Piège sur Zarkass tome 3 : Gaïa, go Home !
La série BD Piège sur Zarkass, avec ce troisième tome, trouve sa conclusion, un an et demi après son ouverture. Il va de soi que n'ayant pas lu l'oeuvre originale de Stefan Wul - après tout, ça ne fait que trois fois que je le dis - je serai bien en peine de parler des qualités comparatives de l'adaptation et de son modèle... Au lieu de cela, comme lors des précédentes livraisons, je me contenterai d'apprécier les qualités intrinsèques de cette oeuvre graphique. Laquelle, si l'on doit faire confiance à mes chroniques précédentes, le mérite en effet.
Résumé :
C'est le chaos sur Zarkass. Les indigènes en révolte contre le pouvoir terrien sont en train de réussir leur coup et d'expulser les colons ainsi que les indigènes "civilisés". L'ambassadrice de Gaïa, aux prises avec les mystérieux astronefs triangulaires dont l'action vient compliquer celle de ses soldates, n'a pas d'autre choix que de faire évacuer les civils... La solution pourrait venir de la mission désespérée de Marcel et Louis, le duo mal assorti chargé de récupérer des fragments d'un astronef triangulaire écrasé en pleine jungle. Hélas, les deux mercenaires - une reprise de justice endurcie et une mère de famille prête à tout pour sauver sa fille malade - ont égaré les précieux échantillons... Trouveront-elles une combine pour franchir les lignes ennemies ? Et l'ambassadrice ne va-t-elle pas les écorcher vives si elles reviennent les mains vides ?
Ce troisième volet de l'histoire se caractérise par un temps fictionnel très resserré, dans lequel l'intrigue se déroule à cent à l'heure. L'improbable duo formé par Marcel et Louis (deux femmes comme leurs prénoms ne l'indiquent pas) va, bien sûr, se trouver au coeur de la résolution de l'énigme, au prix de quelques combines, de pas mal de chance et d'une part de magie - car, ne l'oublions pas, on est ici dans un univers de Stefan Wul.
L'intérêt majeur de cette histoire, c'est encore le fait qu'elle ne se prend pas au sérieux. Le graphisme lui-même, très propre et léché, s'ajuste à merveille au ton décalé voire ironique des personnages - qui l'adoptent parfois, on le sent, presque sans y penser ! Quand au texte, c'est un véritable feu d'artifices de références culturelles, sociales et même politiques au monde contemporain. Comment ne pas voir dans le rendu de cette histoire un renversement de certaines normes sociales considérées par certains comme séculaires voire immuables ? La SF de l'âge classique est souvent réputée, à tort, pour être une littérature écrite par les hommes pour les hommes. En créant ici des personnages féminins jouant des rôles que la tradition réserve en général aux hommes, et cantonnant les personnages masculins dans des rôles secondaires voire grotesques, les auteurs montrent bien qu'une société d'oppression d'un sexe sur l'autre est par essence dysfonctionnelle. Il aurait sans doute été bien difficile de conclure cette BD sans un dernier clin d'oeil, fort bienvenu ici, référence explicite à un classique du cinéma comique, Certains l'aiment chaud : l'objet de l'amour n'est jamais parfait, que ce soit sur Terre ou sur Zarkass !
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