Lab B-15
Lab B-15 est une nouvelle assez longue (une novelette comme le disent les anglo-saxons) parue dans le numéro de Mars/Avril d'Analog.
Résumé :
Jerry arrive comme d'habitude au travail en début de soirée : il dirige une unité de recherche qui intéresse de riches donateurs, de ceux qui apprécieraient de pouvoir prolonger leur vie - et peut-être même de la prolonger au-delà de la mort physique... Sur place, Jerry découvre que ses subordonnés agissent d'étrange façon : professionnels jusqu'au moment où ils évoquent le laboratoire B-15. Et voici que Jerry lui-même se voit frappé d'absences lorsqu'il se rend sur place pour essayer de comprendre ce qu'il s'y passe. Auraient-ils fait une découverte... inattendue ?
Voici une nouvelle qui aurait pu s'appeler "sérendipité" à tel point son intrigue est celle d'une découverte involontaire ! Jerry et son équipe travaill(ai)ent sur le téléchargement de la conscience humaine sur un support artificiel, une méthode comme une autre lorsqu'il s'agit d'envisager le passage à une existence post-physique. Sauf que, malgré les efforts qu'ils consentent au fil des ans - et malgré les millions de dollars investis ! - cela ne marche pas bien que cela devrait marcher depuis longtemps. Humour de laboratoire : la théorie, c'est quand ça devrait marcher mais que ça ne marche pas, tandis que la pratique, c'est quand ça marche mais qu'on ne sait pas expliquer pourquoi. Et ici, comprendre pourquoi ça ne marche pas prendra un caractère de nécessité vitale pour Jerry, en raison d'un twist peut-être facile à deviner - j'oserai avouer que je me suis laissé piéger.
A travers ces pré-requis, Lab B-15 aborde une question plus profonde qu'il y paraît : la conscience humaine est-elle stockée à l'intérieur de la seule matière organique du cerveau, ce qui veut dire qu'on pourrait l'émuler d'une façon ou d'une autre à l'intérieur d'un ordinateur, ou bien y a-t-il autre chose qu'il serait impossible de capturer ? Ici, les échecs incessants de l'équipe de Jerry conduisent volontiers à formuler cette hypothèse très ancienne, celle de l'âme ; et pourtant, différents indices témoignent assez tôt des véritables intentions de l'auteur. Le téléchargement d'une conscience est possible, dans le cadre de cette histoire, mais l'émulation crashe peu de temps après son démarrage ; et plus le téléchargement est fin - raffinements techniques obligent - plus le crash est précoce... Raisonnement par l'absurde : dans le cadre de l'hypothèse de l'âme, le crash proviendrait de l'absence de celle-ci, et par conséquent il devrait intervenir toujours au même moment ; le crash intervenant à des moments variables, l'hypothèse de l'âme n'est pas valide. Il est rare que des textes en littératures de l'imaginaire soient sous-tendus par une logique interne aussi fiable. C'est remarquable, bravo !
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