Star Trek into Darkness
J'avoue très volontiers ne pas bien connaître Star Trek. Mis à part quelques épisodes de la série télévisée, celle des années 60 bien sûr, je dois reconnaître n'avoir jamais eu l'occasion de voir les premiers films, ceux qui sont sortis au plus fort de la première folie Star Wars - univers de space-opera concurrent dont je suis plus volontiers fan - et j'ignore une très grande partie du contexte historique du Trekverse. Néanmoins, j'avais apprécié - à sa sortie en 2009, soit donc avant l'ouverture de mon blog - le "reload" représenté par le Star Trek de J. J. Abrams (lequel a réalisé plus tard Super 8). C'était suffisant pour m'inciter à me déplacer pour voir le deuxième opus de ce reload : chose faite hier soir.
Résumé :
Lors d'une mission pas très officielle, Kirk a eu l'occasion de violer un certain nombre de règlements de Starfleet : non content de faire enrayer par Spock un cataclysme volcanique menaçant d'éliminer une civilisation primitive sur une planète arriérée, voilà qu'il a laissé les primitifs en question voir l'Enterprise sortir des eaux, une intervention directe dans leur évolution culturelle. Aussi, quand Spock - les Vulcains ne mentant jamais - fait son rapport, Kirk se voit dégradé, privé du commandement de son cher vaisseau. Starfleet va cependant avoir besoin de lui très vite : un terroriste du nom de Harrison vient de commettre un attentat monstrueux aux archives de Londres... et se paye même le culot de décapiter le commandement de Starfleet rassemblé en réunion de crise au QG ! Alors que Harrison semble s'être dissimulé sur la planète-mère de l'Empire Klingon, c'est-à-dire hors de portée de la Fédération, Kirk reçoit l'ordre de l'éliminer en utilisant une arme nouvelle et sans nul doute dangereuse, que l'ingénieur de bord de l'Enterprise pense à même de déstabiliser le réacteur... Harrison est-il pour de vrai un renégat de Starfleet ? Est-il à la solde des Klingon ? Ou bien les supérieurs de Kirk auraient-ils des intentions inavouables ?
J'ai eu l'occasion de dire sur DAR qu'à mes yeux, si le "F" de la SF dans Star Wars veut dire fantasy plus que fiction, dans le même temps le "S" de la SF dans Star Trek ne veut pas dire science mais bel et bien soap. Science-fantasy contre soap-fiction : il est clair qu'il me faut inaugurer ici une nouvelle étiquette sur ce blog à travers ce jugement très subjectif et que je pense, pourtant, très fondé. La SF dans ce film semble représentée par plusieurs bonnes idées : certes les vaisseaux spatiaux se déplacent-ils de toute évidence à des vitesses supra-luminiques, certes le terroriste - dont le vrai nom est Khan - est-il un représentant d'une post-humanité agressive et orgueilleuse, certes les extraterrestres pullulent en un bestiaire des plus bigarrés... mais que de bonnes idées, là-dedans, qui ne sont guère exploitées au profit d'interminables développements sur les relations entre les personnages, dans la plus grande tradition du soap à l'américaine. Kirk sauve Spock, Spock se fâche avec tout le monde, Kirk se brouille avec ses potes, on s'allie au méchant contre des putschistes en puissance, on se réconcilie entre potes, y'en a un qui meurt et puis qui ressuscite, et tout ceci remplit deux heures et treize minutes de pellicule - pardon, de temps de cerveau humain - tunnel de pubs et de bandes-annonces non compris.
Y avait-il un méchant pour sauver ce film ? Non, de toute évidence. Les putschistes aux commandes de Starfleet sont éliminés dans le quart d'heure qui suit leur apparition sur l'échiquier. Khan et le masque de cire qui lui sert de visage (deux heures treize de film, une seule expression) auraient pu avoir un potentiel... à condition qu'il y ait eu, quelque part, une volonté de faire quelque chose de cette post-humanité hostile. Mais puisqu'il suffit à Spock de passer en mode berserk pour en venir à bout...
