Survivants tome 3
Il y a quelques années, je commençais mon suivi de la série Survivants de Leo : spin-off de son univers Les Mondes d'Aldébaran, ce cycle à part s'écartait quelque peu des pré-requis des cycles Aldébaran, Bételgeuse et Antarès en confrontant d'emblée l'être humain à des espèces extraterrestres dont certaines se révèlent hostiles. Avec l'ouverture de Retour sur Aldébaran qui comme son nom l'indique en revient à la continuité principale de l'univers, il était temps de regarder d'un œil nouveau l'ensemble de la série Survivants...
J'ai eu l'occasion de dire par le passé à quel point ce projet Survivants m'agaçait : à l'époque, le cycle Antarès donnait l'impression de patiner en recyclant des idées pas très neuves en SF - la fille hybride de Kim, par exemple - à tel point que je me demandais si le spin-off de Leo n'était pas un aveu de désintérêt pour sa série principale. Avec l'intercalation des parutions - une année Antarès, une année Survivants - la patience du lecteur était par ailleurs mise à rude épreuve. Si les délais de travail en BD franco-belge semblent incompressibles - on rappellera que Leo est, sur cette série, à la fois au pinceau et au stylo - et qu'un album par an correspond à une telle norme que le lecteur finit par l'accepter, voir l'auteur alterner son travail sur deux cycles distincts au sein de la même série est déjà moins agréable. Par ailleurs, le changement de perspective évoqué en introduction de cet article - avec une présence beaucoup plus marquée d'intelligences extraterrestres - me semblait parasiter le propos de Leo tel que nous le percevons depuis le début des Mondes d'Aldébaran. Un dernier élément venait enfin donner le coup de grâce à l'édifice de Survivants : la part considérable que le volet amoureux de l'intrigue venait occuper dans le temps fictionnel.
Ayant cessé de chroniquer ce spin-off, je n'ai pourtant pas cessé de le lire. Et je dois dire qu'à la lumière de ce qu'il s'est passé ensuite, j'aurais eu tort de m'en tenir au deuxième tome de Survivants. Du point de vue de la narration, l'établissement d'une réelle coopération avec les Holorans - des extraterrestres plus avancés que l'espèce humaine mais dont la technologie reste pourtant compréhensible - apporte au spin-off la dimension qui lui manque : au-delà des impératifs quotidiens de la survie, les enjeux deviennent pour les personnages ceux de l'évasion ou à défaut ceux de la construction d'une micro-société fonctionnelle. A ce jeu, la plupart des protagonistes humains sont prêts à jouer tandis que la tentation du repli individualiste est représentée par une simple minorité : l'ambition humaniste qui est celle de Leo dans Les Mondes d'Aldébaran revient ici par la petite porte, presque à retardement, et de telle façon que l'on s'en trouve enfin soulagés. Bien sûr, les motivations de certains protagonistes humains restent sentimentales : c'est par intérêt pour Manon qu'Alex va se porter volontaire pour partir à la chasse aux anomalies quantiques... et l'on regrettera une fois de plus l'abondance des pages où les personnages vont commenter leurs relations amoureuses, spéculer sur celles des autres et en fin de compte adapter leurs actions à ce qu'ils auront déduit de leurs cogitations... mais c'était déjà un travers de Leo dans la série toute entière avant même Survivants - et il n'y a somme toute pas plus d'histoires de cœur et de cul dans cet album qu'il n'y en a en moyenne dans n'importe quel album d'Aldébaran, de Bételgeuse ou d'Antarès : il serait donc malhonnête de reprocher à l'auteur ces pages, quel que soit leur nombre...
Alors que le lien entre Survivants et le reste de la série se révélait jusqu'ici plutôt ténu, quelques éléments - graphiques ou narratifs - rappellent au lecteur qu'il s'agit bel et bien d'un spin-off et que, d'une façon ou d'une autre, les personnages et l'intrigue sont appelés à s'insérer dans un ensemble plus vaste. La parabole qui pousse depuis la mer sera familière bien sûr aux lecteurs d'Aldébaran, tout comme ces animaux marins au corps triangulaire qui nagent vers le futur à travers une anomalie quantique domestiquée ; le vaisseau qui fait son apparition dans le ciel vers le deuxième tiers de l'album semble assez avancé pour appartenir à l'espèce avec laquelle Leo hybride Kim... Plus intéressante, peut-être, est cette rencontre que font certains des survivants avec ces animaux de trait qui évoquent des hommes de Néanderthal. On se rappelle alors du Lascaux extraterrestre entrevu dans le tome 4 d'Antarès : ne s'agit-il ici pour l'auteur que de donner à son lecteur un os à ronger sous la forme d'une fausse piste... ou bien y a-t-il quelque intention plus intéressante à la clé ? De toute évidence, avec la convergence entre Survivants et Antarès dans Retour sur Aldébaran, les mystères des deux cycles trouveront matière à s'éclaircir. C'est donc un troisième tome plus prometteur que les deux premiers que le lecteur découvre s'il a fait l'effort de continuer l'aventure au-delà de son début calamiteux : comme quoi, Leo sait ce qu'il fait - ou alors il a su corriger son tir. Qui sait ?
