A travers la Mer des Soleils tome 2
Suite et fin d'A travers la Mer des Soleils, un space-op' signé Gregory Benford.
Résumé :
Le Lancer est en route pour Ross 128, une étoile voisine de celle d'Isis, à proximité de laquelle une sonde automatique a repéré un corps céleste intéressant, semblable à Ganymède et sous la croûte de glace duquel un océan saumâtre pourrait bien abriter une biosphère voire même la vie... Nigel, qui s'opposait au départ d'Isis, remarque cependant qu'autour de cette lune que l'on nommera "Pustules" en raison de son apparence tavelée, se trouve un objet métallique ressemblant de très près à un Surveillant, ces machines hostiles à toute intelligence biologique auxquelles le Lancer a déjà payé un tribut de sang. Pour un nombre grandissant des membres de l'expédition, le premier astronaute qui soit entré en contact avec un objet d'origine extraterrestre est vieux, et peut-être même gâteux : tout juste bon à mettre au frigo jusqu'au retour sur Terre... Mais là-bas, sur le monde des origines, les grandes puissances font face au danger d'un océan colonisé par les Essaimeurs, des créatures extraterrestres déposées là par des vaisseaux mystérieux. Pour le Lancer, y aura-t-il un retour possible à la Terre ? Est-il encore temps de résoudre l'énigme des Surveillants ?
On se perdra sans nul doute, à la lecture de ce livre, dans les considérations d'ordre politique tournant autour des confrontations de Nigel et des autres membres de l'expédition. Le prestige de l'astronaute lui vaut une certaine influence, imméritée aux yeux d'un bon nombre de ses confrères et en particulier des chefs officiels du Lancer : ceux-là n'hésitent en fin de compte pas à en recourir au complot politique, pour ne pas dire au procès stalinien, pour venir à bout de lui, car il gêne de plus en plus. Il faut bien dire que le personnage, en fait, a quelque chose d'exaspérant. "Modifié" suite à ses aventures passées, il se caractérise par une intuition agaçante : pour ses confrères, puisqu'il soutient à plaisir semble-t-il des opinions hétérodoxes déplaisantes, et pour le lecteur, parce qu'il n'explicite guère ses interventions. Quand à son auto-sauvetage in extremis dans le dernier quart du livre, je n'éprouve pas le besoin de faire autre chose que de signaler son caractère téléphoné...
L'intérêt de ce livre se trouve ailleurs. Pas dans les séquences terriennes, trop allusives, peu convaincantes, et en fait peu crédibles, non, mais plutôt dans les quelques idées vertigineuses qu'il parvient à brasser. La menace extraterrestre prend des formes bien différentes, ici, des oripeaux taillés par Wells. Gregory Benford suggère que notre galaxie serait dominée par des cultures de machines, issues peut-être de civilisations biologiques éteintes ou exterminées, chasseresses de l'intelligence quand elle n'est pas artificielle. Dans cette optique, les incursions maladroites de l'espèce humaine dans un espace qu'elle ne comprend pour ainsi dire pas pourraient bien être autant de coups de bâton dans un nid de guêpes... Il est alors prévisible que les tentatives de contact, que ce soit sur Terre ou loin d'elle, tournent bien mal pour des êtres humains bien peu conscients du danger. Le livre se termine d'une façon abrupte, sur un constat sans nul doute pessimiste, mais le corollaire du proverbe selon lequel "tant que l'on vit, l'espoir existe" n'est-il pas que les intelligences artificielles n'ont aucune raison d'espérer ?
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