L'Eternaute tome 1
Découvert par le conseil de mon père et lu dans la foulée, voici le premier tome d'une BD argentine classique.
Résumé :
Une nuit, un homme reçoit une étonnante surprise : sur la chaise en face de lui se matérialise un personnage revêtu d'un étrange costume. L'Eternaute est un voyageur du temps nommé Juan Salvo qui commence à lui raconter son histoire... Une nuit, s'est mise à tomber sur Buenos Aires une neige phosphorescente et mortelle qui élimine toute vie en quelques heures. Très peu de survivants, et parmi eux, Juan, sa famille et quelques amis, par hasard présents dans la maison des Salvo. Il va falloir s'organiser : d'abord, pour assurer la survie de leur groupe, il faut s'approvisionner, donc fabriquer des combinaisons permettant de se protéger de la neige empoisonnée. Mais il faut aussi prévoir la rencontre avec d'autres groupes de survivants, qui ne seront peut-être pas tous amicaux... et surtout, résoudre l'inquiétante question de l'origine de la catastrophe...
A la lecture de cette histoire où, en quelques pages, le monde change d'une façon radicale et devient très hostile à la vie, on ne peut que penser au Ravage de René Barjavel, sauf qu'ici ce n'est pas que la civilisation qui s'effondre mais bel et bien l'ensemble de la biosphère qui est rayé de la carte. Une quinzaine d'années séparent les deux oeuvres : il est vrai que la mise au point de l'arme nucléaire, dans l'intervalle, ouvrait de nouvelles et catastrophiques perspectives. L'intrigue de L'Eternaute commence donc par un véritable schéma post-apocalyptique : il s'agit d'abord de garantir la survie du groupe. Dans ce premier temps, les péripéties qui affectent les personnages de l'histoire n'apparaissent pas très originales : bricolage et organisation destinés à gagner du temps contre la catastrophe. L'un des amis de Juan va jouer un rôle central dans cette partie de l'intrigue : le professeur Favelli est assez fûté pour être capable de construire les combinaisons à partir du matériel présent dans la maison, puis de donner les ordres nécessaires à la survie du groupe, et pour une durée importante.
On perçoit ici son envie de gagner le droit de penser aux causes de la catastrophe. Des indices de plus en plus nombreux viennent soutenir une hypothèse bientôt vérifiée : il s'agit en réalité d'une véritable invasion d'extraterrestres qui préparent leur arrivée par l'élimination des formes de vie préexistantes. La radicalité de la solution, et surtout ce qu'elle suggère quant à l'altérité tout aussi radicale des envahisseurs, n'est pas sans éveiller une inquiétude toute borgésienne. Cependant, les "scarabées" monstrueux qui se manifestent dans la dernière partie de cet album ne sont pas les vrais envahisseurs, comme Favelli va vite le comprendre. Asservis par des implants cérébraux, ils ne sont que les pantins d'êtres plus intelligents - et surtout beaucoup plus puissants. Le groupe de survivants, rassemblé en un noyau d'armée, va peu à peu mesurer l'ampleur de la tâche - irréalisable, peut-être ?
L'Eternaute a été publié en feuilleton à la fin des années 50. De ces deux caractéristiques, l'oeuvre finale (semble-t-il revue et corrigée depuis, même si celle que j'ai pu lire est conforme à l'original) conserve une structure en épisodes qui se repèrent à différents moments de suspens, ainsi qu'un graphisme me faisant beaucoup penser à celui de la série anglaise (un peu plus récente) L'Empire de Trigan de Don Lawrence, dont un exemple du travail est visible sur ce lien. Dans les deux cas, on tient en fait une oeuvre très caractéristique de son époque tant au sens de son inspiration que de ses choix graphiques : à ce titre, L'Eternaute m'apparaît comme un véritable classique... et j'ai la ferme intention de savoir comment cela se termine.
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