Labyrinthe
L'adaptation d'un roman de James Dashner, le premier d'une série intitulée The Maze Runner : une trilogie (c'est la vie) dystopique (encore la vie) mâtinée de post-ap' (toujours la vie) young adult (si votre bouche vient de passer d'un sourire de ravissement béat au décrochement de mâchoire écoeuré en moins d'une fraction de seconde : c'est bien fait pour vous).
Résumé :
Il se réveille, dans un ascenseur qui grimpe à toute allure, entouré de boîtes marquées de l'acronyme W.C.K.D.. Il ne se souvient de rien et ne comprend pas, arrivé en haut, qui sont ces jeunes hommes qui semblent l'attendre dans un décor bucolique. Autour de leur trou de verdure, les très hauts murs d'un labyrinthe sur lequel pèse un tabou : seuls les "coureurs" en connaissent les secrets, car ils l'explorent le jour. La nuit, les portes du labyrinthe se ferment et ses passages se réagencent, libérant les griffeurs, des monstres impitoyables qui tuent tous ceux qui auraient été piégés par la fermeture des portes... Le soir de son arrivée, le nouveau redécouvre son nom - Thomas - et d'étranges souvenirs partiels de sa vie d'avant. Les autres n'en savent guère plus que lui : cela fait trois ans que les plus anciens sont piégés dans l'abri, au coeur du labyrinthe... Chaque mois, l'ascenseur se présente et leur offre, en plus de quelques fournitures, un nouveau camarade amnésique. Les règles ne semblent pas s'appliquer de la même façon à Thomas et les événements vont se précipiter. Les coureurs peuvent-ils trouver une sortie au labyrinthe ? Celui-ci a-t-il un enjeu ?
Le postulat de ce film (et sans doute celui du livre, que je n'ai pas lu) est à la fois limpide et intéressant dans ses implications. La lecture du résumé renseignera le lecteur quelque peu éclairé : cela sent, voire pue, l'expérimentation psychologique poussée à l'extrême. De toute évidence les adolescents piégés dans le labyrinthe - car, oui, l'abri au coeur du labyrinthe en fait partie ! - ne sont pas beaucoup plus que des rats de laboratoire, dont les expérimentateurs attendent qu'ils explorent leur environnement et adaptent leur comportement aux stimuli que celui-ci leur offre. A la différence toutefois des petits écoliers de l'Ecole des Rats du Palais de la Découverte, les jeunes protagonistes de cette histoire sont mis en présence de dangers mortels. On pensera, bien sûr, au test de la boîte et du gom jabbar dans Dune : le but est, ici aussi, d'atteindre l'émergence de comportements nouveaux par la force de la douleur et de la peur. Et cela marche : en trois jours, Thomas met à bas l'organisation stérile du bloc, cette société de castes à laquelle ses nouveaux amis se sont raccrochés pour, au fond, survivre au destin peu compréhensible qui leur est offert. Et cela marche, encore : voici que l'expérimentation s'accélère, à moins qu'elle n'échappe à ses maîtres secrets ; les morts s'accumulent, tout comme les progrès, sans aucun temps mort jusqu'aux révélations finales.
Assez bien construit et même entraînant, Labyrinthe parvient à convaincre malgré sa navrante et inutile esthétique post-ap', qu'il n'aurait guère été besoin d'expliciter dans les dix dernières minutes. Il fut une époque où Hollywood n'hésitait pas à s'emparer d'une oeuvre écrite pour l'adapter en la transformant. Or, ici, à quoi servent ces révélations finales sinon à justifier a posteriori le sort ignoble qui est fait aux protagonistes ? Sinon à justifier, non sans arrière-pensées, l'adaptation des deux prochains volets de la série ? Labyrinthe aurait pu, aurait dû, se suffire à lui-même, sans cette fin qui en tue presque l'objet. On regrettera aussi, une fois encore, cette manie débile des casteurs de choisir des acteurs plus âgés que leurs personnages, même si, pour cette fois, je dois reconnaître qu'ils ont su choisir quelques véritables "gueules" aux traits pas faciles - et somme toute bien dans leur rôle, sinon dans leurs bottes. On déplorera enfin le charisme inexistant de l'acteur qui joue le rôle de Thomas, ainsi que son regard éteint : jouer un personnage de cette importance avec aussi peu de conviction, cela me semble rédhibitoire...
Nul doute pourtant que les lecteurs-spectateurs s'intéresseront à cette adaptation, au minimum pour en faire une comparaison critique... et qu'ils viendront en voir les suites quand elles sortiront. Parce qu'au fond, l'expérience engagée dans le labyrinthe se poursuit après la fin de ce film. Et que quelques questions, sans doute un peu téléphonées, se posent encore.
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