Autremonde tome 3 : Le Coeur de la Terre
On pourra dire que j'ai lu les trois premiers tomes de la série Autremonde par Maxime Chattam d'une seule traite, ou presque. Cela faisait bien longtemps que cela ne m'était pas arrivé : j'en remercie donc d'autant plus le bon conseil qui m'a conduit à cette lecture...
Résumé :
Matt est revenu de sa quête au Sud, au plus profond du royaume de Malronce. Il sait à présent que la cruelle reine des Cyniks veut mettre la main sur son amie Ambre, dont le dessin des grains de beauté permettra de découvrir la source de vie du monde né de la Tempête... et que les Pans que ses sbires capturent sont transformés en esclaves, dépossédés de toute conscience par un ignoble artifice de magie noire. La connaissance, en elle-même terrifiante, a cependant un goût amer : le Raupéroden, cet ennemi aussi inquiétant que la reine Malronce elle-même, a dévoré son ami d'enfance, Tobias, pendant leur fuite. Par ailleurs, Matt ignore toujours pourquoi la reine a mis sa tête à prix. L'heure pour Ambre et lui est cependant venue de rallier Eden, la capitale des Pans, qui va devoir livrer une bataille pour la survie contre les troupes rassemblées par Malronce. Mais comment les Pans, moins nombreux et plus faibles, pourront-ils résister à cinq armées d'adultes haineux, qui n'hésiteront pas à les exterminer jusqu'au dernier s'il le faut ? Reste-t-il des raisons d'espérer pour Matt et Ambre ? Et en reste-t-il pour Tobias qui, piégé dans les limbes contrôlées par le Raupéroden, devra lutter contre la terreur elle-même s'il désire survivre ?
Le tome précédent avait quelque peu mis à mal ce statut de "héros évident et naturel" qui avait échu à Matt, et ce dès le début de cette histoire : capturé par les soldats de Malronce et libéré par une théorie d'alliés pas toujours très fiables, puis découvrant qu'il n'était tout compte fait pas celui que visait la "Quête des Peaux" initiée par la reine, le jeune homme se voyait en quelque sorte rétrogradé, Ambre gagnant du coup le rôle de premier plan. C'est donc avec une certaine surprise qu'on découvre les dirigeants d'Eden prêts à en faire leur général en chef : le pouvoir spirituel étant promis à lui échapper - détenu par Ambre dont la peau contient le secret du chemin vers le "Coeur de la Terre" - la seule solution, pour que son personnage conserve toute son importance, était encore de lui faire gravir les échelons du pouvoir temporel, en commençant par sa composante militaire. Personnage humain et trop humain, Matt refuse en quelque sorte cette lourde responsabilité : pour lui, la tâche primordiale est de résoudre les énigmes représentées par ses deux ennemis. Au Sud, Malronce et son avis de recherche ; au Nord, le Raupéroden et ses maléfices.
Plus convaincants sont les passages où l'on retrouve Tobias, qui, depuis les limbes du Raupéroden, va construire sa propre importance au fil de ses confrontations avec les différents aspects de cette répugnante aberration. Malgré les évidents points communs (jusqu'à la résolution) entre les terreurs primordiales de ces moments claustrophobiques et celles de Torech Ungol, on ressort quelque peu réjoui de ces confrontations entre le gibier mammifère (pour ne pas dire humain !) et son prédateur arthropode - et Tobias, qui sera désormais en possession d'informations capitales pour la résolution du conflit qui s'ouvre, va pouvoir acquérir son propre statut : un peu plus que le simple faire-valoir de Matt et d'Ambre...
Si le schéma de ce premier cycle apparaît clair une fois révélée la nature véritable du Raupéroden, il n'en reste pas moins qu'apparaît fragile cette entente forgée entre les Pans et les Cyniks libérés de l'influence de Malronce. Aux premières énigmes d'Autremonde vont, bien sûr, succéder de nouvelles : qu'est-ce que ce fameux "Coeur de la Terre" dont Ambre portait la localisation sur sa peau ? Est-ce le seul ? Existe-t-il d'autres élus ailleurs sur cette nouvelle Terre ou bien Ambre est-elle vouée à devenir un prophète voire un messie ? Et surtout, comment savoir si le monde, qui a changé une fois, ne va pas changer de nouveau ? Il va de soi que s'ouvre ici un nouveau cycle qui, avec la naissance annoncée de nouveaux enfants - conçus dans certaines communautés de Pans - sera peut-être celui de l'instauration d'une nouvelle civilisation sur Terre. Après avoir donc décrit un monde où la civilisation disparaissait d'un seul coup, à la faveur d'un seul événement, l'auteur va donc avoir à décrire une culture nouvelle : un défi qui mérite, je pense, qu'on le suive un moment sur sa route...
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