La contre-nature des choses
Est-ce que j'aime les histoires de zombies, moi ? Eh bien, pas trop, n'ayant guère été sensibilisé à ce type de délire comme d'autres ont pu l'être sous l'influence d'un certain cinéma : le fait est que cette étiquette n'est guère représentée sur mon blog. Ce livre de Tony Burgess, un auteur que je n'ai jusqu'à présent jamais croisé, m'a été offert par son éditeur et si le terme fatidique n'est jamais utilisé - sauf erreur - il s'agit bel et bien d'une histoire de morts-vivants. Et ce, pour plus d'une raison...
Résumé :
Dans un futur proche, le monde est en miettes. Quelques années plus tôt, les morts ont commencé à s'agiter en éveillant l'épouvante chez les vivants. Bien qu'ils se soient révélés en fin de compte inoffensifs, la question de l'élimination des morts a donné lieu à des solutions toutes plus monstrueuses et inefficaces les unes que les autres, la dernière en date - satelliser les cadavres - ayant par exemple diminué le flux solaire et altéré le régime des précipitations. Le narrateur de cette sombre histoire est malade - peut-être - et mène enquête au beau milieu d'une ville où tout le monde semble avoir perdu la tête. Il recherche pour le tuer un Vendeur, c'est-à-dire un escroc d'un genre nouveau qui persuade les vivants de se suicider en lui abandonnant leurs richesses... ainsi que leurs corps, livrés sans défenses à ses perversions...
Bon.
Il est des livres qui, par moments, vous donnent l'impression - une fois leur dernière page tournée - d'avoir passé quelques heures à nettoyer des toilettes sales avec, en guise de brosse, votre propre cerveau... La contre-nature des choses pourrait fort bien aller se ranger dans cette catégorie peu enviable de la littérature pour qui même le qualificatif glauque se révèle insuffisant, et pour laquelle il faudrait aller jusqu'à l'ignoble voire au révoltant : cru empilement de contenu où la pornographie le dispute à la scatophilie, celle-ci à la nécrophilie - contexte zombie oblige - et celle-ci au sadisme, enfin. Véritable collection de paraphilies venues d'après la fin du monde, l'accumulation témoigne de l'état déplorable de la planète - obscurcie par l'anneau macabre en orbite - et de la civilisation - dont le seul horizon en dehors de l'extinction est celui de la folie de groupe. Autant dire que ce livre par chance pas trop long est de nature à éveiller chez le lecteur normal sinon la nausée, du moins le malaise.
Et pourtant, cela se lit bien et même d'une traite ou presque : c'est que la quête inutile du personnage principal peut s'accepter comme une collection de cauchemars dont le caractère grotesque peut, parfois, porter à sourire. Cauchemars décousus, au paysage variable, aux protagonistes changeants dont l'apparence et le nom s'altèrent sans perte d'identité, où la maladie se manifeste aussitôt après avoir été fantasmée... Il y a dans ce livre une dose considérable d'humour noir et peut-être de fumisterie : l'auteur a-t-il décidé de parodier à sa façon la vague post-ap' ? La contre-nature des choses, dont le titre lui-même s'apparente à un pied-de-nez, doit sans doute être lu au second voire au troisième degré. Parce que dans le cas contraire vous risquez d'y laisser vos dix derniers repas - et peut-être même votre raison !
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