Blake et Mortimer tome 7 : L'Enigme de l'Atlantide
Un vieux Blake et Mortimer, et réalisé celui-là par Edgar P. Jacobs lui-même... qui s'intéresse qui plus est à l'une de mes lunes, à savoir, l'Atlantide ! Pouvait-on rêver mieux ? En toute logique, je connais cet album depuis fort longtemps et ai pris soin de le relire avant de faire cette chronique...
Résumé :
L'archipel des Açores, que la tradition considère comme le sommet le plus haut de l'Atlantide immergée, n'est pas que le lieu de villégiature du professeur Mortimer : en explorant un réseau de grottes volcaniques, voilà qu'il découvre un bloc d'un minéral inconnu qui attire aussitôt la convoitise d'Olrik et de ses commanditaires. Hélas pour le maître-espion, l'intervention d'un étrange personnage le prive de sa conquête... Avec l'arrivée de Blake, Mortimer décide alors de redescendre au fond de la grotte afin d'y trouver, peut-être, de nouveaux échantillons de cette roche lumineuse et radioactive qu'il associe à la légendaire orichalque des atlantes. Olrik n'a cependant pas désarmé : s'associant sous un déguisement à l'expédition de Blake et Mortimer, il ne va pas manquer l'occasion de faire d'une pierre deux coups : subtiliser la découverte du professeur... et emprisonner ses deux ennemis sous terre. Contraints à l'évasion dans un inquiétant réseau de grottes, Blake et Mortimer ne vont pas tarder à tomber aux mains d'une très puissante civilisation isolée de la surface du globe... Seront-ils à l'abri dans Poséidopolis ?
Le titre et les premières pages de cet album annoncent la couleur : cette fois-ci, Blake et Mortimer, partis en quête d'orichalque, vont rien de moins que trouver l'Atlantide, qui prend ici la forme d'une culture hellénisante et pourtant très avancée. Le phénomène des OVNIs est, dans le cadre de cet album, explicité en effet par l'extrême avance technologique de la civilisation atlante qui, après s'être enfouie dans un réseau de grottes souterraines (et sous-marines !) s'est isolée du monde pour se consacrer à la science et à la sagesse. L'équilibre millénaire ne satisfait cependant pas une frange de l'élite politique de l'Atlantide : voilà que Blake et Mortimer vont tomber sur un véritable complot destiné à remplacer le souverain par un dirigeant militariste dont le dessein est de s'imposer au monde des "terriens", c'est-à-dire, à la surface.
Comme souvent dans un Blake et Mortimer, les scènes en extérieur sont rares, Jacobs préférant de toute évidence les lieux confinés : cette intrigue où l'Atlantide est souterraine lui permet donc de satisfaire tout son goût pour les tunnels et autres labyrinthes. Aux galeries stériles des confins du royaume souterrain s'opposent une mer intérieure mais aussi une faune et une flore inquiétantes, où se côtoient en bonne intelligence (?) aussi bien des ptérodactyles que des libellules géantes (d'âge carbonifère !) et les plantes carnivores correspondantes... l'être humain se trouvant alors réduit, le plus souvent, au rang de gibier pour cette biosphère aussi monstrueuse qu'invraisemblable. Néanmoins, cet écosystème cavernicole, éclairé en permanence par les radiations de l'orichalque - une explication suggérée assez tôt dans l'album et jamais répétée ensuite - exhale une telle poésie que l'on se doit d'en oublier l'aspect improbable...
On a bien vite la nette impression, à lire cet album, de retrouver des thèmes, des ambiances, des situations et parfois même des plans déjà vus dans Le Rayon 'U' : cela ne relève pas du hasard, comme le montre bien l'inspiration précolombienne - encore une fois ! - de la peuplade barbare qui vit au-delà des frontières de l'Atlantide... inspiration précolombienne qui évoque, bien sûr, la nécropole souterraine découverte par le professeur Marduk dans cet autre album plus ancien. Acharné de la cohérence graphique dans son oeuvre, Jacobs a semble-t-il réinterprété son travail sur Le Rayon 'U' pour en tirer une intrigue nouvelle et plus puissante. A la très linéaire exploration d'une île déserte, il oppose un complot souterrain destiné à imposer aux terriens la dictature de ceux des atlantes qui ne veulent plus du status quo millénaire sur lequel était fondé leur culture... alors que, d'après la tradition, c'est l'orgueil de l'Atlantide qui fut à l'origine de sa chute. De ce bel album, la couverture - qui s'explicite à la toute fin ! - touche presque au space-opera... et l'on se prend à rêver d'un retour des Atlantes au cours d'un album à venir. Jacobs ne l'ayant pas fait, peut-être que ses successeurs s'y intéresseront un jour : qui sait ?
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