Kenya tome 2

J'ai commencé il y a quelques temps à chroniquer la série Kenya signée Leo et Rodolphe : ceci est le second tome de cette série de SF.

Résumé : 

L'enquête que Kathy a commencée progresse grâce à un témoignage de première main : l'écrivain Remington a découvert dans la savane du Kenya une bête préhistorique occupée à brouter un arbre en compagnie de deux girafes ! Enragé à l'idée de ramener un trophée aussi extraordinaire à lui tout seul, Remington a détruit sa radio - puis Tom, le seul revenu de l'expédition, a été le témoin d'événements effrayants. Pour Kathy, le moment est venu de partir dans la brousse et d'essayer de retrouver les traces du safari de Remington, histoire de voir s'il n'y aurait pas d'autres indices du passage des soucoupes volantes que Tom a décrites... Mais sur place, de nouvelles énigmes les attendent : n'y a-t-il pas autre chose que ces animaux préhistoriques sur les contreforts du Kilimandjaro ?

Suite à un premier album que j'avais trouvé un peu long, il fallait que les auteurs démarrent leur histoire de façon décisive. Le safari de Remington et ses conséquences étonnantes sert de fil rouge à ce récit : quelque part dans la brousse, l'écrivain mégalomane a débusqué une proie qui n'est pas la sienne. L'homme est présenté ici comme insupportable, presque inhumain et en tout cas dévoré par son propre hybris de chasseur : magnifique portrait d'homme blanc venu tout armé sur un continent qui n'est pas le sien et déterminé à y conquérir sa gloire, prouvant ainsi qu'être issu d'un pays émancipé n'interdit pas de se sentir en terrain conquis aux colonies ! Kathy quant à elle se révèle moins haute en couleurs : il est vrai que l'espionnage est son métier, ce qui ne laisse de place à l'extravagance que chez 007... Mais comme on est chez Leo, le lecteur aura malgré tout une nouvelle occasion de découvrir la couleur et l'apparence de ses sous-vêtements !

Le portrait colonial, coloré mais amer, ne fait toutefois pas le propos de cet album. Cette fois-ci, l'intrigue se fait inquiétante : les animaux préhistoriques - ou inconnus - se font menaçants, et ils ont tendance à se dissimuler au beau milieu de ce qui est connu et identifié... quand ce n'est pas à l'intérieur ! Dérangeantes cases où, au beau milieu d'une scène ou d'un attroupement banal, se trouve un animal aberrant ou dont le lecteur sait qu'il ne peut pas se trouver là où il se trouve... Leo et Rodolphe jouent ici avec nos nerfs, infiltrant - presque de façon borgésienne ! - l'horreur au cœur de leur narration, parvenant même à le faire au détour d'une scène humoristique. Et cela marche avec une réelle efficacité : on suit avec attention les deux fils d'intrigue, lesquels ne sont pas tout à fait parallèles puisque l'un justifie l'autre. L'album se termine par une récapitulation fort bienvenue, avec un retour de Kathy à Londres où sa découverte stupéfiante va éveiller de nouveaux questionnements : les soucoupes volantes sont-elles d'origine extraterrestre ou bien témoignent-elles d'une percée scientifique soviétique ? De toute évidence, la fin du cycle devra permettre aussi bien de lever cette indécision que de tirer toutes les conclusions pour les personnages : Leo et Rodolphe, après un album aussi réussi que celui-ci, auront fort à faire pour doubler la mise...