Centaurus tome 4 : Terre d'angoisse
Résumé :
Sur la fausse planète Vera, June et Bram ont disparu, la jumelle aveugle étant partie bille en tête à la recherche de son grand-père. La situation devient de plus en plus fâcheuse pour les explorateurs : ils sont toujours sans nouvelles du vaisseau en orbite... et une nouvelle mort vient encore diminuer leur effectif. Ils ne savent pas qu'ils vont faire une découverte extraordinaire qui leur permettra peut-être de comprendre ce qu'il se passe au juste sur cette planète maudite... Mais pourront-ils s'en échapper à temps ? A bord de l'arche spatiale, alors que les ingénieurs identifient la trace de plusieurs sabotages, voici que le précieux dioxygène commence à manquer. Les colons vont-ils devoir débarquer en catastrophe sur une planète dont ils ignorent qu'elle n'est qu'un piège mortel ?
Le tome précédent était celui de la fragmentation du groupe d'explorateurs. Plus que jamais, June se faisait étrange et différente : alors qu'elle avait su jusqu'alors participer au guidage du petit groupe, la voici attirée par une entité qu'elle prétend être son grand-père alors que celui-ci est mort et enterré depuis des années à bord du vaisseau. A présent qu'elle et Bram sont à l'écart, le moment est propice pour une nouvelle élimination : avec la disparition de Maë, la responsable du groupe d'exploration, c'est une phase nouvelle du plan qui s'enclenche. L'horreur se fait donc beaucoup plus concrète : l'humanité se révèle être une espèce en danger, minée par une cinquième colonne et guettée par un prédateur ignoble. Plus que jamais, le dessin de Janjetov s'adapte à cette histoire dérangeante : les regards de June restent non focalisés, les bêtes surgissent au détour d'une case, et les monstres grouillent en filaments - des tentacules ? - d'aspect répugnant. C'est en fin de compte l'Univers tout entier qui est dangereux, comme on le percevait déjà dans le précédent album : l'espèce humaine a eu beaucoup de chance de pouvoir grandir sur une planète aussi bienveillante que la Terre.
On pourra regretter que le scénario cède à la facilité en invoquant la théorie des anciens cosmonautes pour justifier la présence d'artefacts d'origine humaine mais aussi d'êtres humains sur cette fausse planète Vera : celle-ci a été, dans un passé reculé, utilisée par une puissante civilisation d'êtres humanoïdes comme un avant-poste scientifique dédié à l'ouverture de portails quantiques dont l'un au moins s'est ouvert près de la Terre - mais hélas pour ces premiers explorateurs, l'irruption d'une menace cosmique a entraîné leur quasi-extinction. C'est le moment où l'auteur de SF doit dévoiler son jeu qui est souvent le plus dangereux pour l'oeuvre : après avoir procédé par ellipses, il faut parvenir à convaincre de la qualité de son schéma. Ici, la facilité mentionnée plus haut n'endommage toutefois pas un ensemble jusqu'ici très convaincant. Le propos de Centaurus est celui de la place négligeable de l'être humain dans l'écologie de l'Univers : il s'y trouve d'autres forces et d'autres entités qui le dépassent - mais qui éprouvent hélas pour lui un répugnant intérêt. Celui de la créature qui a in fine appâté ses proies humaines sur une planète truquée n'est-il bien que celui du prédateur ? Ce problème constitue maintenant tout l'enjeu de cette série - et son traitement relève de la responsabilité du ou des albums qui la compléteront...
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