Zelphy tome 5

Les mangas ont souvent le défaut de leur qualité : si les parutions, dans l'ensemble, sont plus fréquentes qu'en BD franco-belge, elles s'étirent parfois sur des années avec des séries interminables en vingt, trente... cinquante tomes... Zelphy est, de toute évidence, une exception.
Résumé : 
Le penseur Phalas, déterminé à éliminer Zelphy, a conçu un plan machiavélique : faire s'effondrer un portail et coincer le petit groupe rebelle de Lysja face à une armada écrasante. Lysja, lui, est "hors-ligne", son coeur artificiel arrêté par l'effondrement du portail et ses amis incapables de l'aider... C'est de Zelphy que va venir la solution : prête à tout pour sauver le jeune homme à qui elle s'est attachée, la voilà qui défie le redoutable Phalas en se plongeant dans sa "mer de connaissances". Alors que les identités réelles de Zelphy et de Phalas sont révélées, c'est autour de la planète-pénitentiaire Aldeüs que le sort de l'Aion va se jouer : au sol, les prisonniers se sont mutinés, ils contrôlent désormais le champ de mines qui leur interdisait toute échappatoire et les rend désormais inexpugnables... Jusqu'où Phalas ira-t-il pour éliminer Zelphy ? Et surtout... ses sbires le suivront-ils jusqu'au bout ?
Sans surprise, on trouve ici tous les ingrédients d'une bataille spatiale dantesque : un monde retranché derrière un bouclier de mines, une flotte que son chef transforme en fer de lance et quelques rebelles en sous-effectif mais pourtant décidés à se battre. Etorouji Shiono, l'auteur de Übel Blatt, ne s'est pas contenté de lire les oeuvres de Tolkien : il est aussi un amateur de space-opera et on perçoit ici l'influence lointaine d'un Capitaine Albator. Cette histoire de pirates et de rebelles qui sont en réalité autant d'anarchistes et d'anti-systèmes a une saveur familière.

Hélas, le familier prend parfois le goût du réchauffé. La multiplication des personnages et l'accent mis sur leurs relations donne la fâcheuse envie d'interpréter le "s" de SF, dans Zelphy, comme la première lettre du mot "soap" - et j'ai failli écrire "soupe". Quelques belles images de combat spatial ne suffisent pas à faire un beau space-opera : il y faut une étincelle particulière que Zelphy, avec ses cinq tomes, n'a jamais eu l'occasion de développer. Lorgnant peut-être moins vers Star Wars que vers Star Trek, la série space-op' d'Etorouji Shiono se conclut d'une façon plutôt abrupte, sur un épilogue très rapide qui laisse une désagréable sensation de travail pas tout à fait achevé. Lysja, devenu souverain d'un nouveau Royaume-Uni, part en compagnie de Zelphy pour ouvrir de nouveaux mondes et donc étendre l'Aion : s'il s'agit bel et bien d'une fin ouverte, elle ne satisfait pas car elle ne rend pas justice à un univers que l'on percevait jusqu'alors déjà comme très grand. Alors, Zelphy ? Rien d'autre, je pense, qu'une belle déception...

Commentaires