Résumé :
Manon et Alex ont voyagé vers le futur : un jour pour eux, six ans pour leurs amis ! Par chance, ces derniers se trouvent à nouveau dans les parages quand ils sortent de l'anomalie quantique et peuvent leur apprendre ce qu'il se passe sur cette planète où ils ont échoué après la destruction de leur astronef. Aidés par un groupe d'extraterrestres plus mûrs qu'eux-mêmes - les Holorans dont l'apparence évoque celle des félins de la Terre - le petit groupe de survivants plus tout à fait au complet va participer à une dangereuse mission. Il s'agit de comprendre quel phénomène est à l'origine des anomalies quantiques ayant piégé tant de représentants de races extraterrestres différentes sur cette planète maudite - et s'il serait possible d'en exploiter le secret pour s'évader... Mais à trop jouer avec les anomalies quantiques, les survivants ne risquent-ils pas encore une fois d'être séparés par les murs du temps ?
J'ai eu l'occasion de dire par le passé à quel point ce projet Survivants m'agaçait : à l'époque, le cycle Antarès donnait l'impression de patiner en recyclant des idées pas très neuves en SF - la fille hybride de Kim, par exemple - à tel point que je me demandais si le spin-off de Leo n'était pas un aveu de désintérêt pour sa série principale. Avec l'intercalation des parutions - une année Antarès, une année Survivants - la patience du lecteur était par ailleurs mise à rude épreuve. Si les délais de travail en BD franco-belge semblent incompressibles - on rappellera que Leo est, sur cette série, à la fois au pinceau et au stylo - et qu'un album par an correspond à une telle norme que le lecteur finit par l'accepter, voir l'auteur alterner son travail sur deux cycles distincts au sein de la même série est déjà moins agréable. Par ailleurs, le changement de perspective évoqué en introduction de cet article - avec une présence beaucoup plus marquée d'intelligences extraterrestres - me semblait parasiter le propos de Leo tel que nous le percevons depuis le début des Mondes d'Aldébaran. Un dernier élément venait enfin donner le coup de grâce à l'édifice de Survivants : la part considérable que le volet amoureux de l'intrigue venait occuper dans le temps fictionnel.
Ayant cessé de chroniquer ce spin-off, je n'ai pourtant pas cessé de le lire. Et je dois dire qu'à la lumière de ce qu'il s'est passé ensuite, j'aurais eu tort de m'en tenir au deuxième tome de Survivants. Du point de vue de la narration, l'établissement d'une réelle coopération avec les Holorans - des extraterrestres plus avancés que l'espèce humaine mais dont la technologie reste pourtant compréhensible - apporte au spin-off la dimension qui lui manque : au-delà des impératifs quotidiens de la survie, les enjeux deviennent pour les personnages ceux de l'évasion ou à défaut ceux de la construction d'une micro-société fonctionnelle. A ce jeu, la plupart des protagonistes humains sont prêts à jouer tandis que la tentation du repli individualiste est représentée par une simple minorité : l'ambition humaniste qui est celle de Leo dans Les Mondes d'Aldébaran revient ici par la petite porte, presque à retardement, et de telle façon que l'on s'en trouve enfin soulagés. Bien sûr, les motivations de certains protagonistes humains restent sentimentales : c'est par intérêt pour Manon qu'Alex va se porter volontaire pour partir à la chasse aux anomalies quantiques... et l'on regrettera une fois de plus l'abondance des pages où les personnages vont commenter leurs relations amoureuses, spéculer sur celles des autres et en fin de compte adapter leurs actions à ce qu'ils auront déduit de leurs cogitations... mais c'était déjà un travers de Leo dans la série toute entière avant même Survivants - et il n'y a somme toute pas plus d'histoires de cœur et de cul dans cet album qu'il n'y en a en moyenne dans n'importe quel album d'Aldébaran, de Bételgeuse ou d'Antarès : il serait donc malhonnête de reprocher à l'auteur ces pages, quel que soit leur nombre...
Alors que le lien entre Survivants et le reste de la série se révélait jusqu'ici plutôt ténu, quelques éléments - graphiques ou narratifs - rappellent au lecteur qu'il s'agit bel et bien d'un spin-off et que, d'une façon ou d'une autre, les personnages et l'intrigue sont appelés à s'insérer dans un ensemble plus vaste. La parabole qui pousse depuis la mer sera familière bien sûr aux lecteurs d'Aldébaran, tout comme ces animaux marins au corps triangulaire qui nagent vers le futur à travers une anomalie quantique domestiquée ; le vaisseau qui fait son apparition dans le ciel vers le deuxième tiers de l'album semble assez avancé pour appartenir à l'espèce avec laquelle Leo hybride Kim... Plus intéressante, peut-être, est cette rencontre que font certains des survivants avec ces animaux de trait qui évoquent des hommes de Néanderthal. On se rappelle alors du Lascaux extraterrestre entrevu dans le tome 4 d'Antarès : ne s'agit-il ici pour l'auteur que de donner à son lecteur un os à ronger sous la forme d'une fausse piste... ou bien y a-t-il quelque intention plus intéressante à la clé ? De toute évidence, avec la convergence entre Survivants et Antarès dans Retour sur Aldébaran, les mystères des deux cycles trouveront matière à s'éclaircir. C'est donc un troisième tome plus prometteur que les deux premiers que le lecteur découvre s'il a fait l'effort de continuer l'aventure au-delà de son début calamiteux : comme quoi, Leo sait ce qu'il fait - ou alors il a su corriger son tir. Qui sait ?
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