L'OEil de la Nuit tome 3 - Le Druide noir

Troisième et dernier tome de la série L'OEil de la Nuit, préquelle à La Brigade chimérique de Serge Lehman. On le sait, j'aime beaucoup cet Univers chimérique où Lehman - ici associé à Gess & Delf - revisite l'Histoire de notre propre monde, imaginant que des surhommes ont vécu en Europe de la Belle Epoque aux Années folles...
Résumé :
En plein coeur du bois de Boulogne, un certain Charles tente une dangereuse expérience... Une machine destinée à canaliser en lui l'âme d'un des derniers druides gaulois qui ait sacrifié au sinistre dieu Lug fonctionne trop bien et le voici désormais possédé par les souvenirs d'un barbare déterminé à reprendre ses rites ! Mais pour Théo Sinclair, l'heure n'est pas encore venue de s'affronter au Druide noir : l'OEil de la Nuit, dont la réputation grandit à Paris, doit encore mesurer l'étendue de ses propres pouvoirs. Quand des fakirs et des télépathes menacent l'équilibre du monde, c'est de plus en plus aux surhommes que l'Etat fait appel... Sans savoir que la voix ancienne de la magie et celle plus neuve de la "superscience" sont peut-être bien la même...
On retrouve ici un Théo Sinclair toujours aussi jeune et pétant le feu : loin du jeune homme fragile et souffreteux du premier tome de cette histoire, le fils de bonne famille se jette sans crainte à la poursuite de créatures monstrueuses, soutenu par sa force inébranlable et sa culture qui lui permet d'identifier en un clin d'oeil les points faibles de ses ennemis, qu'il s'agisse de démons sumériens ou de revenants celtes. Avec l'acquisition des lunettes à vision nocturne, c'est bel et bien le Nyctalope qui fait son apparition - mais, pour le moment, pas encore bouffi et préoccupé de lui-même comme il va l'être dans La Brigade chimérique. Sous le vernis du jeune homme intrépide, on commence à percevoir pourtant le complexe du super-héros qui finira par le paralyser : imbu de lui-même, hautain, coureur de jupons, il est clair que c'est à sa propre légende qu'il pense déjà...

Face à lui, le Druide noir - véritable personnage on-off ! - n'est certes pas un méchant aussi convaincant que l'homme-requin du deuxième tome de la série. Son exorcisme, en forme de pirouette scénaristique, laisse une impression d'inachevé : c'est en fin de compte une conclusion bien peu satisfaisante que nous livrent les auteurs de la série... et l'on repense alors à l'excellent one-shot L'Homme truqué où Lehman et Gess exploraient d'une façon beaucoup plus réjouissante les origines de leur propre univers. Serait-il moins intéressant de raconter l'ascension d'un surhomme que d'évoquer sa déchéance ?

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