Les Vaisseaux d'Omale

Laurent Genefort a déjà eu l'occasion de voir ses oeuvres chroniquées ici, mais c'est la première fois qu'une pièce de son grand-oeuvre Omale a les honneurs de ce blog. Je suis d'autant plus content de chroniquer Les Vaisseaux d'Omale que cette parution est la première dans cet univers depuis de nombreuses années : quoi de plus agréable que d'ouvrir cette année les hostilités en blogolecture avec un roman que j'attendais avec impatience ?
Résumé : 
Omale, sphère de Dyson qui enferme l'étoile Héliale et accueille, sur sa surface intérieure, les Grandes Aires où vivent un nombre incalculable d'espèces intelligentes. Sur l'une des Grandes Aires de l'équateur, après des siècles de conflit, l'espèce humaine goûte enfin à la paix conclue avec les Chiles et les Hodgqins. C'est une ère de renaissance et de concorde relative qui s'ouvre, et Ipis, une femme de sciences, veut en profiter pour conquérir l'espace... Les Aezirs, ces léviathans spatiaux qui seuls parviennent à explorer le planétoïde Benveniste, lui ont transmis une invitation qu'elle va honorer avec l'aide des Hodgqins, les seuls capables de construire un vaisseau à même de traverser l'espace. L'objectif est annoncé : il s'agit de percer les secrets du planétoïde Acomat, interdit aux Aezirs depuis leur arrivée à l'intérieur d'Omale... Mais pour les trois rehs de la Grande Aire, l'enjeu est peut-être encore plus grand. Trouveront-il la Porte des Vangk à travers laquelle leurs ancêtres ont été projetés dans un passé reculé ? Y aurait-il un moyen d'échapper à Omale ?
De mes  lectures anciennes des autres morceaux de Omale, j'ai le souvenir que les précédents volets de l'aventure se concentraient plus ou moins sur les relations troublées entre les Humains et les Chiles. Toutes deux expansionnistes, ces "rehs" (soit donc, le terme in-universe voulant dire "espèce intelligente") apparaissaient comme les deux principales antagonistes même si, parfois, une coexistence plus ou moins pacifique voire de véritables alliances pouvaient apparaître entre des individus de ces deux espèces. Les Hodgqin, plus mystérieux et décrits volontiers comme "à part", me semblaient presque sous-utilisés, à dessein sans doute - et je n'étais pas loin de me dire que ces êtres graciles étaient peut-être bien plus qu'il n'y paraissait au premier abord. On n'est donc pas déçu de voir le voyage d'Ipis la conduire au plus profond de l'Aire Hodgqine, dans un premier temps, lequel voyage s'entreprend à bord d'un téléphérique autonome tout à fait à même de me faire rêver - mais il est vrai que j'adore voyager en train. Jusqu'au moment où le voyage touche à sa fin, au chantier spatial où les Hodgqins font pousser leurs vaisseaux spatiaux. Et où de nouveaux protagonistes - dont tous ne sont pas Chiles... - vont faire leur entrée, indispensable à l'accomplissement de la mission d'Ipis.

Car l'objet principal de ce roman, c'est avant tout l'exploration de la troisième dimension d'Omale, et surtout celle du planétoïde Acomat. Si les deux planétoïdes étaient nommés depuis le début du cycle omalien, on n'en savait somme toute que très peu sur eux, et presque rien sur le deuxième sinon que sa surface témoignait d'une activité intelligente - actuelle ou passée. Il est donc bien agréable de voir les explorateurs, Ipis à leur tête, être confrontés à quelque chose de troublant quelle que soit leur origine biologique. Omale, conçue selon le grand dessein des Vangk, parvient à conserver tout son mystère même lorsqu'elle en dévoile des fragments - et l'on se prend à regretter de savoir Acomat à nouveau interdite aux explorations au terme de celle-ci.

Les dernières pages de ce roman, hélas, apparaissent moins réjouissantes et plus convenues - même si, en cette époque d'actualité chargée, elles trouvent une résonance toute particulière. Omale et Omale, sphère et objet littéraire, partagent des enjeux d'envergure sans doute cosmique. Il est dommage que, dans sa conclusion, ce roman n'atteigne pas la dimension spectaculaire de son développement. Les Vaisseaux d'Omale, premier roman omalien lu sur ce blog, donnent l'envie de revenir sur la Grande Aire - et de voir ses "rehs" partir à nouveau en conquête vers l'espace. Pour de bon, cette fois-ci.

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