Que retenir de Star Trek into Darkness ? J'ai envie de dire, pas grand chose. Le titre lui-même de ce film n'est jamais explicité. Quant à l'intérêt de ce spectacle, sachant que j'ai dû regarder ma montre deux ou trois fois pour évaluer le temps qu'il me restait à tenir, je l'évalue - sur mon échelle personnelle de l'ennui - quelque part entre Transformers 2 (je m'étais endormi) et la retransmission d'un match de tennis à la télévision (courage, fuyons). En dehors de quelques morceaux de bravoure - la trop brève confrontation avec les Klingon, mais aussi cette plongée dans le vide où Kirk et Khan slaloment entre débris spatiaux, véritable séquence onirique et inquiétante où la vie du héros ne tient en effet qu'à un fil - ce Star Trek déçoit plutôt qu'il ne convainc. A trop insister sur l'opposition schématique entre un Kirk malade de ses hormones et un Spock malade de ses gènes vulcains et de sa coupe au bol, puis sur leur amitié malgré tout à la vie à la mort, ce film ne fait que reprendre le parti-pris du premier et sans doute celui de toute la série télévisée historique. Sans doute, ou peut-être, y a-t-il ici de quoi satisfaire les fans du Trekverse - mais pour séduire les autres, il aurait fallu, je crois, un scénario plus solide. Ou peut-être une durée moins longue...
Commentaires
J'arrête de lire tant que j'ai pas vu le film.
Ce qui avait marché avec Battlestar Galactica a fonctionné du fait du format (une série), là on recycle quelques idées des films précédents et on passe tout au shaker.
Résultat, un truc sans queue ni tête comme le premier film. On en viendrait à regretter le jeu de Shatner.
On dirait que les scénaristes ne savent plus quoi faire avec leurs personnages.
Je ne suis pas non plus versée dans l'histoire Trekverse. J'avais apprécié le premier film, celui-ci peut être appréciable au même titre que Prometheus : divertissant mais pas convainquant.
alors ce sujet date un peu, mais pour te donner un point de vue de trekkie le rebook de JJ Abrams n'a rien de l'esprit de la saga originale. Son Star Trek moderne est décérébré, action à tout va et comme tu dit "soap" façon crise d'ado. Into Darkness est malgré tout un peu meilleur que le premier, notamment parce qu'il y a pas mal de références pour les fans de la première heure.
Mais clairement pour moi ce sont des films sf commercial comme ce qu'on peut faire maintenant si on ne fait pas un peu d'effort et qu'on mise tout sur les fx et les clichés, sans âme, mais ce n'est PAS du Star Trek.
Un vrai Star Trek, c'est un scénario intelligent, presque trop intellectuel, des épisodes très bavards parce que c'est les thèmes et la psychologie qui prévaut sur l'action (il y a ainsi un androïde et un hologramme dont on suit leur évolution vers plus d'humanité, et leur questionnement perpétuel de qu'est ce qu'un être humain...), et au final une belle vision de l'humanité qui découvre l'Autre avec respect. J'apprécie notamment qu'il n'y ai presque pas de manichéisme avec des méchants et des gentils, mais plutôt des peuples qui essayent d’avoir des échanges et se heurtent parfois. Ainsi les klingons, "ennemis" au temps de Kirk à cause d'un malentendu qu'ils n'arrivent pas à réparer, deviennent finalement nos alliés un siècle plus tard.
Bon bien sûr ce sera dit et fait avec plus ou moins de réussites tout au longs des centaines d'épisodes (5 séries TV) et dizaine de films (qui globalement vont aussi dans trop d'action et perdent l’intérêt réflexif originel, perso je pense qu'un format film n'est pas fait pour du ST), et oui il y a bcp de très kitch là dedans. Mais non, Star Trek, le vrai, n'a rien à voir avec les ados décérébrés de JJ Abrams (en dirait une méchante parodie).
voilà :)