La Glace et le Sel

Je ne lis pas trop de récits vampiriques, même si cette étiquette a été représentée sur mon blog à la faveur de quelques incursions mineures - ou à la marge - hors de mon écoumène personnel. Ce court roman, que je catégoriserais aussi en horreur, m'a été offert par son éditeur il y a quelques mois et je trouve enfin le temps de le chroniquer une fois lu !
Résumé : 
Le Déméter est un bateau à voiles qui, le cinq juillet 1897, prend la mer à Varna en Bulgarie, et à destination de l'Angleterre. Son capitaine et son équipage n'ont fait monter à bord, pour toute cargaison, que des caisses cloutées qui ne contiennent que de la terre. Dévoré par ses fantasmes, le capitaine met du temps à réaliser que la folie s'est mise à rôder à bord de son bateau. Quelle est la présence que les rats de cale fuient lorsque l'occasion leur en est offerte ? Et ces rêves qui envahissent les nuits du capitaine, ne sont-ils que de simples réminiscences d'instants de plaisir trop cher payés lors de son adolescence ?
Je n'ai jamais lu le Dracula de Stoker : cela manque sans nul doute à ma culture de l'imaginaire et je ferai peut-être un jour ce qu'il faut pour compléter celle-ci. Toutefois, il est clair que pour le moment je ne maîtrise pas cette référence, et il m'a fallu en recourir à la lecture de Wikipedia ainsi qu'à celle de la quatrième de couverture pour comprendre que le sombre voyage du Déméter est aussi celui de Dracula vers le Royaume-Uni. A bord du bateau maudit, la véritable cargaison n'est pas la terre de Transylvanie mais bel et bien le passager clandestin qui trouve à y dormir, et dont la présence engendre la terreur y compris chez l'animal. Quand à l'équipage, condamné dès son départ, il ne sera plus rien d'autre qu'une ressource alimentaire une fois sa mission accomplie...

A quoi bon raconter une histoire qui l'a déjà été dans un cadre plus large ? Un second point de vue, parfois, peut s'avérer intéressant quand il s'agit d'éclairer une situation-pivot telle que l'arrivée de Dracula - dont jamais le nom n'est cité - au Royaume-Uni. Toutefois, la figure du vampire n'est utilisée dans la Glace et le Sel qu'à travers la sensualité qui lui est souvent associée. Par sa seule présence, le non-mort éveille les fantasmes homo-érotiques du capitaine, et la folie sourd de leur absence de réalisation. Faut-il comprendre que le vampire gagne quand il parvient à éveiller les désirs inassouvis  ?Bizarre leçon pour un roman si court et qui, malgré son ambiance claustrophobique, n'éveille pas tout à fait le malaise mais plutôt la perplexité...

Commentaires