Flux
De l'Univers Xeelee de Baxter, je n'ai jusqu'à présent lu que le seul Gravité, il y a fort longtemps, m'étant promis à l'époque d'en poursuivre la découverte sans jamais donner suite pour de vrai... A l'occasion d'un emprunt à la bibliothèque municipale de Lyon, j'ai découvert ce troisième volet du Cycle des Xeelees : que vaut-il donc ?
Résumé :
Dura est un Être Humain, la fille de l'ancien chef du clan, Logue, mort au cours d'une Anomalie, ces phénomènes mystérieux et dévastateurs au cours desquels il n'est plus possible d'ondoyer dans l'Air. Aussi, lorsqu'une nouvelle Anomalie se présente et ravage le filet des Êtres Humains, c'est vers elle que se tournent les coupelles oculaires : tous attendent qu'elle les guide vers une source nouvelle de nourriture. Sur la Croûte, au point le plus éloigné de la Mer Quantique, Dura sait qu'elle trouvera des Cochons d'Air sauvages pour reconstituer leur cheptel enfui. Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'elle va trouver surtout Toba Mixxax, petit propriétaire terrien venu de la lointaine ville de Parz, la seule de toute l'Etoile qui soit capable d'extraire le métal venu du Noyau... Le destin de Dura et de sa famille va changer : à Parz, ils trouveront une culture différente, plus avancée que la leur, mais aussi et à sa façon plus ignorante. Pourquoi les mystérieux Archéo-Humains ont-ils jadis engendré leurs ancêtres sur leur propre modèle ? Et pourquoi les Anomalies se multiplient-elles dans l'Etoile ?
Gravité révélait déjà le talent de créateur de mondes qui est celui de Stephen Baxter. Dans le présent livre, l'auteur fait encore plus fort : il imagine cette fois-ci rien d'autre qu'une humanité artificielle, dont l'unité de mesure des distances n'est autre que le micromètre et pour qui une ville d'un centimètre de haut tient lieu de montagne. Une humanité artificielle dont la physiologie étonnante - elle est conçue pour vivre dans le manteau externe d'une étoile à neutrons - tient compte malgré tout du plan d'organisation ancestral de notre espèce humaine : une façon intéressante, bien sûr, de faire passer un message en filigrane. La pensée humaine peut avoir conçu ces serviteurs minuscules de telle sorte qu'ils soient à l'aise dans un environnement aussi hostile que différent de la Terre, et pourtant, elle n'a pu s'empêcher de leur donner une image conforme à la sienne : l'atavisme évolutif et culturel vient ici contrarier l'efficience technologique, montrant que pour l'auteur l'espèce humaine, peut-être, ne sera jamais à la hauteur de ses propres ambitions.
Sans surprises, la découverte poussée de ce monde si différent et si semblable au nôtre - dans ses formes biologiques, sociales mais aussi... théologiques ! - occupe la majeure partie du temps fictionnel, et si l'épopée de Dura mais aussi de ses (plus ou moins) sympathiques relations ne manque pas d'être agréable à lire, elle n'apporte rien de bien nouveau. Non, ce qui vaut le détour ici c'est sans nul doute le voyage dans cette Etoile où l'être humain - c'est-à-dire plutôt sa créature microscopique - n'est plus cantonné aux deux seules dimensions de l'horizontale, et où l'Air superfluide est un médium où le vol (la Nage) est possible à la seule force des bras et des jambes. Ce qui vaut le détour, aussi, c'est ce mystère qui pèse tout au long du livre sur l'origine et les raisons d'être de cette humanité microscopique... parce qu'il y a dans Flux un mystère extraterrestre qui, n'en doutons pas, fait le lien avec d'autres oeuvres de Baxter. On pardonnera donc volontiers à ce livre le fait qu'il prenne peut-être un peu trop son temps pour dévoiler ses qualités... tout comme on lui pardonnera ce grotesque faux-sens, je l'espère corrigé depuis dans une nouvelle édition, en page 303 où la VF emploie le "guet" en lieu et place du "gué" : de cela, en tout cas, l'auteur n'est pas responsable.
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