Aldébaran tome 3
A nouveau du Leo, et toujours dans le cadre des Mondes d'Aldébaran : je poursuis en effet mes chroniques des cinq albums du premier cycle de cette magnifique série de SF...
Résumé :
Cela fait trois ans que Marc Sorensen croupit derrière les barreaux. Arrêté pour avoir donné un coup de main à une fugitive recherchée par le gouvernement, il ne sait pas combien de temps il passera en prison - mais il sait qu'il vaut mieux ne pas trop attirer l'attention. Pourtant, une liberté précaire s'offre à lui quand une vieille connaissance neutralise ses gardes lors d'un chantier hors les murs. L'occasion pour lui de renouer avec des gens qu'il a connus - ou appris à connaître - dans cette autre vie qui a commencé peu de temps avant la destruction de son village. Pour quelle raison le vieux Pad a-t-il pris le risque de le faire s'évader ? Qui d'autre que le gouvernement pour s'intéresser tant à Driss et Alexa ? Et ces derniers, qui sont-ils au juste ?
En prison Marc a grandi et mûri, et pour bien le faire comprendre l'auteur a pris soin de transformer son visage : le jeune homme est toujours bien reconnaissable mais il n'a plus sa gueule d'ado, même si l'on est encore loin de lui trouver un visage buriné comme la vie de baroudeur qu'il mène devrait lui conférer. Le roman d'apprentissage que constituaient les deux premiers tomes du cycle Aldébaran est donc terminé : on entre ici dans le lourd, celui qui nécessite de dévoiler un peu plus les mystères de cet univers. Aldébaran est en effet encore mal explorée : l'équipe de biologistes qui a renseigné le fameux "catalogue" faunistique n'a pu terminer son oeuvre et certains animaux restent peu connus... et il se pourrait même que certains d'entre eux ne soient que des stades au cours de l'existence d'une seule forme de vie métamorphe, qu'Alexa et Driss appellent "mantrisse". A ce moment précis de l'intrigue, Marc et Kim ne connaissent presque rien de cette créature : tout ce qu'ils en savent c'est qu'elle est la responsable de la catastrophe qui les a jetés sur les routes. Leur participation à la quête sera donc indirecte pour le moment, car certains autres personnages d'influence veulent résoudre l'énigme que constituent Alexa et Driss, et pour cela Marc et Kim - les seuls qui les ont vus en vrai - sont intéressants : ils peuvent les identifier...
Le précédent album était contemplatif, mais offrait une visite bienvenue de l'écosystème d'Aldébaran dans toute sa diversité. Celui-ci offre un peu plus de variété d'action, mais permet surtout de mieux comprendre la nature totalitaire du gouvernement de cette colonie perdue puisqu'à la faveur de quelques rencontres ou retrouvailles, le lecteur prend conscience des bases viciées de cette société isolée. Sur Aldébaran, l'Etat est policier, mais ceux qui contrôlent la police ne sont autres que des prêtres dans la hiérarchie desquels l'inquiétant Loomis occupe une place toute proche du sommet. Sur Aldébaran, la survie dépend de la fécondité, si bien que le slogan gouvernemental incite les femmes à produire pas moins de huit enfants - et lorsque Marc retrouve Nellie qu'il aimait tant, c'est pour la découvrir encombrée de deux enfants en bas âge sans compter le polichinelle dans le tiroir... Le système politique broie les individus - comme Kim et Marc en ont fait l'expérience - mais il broie aussi le lien social et la culture. C'est donc un état des lieux très sombre que nous livre Leo dans cet album de transition : la fin du cycle devra s'organiser autour des deux axes qui ont été ainsi définis, à savoir celui de l'énigme extraterrestre, et celui de la lutte qui va s'amorcer contre le gouvernement corrompu d'Aldébaran...
Avec ce troisième album, Leo confirme l'intérêt de sa propre série. Aldébaran n'est pas terminée que l'on peut déjà comprendre le succès qu'elle a rencontré : bravo !
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