Ruines

Après Fragments, voici le dernier tome de la Série Partials de Dan Wells.

Résumé :
Cette fois-ci, ça va mal. A Long Island, c'est toute l'armée des Partials qui a franchi le détroit et s'est emparée de la population humaine, afin de mettre la main sur Kira Walker : le sinistre Docteur Morgan, qui contrôle désormais la majeure partie des factions Partials, était persuadée que c'est au coeur de son ADN que se cache le remède contre la date de péremption des soldats cultivés en cuve... Mais c'était au coeur du désert toxique des Badlands que Kira se trouvait, ce qui ne l'a pas empêchée d'être capturée. Plus que jamais, la jeune fille - qui sait à présent qu'elle n'est humaine que par son éducation - veut trouver une solution qui permettrait aux Partials en voie d'extinction et aux humains de cohabiter... mais pour cela, elle doit pouvoir soigner à la fois le RM - dont le seul remède est contenu dans les phéromones qu'exudent les Partials - et la date de péremption. Comment résoudre ces difficultés sans réveiller les démons de l'esclavage ? Pour les Partials, le temps presse plus que jamais : dans quelques mois, tous auront dépassé leur date de péremption... et s'ils viennent à disparaître, plus aucun nouveau-né humain ne survivra au RM. Pénétrée par l'urgence, Kira saura-t-elle construire un pont entre les deux races ? Au moment où les éléments eux-mêmes se déchaînent, existe-t-il un espoir pour l'espèce humaine et ses enfants rebelles ?
Avec l'irruption d'un (inévitable ?) triangle amoureux dans le tome précédent, Partials s'ancrait d'une façon affirmée dans la constellation un peu trop vaste des dystopies post-ado et je ne doute pas que, tôt ou tard, les grands esprits d'Hollywood sauront nous gratifier de l'adaptation de la nouvelle série phénomène - la quatrième après Hunger Games, Divergent et autre Maze Runner. Bah, c'est une mode et ça disparaîtra tôt ou tard, un peu comme les fameuses totoches au début des années 90. Quoi qu'il en soit, le précédent volet de cette (j'ose à peine l'écrire...) trilogie (hum) trouvait encore le moyen de faire illusion avec cette marche à travers un désert empoisonné jusqu'à une Réserve aux allures de paradis truqué. Comme souvent, dans les bonnes dystopies - parce qu'il y en a, le danger réel provient non pas tant de la nature hostile ou des pièges incompréhensibles abandonnés par l'ubris des anciens que des trop bonnes intentions des protagonistes. Y a-t-il pire situation, pour qui détient la clé pour sauver la planète, que de découvrir qu'un autre a trouvé la solution - et a déjà démontré qu'elle est inutilisable ?

C'est dans cet état d'esprit que Kira Walker accepte par conséquent de se soumettre aux protocoles expérimentaux du Docteur Morgan. Comme de bien entendu, celle-ci ne trouvera pas la solution de l'énigme biologique : pour résoudre l'écheveau de mystères qui ont présidé à la création des Partials, il ne suffit pas de se livrer à un véritable travail d'archéologie numérique - ce qui était l'un des arguments intéressants de Fragments - ou de fouiller l'ADN et la biochimie des différents protagonistes. Kira va donc reprendre sa propre quête à travers une Amérique en... ruines, où de bien étranges figures commencent à être repérées. Après la quasi extinction de l'espèce humaine, il flotte encore un parfum d'apocalypse imminente : l'un des comploteurs à l'origine du RM, décidé à "réparer le monde", a réussi le tour de force d'éliminer le réchauffement climatique, ce qui entraîne l'arrivée d'une tempête de neige pile au moment où tout le monde s'énerve à Long Island.

Autant dire que la multiplication des péripéties, dans ce contexte, donne lieu à une intrigue un peu morcelée autour d'un fil directeur tout de même assez simpliste. On ne comprend pas très bien les enjeux du périlleux voyage de Kira puisque la véritable solution, c'est toute seule et dans sa tête qu'elle la définit. L'apparition de deux inquiétants personnages, dont l'un n'est pas sans évoquer un monstre tout droit sorti d'une série sentai, ne suffit pas à relancer l'intérêt d'un livre où l'on sent que l'inspiration de l'auteur se fatigue et même, où l'on a l'impression que l'auteur se lasse de son oeuvre qu'il s'empresse de conclure. Difficile de maintenir le tonus sur le long terme, et ce même si l'écriture nerveuse garantit que ce livre conserve sa qualité de page-turner jusqu'à la fin. A la fin, la série Partials prend donc des allures de blockbuster aux phéromones : cela sent la bonne SF, cela se lit comme de la bonne SF, mais ce n'en est pas, et même la résolution du triangle amoureux se fait d'une façon peu satisfaisante. Une déception, vous avez dit ? Oui. Un départ aussi bon méritait une bien meilleure conclusion.

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