Superposition
De David Walton j'avais déjà lu Terminal Mind, lequel ne m'avait guère convaincu. Le présent roman est traduit par Eric Holstein et il s'apparente non plus à du post-aPOUARRGHH mais bel et bien à de la hard-science quantique. Allons donc voir ce qu'il donne...
Résumé :
Le futur proche : voitures électriques, lentilles connectées que l'on jumelle à son smartphone, tendances nouvelles et vieilles habitudes. Jacob Kelley est physicien et reçoit chez lui la visite d'un vieux collègue, Brian Vanderhall. En présence de sa famille, Brian lui tient un discours sans queue ni tête au sujet de la physique quantique, lui fait une démonstration inquiétante... et menace sa femme d'un revolver ! Quelques heures plus tard, quand Jacob se présente à son laboratoire pour tirer au clair l'étrange comportement de Brian, c'est pour le découvrir assassiné. Déclenchant alors la machinerie sur laquelle travaillait son ami décédé, il attire l'attention d'un monstre humanoïde sans yeux avant, au cours de sa fuite, de découvrir que Brian ronfle en toute tranquillité à l'arrière de sa propre voiture ! L'invention de Brian semble à même d'importer les effets quantiques à l'échelle macroscopique et promet de déclencher une nouvelle révolution technologique - mais elle ouvre aussi des portes vers des univers parallèles et des dimensions inaccessibles aux sens humains, où vivent des intelligences différentes et peut-être hostiles. Pourchassé par les varcolacs et bientôt la police, Jacob Kelley pourra-t-il... se sauver lui-même ?
La physique quantique est cette branche étrange du langage de l'univers à même de défier le bon sens humain : dans le cadre de ses équations, une particule peut passer au travers d'un obstacle sans l'endommager, ou se téléporter à travers le vide, ou influencer sans délai l'état d'une particule identique que celle-ci se trouve à un millimètre ou à des milliards d'années-lumière, ou même avoir autant de probabilités d'exister en un point A qu'en un point B distincts ! En physique quantique, on ne parle que de probabilités : c'est ce que fait David Walton au long de son roman, qui oscille (!) entre les circonstances de l'assassinat de Brian et le procès de Jacob, un procès semble-t-il perdu d'avance et qu'il peut néanmoins remporter contre toute probabilité. Ou pas.
L'intrigue policière - et juridique - est ici en effet appuyée par les contraintes implacables de la physique quantique. Pourtant, si Brian a bien été tué, il ne peut y avoir qu'un seul coupable : est-ce Jacob, ainsi que le bon sens courant le prédit ? Est-ce l'un des varcolacs, ces intelligences venues du monde quantique ? Ou bien y a-t-il une volonté plus retorse à l'oeuvre dans cette intrigue ? Je vois dans la construction de ce roman un véritable hommage aux enquêtes robotiques d'Elijah Bailey qu'imaginait le Bon Docteur Asimov, les lois étranges de la physique quantique venant se substituer aux trois lois de la robotique dans le rôle d'arbitre impartial et indifférent à l'intrigue.
Au fond, dans ce roman qui se lit si bien, c'est l'écriture parfois maladroite et les choix faits pour les personnages secondaires qui gênent le plus, car leur association donne parfois l'impression de lire un roman young adult : somme toute, l'écriture de l'auteur semble être la même que dans son si décevant Terminal Mind déjà cité. On pourra toutefois le lui pardonner, cette fois-ci : après tout, les romans du Cycle des Robots d'Asimov ne sont-ils pas accessibles au jeune public ?
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