Ada
La couverture intrigante, la quatrième de couverture et le nom japonais de son auteur m'auraient peut-être convaincu de donner sa chance à ce livre s'il ne m'avait pas été offert par l'éditeur. Je l'ai donc lu d'un esprit ouvert et cela m'a pris... un certain temps.
Résumé :
L'Univers : la plus grande histoire de toutes les histoires, que deux théories antagonistes peuvent expliquer, peut-être. Celle du Big Bang, qui implique l'existence de la "matière noire", à laquelle croient les êtres humains. Et celle de l'univers plasma, dans laquelle il n'y a pas besoin de matière noire, qui est privilégiée par des êtres incommensurables portant le nom de spiral, et que l'espèce humaine appelle quasars. Si la théorie du Big Bang est vérifiée, alors les spiral n'auront jamais existé - mais si celle de l'univers plasma supplante l'autre, alors ce sera l'espèce humaine qui disparaîtra... Une guerre va donc se livrer, pour le salut de chacune des deux espèces, une guerre qui se livrera sur le seul champ de bataille qui leur soit commun : celui de l'univers des fictions qu'explore un ordinateur quantique nommé Ada. Dans Ada, les histoires passent du réel au virtuel - à moins que ce ne soit le contraire...
Disons-le avec autant de décontraction que de franchise : Ada n'est pas un livre d'abord facile. J'ai dû peiner un mois et demi dessus sans être capable d'en lire plus d'une douzaine de pages à la fois : par chance, il est assez court pour permettre ce genre de lecture segmentée. Ce n'est certes pas la première fois qu'un livre me résiste : le Cleer de L.L. Kloetzer, par exemple, s'était trouvé dans ce cas... Ici, le style de l'écriture - paragraphes de deux ou trois phrases - allié aux digressions quantiques philosophisantes n'aide guère à l'entrée dans un roman qui, d'emblée, apparaît comme inhabituel. Hommage aux "grands anciens" des genres que l'on dit mauvais, avec les passages en guest stars du monstre de Frankenstein, de Sherlock Holmes mais aussi de leurs auteurs ? Lente mise en perspective d'un combat d'envergure cosmique entre la lumière et les ténèbres, dans lequel pour une fois les protagonistes ne semblent pas rangés du côté qui serait le plus évident ? Il est bien difficile de le dire, d'autant plus que le point de vue change, transmis de personnage en personnage un peu comme pourrait le faire une maladie contagieuse. Dans Ada, une seule certitude : des univers parallèles sont en contact les uns avec les autres par l'intermédiaire d'une simulation informatique et les gens, peut-être, peuvent passer de l'un à l'autre. Voire même entrer dans le monde réel, qui sait ?
En acceptant le parti-pris de l'auteur selon lequel rien, dans son univers, ne doit être certain, on comprend que l'on est en présence d'une leçon sur la nature du réel. Pour l'auteur, la réalité par essence est fluctuante puisque l'univers virtuel finit par influencer l'univers réel : un Philip K. Dick, tout à ses délires sur la nature subjective du réel, n'aurait pu rêver mieux. Sauf qu'ici, les drogues ne sont pas la clé vers les possibles : c'est bel et bien une machine qui détient ce pouvoir considérable sur l'espèce humaine... et en toute logique, ce pouvoir est-il contesté par les écrivains, pour qui la compétition avec un ordinateur est d'autant moins acceptable qu'ils ne sont pas sûrs de pouvoir l'emporter !
Alors, Ada ? Déroutant et, osons le mot, presque incompréhensible. Si les dernières pages parviennent - un peu - à éclairer la lanterne du lecteur quand au magma verbeux qu'il vient - ou pas, en ce qui me concerne -d'ingurgiter, on garde quand même, la dernière page tournée, l'impression d'une oeuvre en pied de nez voire même de fumisterie. A quoi sert de déranger le monstre de Frankenstein et Mary Shelley pour terminer par une bataille spatiale entre un vaisseau de soap-SF et un quasar de 0,4 années-lumière de long ? Dans ce brouet, surnagent bien peu de morceaux appétissants et même pas du tout. Signe de ce que cela ne marche pas : le livre à présent fermé, la pensée fugitive selon laquelle nous pourrions peut-être vivre dans une simulation virtuelle n'éveille aucun frisson, cette question ayant été de toute façon tuée par les errements dantesques de Matrix, bien sûr... Un peu longuet sans être prise de tronche, ni goûteux ni dégueulasse, Ada se caractérise un peu comme il se termine : à mi chemin. Et finira donc sur une étagère où il ne sera sans doute plus ouvert.
Ne manquez pas l'avis de Lorhkan.
Commentaires
Et félicitations pour l'avoir terminé !
Mine de rien, on s'en souviendra de cette lecture, pas dans le bon sens, certes, mais on s'en souviendra bien plus que pour un roman moyen sous tous rapports, aussitôt lu aussitôt oublié... ;)
Et si je puis me permettre, ton lien (merci au passage) ne fonctionne pas...
On s'auto-décernera donc un badge "Lecteur-vainqueur d'"Ada"" ;)