Survivants tome 4

Avant-dernier tome de la série Survivants, spin-off des Mondes d'Aldébaran de Leo, cet album annonce la couleur avec une couverture où les initiés reconnaîtront aussitôt une superstructure produite par une mantrisse...

Résumé : 

Le verdict astronomique est tombé, implacable et terrifiant : Manon, Alex et les deux Holorans ont fait un nouveau bond dans le temps lorsqu'ils sont passés à travers l'anomalie quantique, et sont désormais à 93 ans dans le futur ! Alors qu'ils s'apprêtent à rentrer à la maison, l'avion des Holorans survole la ville flottante des ravisseurs de Djamile : les étranges pieuvres amphibies ont elles aussi franchi la muraille du futur. Manon prend la décision de prêter main-forte aux Holorans dans leur expédition punitive, qu'Alex trouve désespérée puisqu'il s'agit d'arracher Djamile à une ville toute entière. A bord de la ville flottante, les attend un carnage sans nom, mais aussi leur amie et un de leurs compagnons disparu depuis longtemps. Séparés de Djamile et des Holorans, Manon et Alex vont devoir retourner seuls sur leur île... Resteront-ils isolés de toute civilisation bien longtemps ? Y a-t-il autre chose pour eux sur cette planète que la mort ou l'esclavage ?

Après un troisième tome beaucoup plus satisfaisant que les deux premiers, il s'agissait pour Leo de transformer l'essai en produisant un nouvel album qui parviendrait à rattacher pour de bon ce spin-off à l'univers de sa série principale tout en conservant les quelques spécificités révélées depuis le début de l'aventure. Sur le front du rattachement plus ferme aux Mondes d'Aldébaran, la présence d'une mantrisse - qui agissait déjà dans le tome précédent mais qui se manifeste avec décision dans celui-ci - joue le rôle de catalyseur. Manon et Alex, à savoir l'héroïne d'une trempe comparable à celle de Kim dans la série principale et son compagnon-narrateur, sont appelés à devenir des élus de la mantrisse et l'on se demande jusqu'à quel point l'accident spatial qui les a piégés sur cette planète mystérieuse n'a pas été provoqué par celle-ci. Les mantrisses auraient-elles quelque prescience de l'avenir ? Le fait qu'elles soient capables de manipuler à leur avantage les anomalies quantiques témoigne en tout cas de ce qu'elles sont beaucoup plus conscientes encore de l'univers qui les entoure qu'on ne l'imaginait au fil des albums d'Aldébaran et de Bételgeuse. L'intervention décisive d'une mantrisse dans cet album n'apparaît donc pas comme un deus ex machina mais plutôt comme une façon pour Leo d'apporter un éclairage inattendu sur une dimension encore mystérieuse de son univers.

Moins satisfaisante est l'exploitation qui est faite des spécificités de la série en elle-même. Depuis le début de Survivants, les personnages passent leur temps à tenter d'échapper à des animaux dangereux ou à des extraterrestres hostiles. Cet album ne renouvelle pas le schéma : ce ne sont pas les palpitantes scènes d'action des dix premières pages qui suffisent à donner l'impression que Leo produit quelque chose de nouveau. Somme toute, les personnages de Manon et d'Alex vivent au jour le jour depuis le début de leur aventure, sautant parfois vers le futur et s'éloignant d'autant plus de leur vie d'avant, mais cela ne fait pas autre chose que les rapprocher de leur rencontre avec la mantrisse - comme si leur seule raison d'être était d'en devenir les élus et d'être ainsi préparés à rencontrer Kim et son groupe. De fait, les personnages qui leur sont familiers vont, s'en vont, reviennent, ou meurent - chacun de leurs mouvements orientant l'univers en direction de la réalisation de leurs destins à eux. On retrouve ici un peu du voyage picaresque de Kim et de Marc dans les deux premiers albums d'Aldébaran - et c'est là que le bât blesse car Survivants cesse alors de chercher sa spécificité...

Somme toute, cet album laisse une impression mitigée : il ne remplit pas l'ensemble de ses objectifs, mais constitue pourtant un morceau important des Mondes d'Aldébaran... Reste à voir si le suivant saura tenir toutes les promesses de ce spin-off !