donc délivré du parasitage par Rosée : si l'on peut regretter de ne pas revoir plus Vic et Pol, c'est en soi une satisfaction de voir Yoko amenée à se concentrer sur autre chose que sa fille adoptive.

Propulsées dans le passé sans s'y être préparées, Yoko et sa nouvelle complice vont devoir faire face à une situation plutôt stressante. Parce que les années 30 sont riches de dangers qu'elles ne soupçonnent pas : Emilia, elle-même, ne sait que peu de choses de sa propre famille et des arrangements louches que le patriarche a conclus pendant ces années troubles... Le voyage temporel apparaît ici comme un prétexte, en fait, pour aborder une nouveauté : l'améthyste éponyme de cet album semble posséder un pouvoir mystérieux, qui se révèle à Yoko à la fin de l'histoire et c'est bel et bien là le véritable questionnement qui nous est proposé. Quand aux retrouvailles, elles sont fort théoriques, et elles sont surtout le fait d'Emilia plus que de Yoko. En se renouvelant, l'auteur parvient à libérer son personnage principal qui parvient, du coup, à s'investir d'autant mieux dans son rôle : Yoko se comporte maintenant d'autant plus en grande soeur, ou en copine, pour Emilia, qu'elle semble presque posséder une forme d'omniscience, devinant qu'un meurtre se prépare dans le passé, puis comprenant qu'un imposteur les attend dans le futur. Nul doute que le personnage a changé, depuis les premiers temps de la série : la tête-brûlée, à présent, c'est Emilia, tandis que Yoko est devenue à la fois plus sage et plus robuste.

Roger Leloup nous préparerait-il à un passage de témoin ? L'avenir le dira, même si l'on s'attend à ce que le fin mot de cette histoire d'améthyste soit connu dans le prochain album...